Alors que les urnes refroidissent à peine, la Géorgie se retrouve déjà plongée dans une crise post-électorale qui fait craindre le pire pour l’avenir démocratique du pays. Les rues de Tbilissi, la capitale, ont été le théâtre de violents affrontements entre manifestants pro-européens et forces de l’ordre, résultant en pas moins de 40 arrestations. Un bilan lourd qui illustre les profondes fractures qui divisent la société géorgienne.
Un scrutin sous haute tension
Les élections législatives, qui se sont tenues le week-end dernier, étaient déjà placées sous le signe de la controverse. L’opposition accusait le gouvernement, dominé par le parti Rêve géorgien, de dérive autoritaire et de vouloir éloigner le pays de ses aspirations européennes. Des soupçons de fraude électorale sont rapidement venus s’ajouter à ce climat délétère.
Dès l’annonce des résultats donnant une large avance au pouvoir en place, des milliers de Géorgiens sont descendus dans la rue pour crier leur colère et leur sentiment de trahison démocratique. Parmi les slogans brandis par la foule, on pouvait lire « L’Europe est notre avenir » ou encore « Non au retour dans le giron russe », reflétant les tiraillements géopolitiques du pays.
Répression policière et accusations croisées
Face à des manifestants déterminés à en découdre, la réponse des autorités n’a pas tardé. Matraques, gaz lacrymogènes et canons à eau ont été déployés pour disperser les rassemblements, donnant lieu à des scènes de chaos rarement vues dans la capitale géorgienne. Les 40 arrestations effectuées ont été vivement dénoncées par les leaders de l’opposition, qui y voient une tentative de museler toute contestation.
De son côté, le gouvernement a accusé les manifestants de vouloir déstabiliser le pays et de servir des intérêts étrangers. Une rhétorique qui n’est pas sans rappeler celle employée par le Kremlin pour discréditer les mouvements de protestation. Beaucoup y voient un signe inquiétant du rapprochement en cours entre Tbilissi et Moscou, au détriment des liens avec l’Union européenne.
La situation est explosive, nous sommes au bord d’une crise majeure. Le gouvernement doit entendre la voix du peuple et cesser sa répression aveugle.
Une figure de l’opposition géorgienne
L’avenir européen de la Géorgie en suspens
Au cœur de cette crise, c’est bien la question de l’ancrage européen de la Géorgie qui se joue. Le gouvernement a récemment suspendu plusieurs réformes clés qui devaient rapprocher le pays des standards démocratiques de l’UE, suscitant l’inquiétude à Bruxelles. Beaucoup craignent qu’un virage autoritaire ne compromette durablement les chances de la Géorgie de rejoindre un jour l’Union.
Face à ces tensions, la communauté internationale retient son souffle. L’UE et les États-Unis ont appelé au calme et au respect de l’état de droit, tout en mettant en garde contre toute ingérence extérieure. Moscou, de son côté, observe la situation avec un intérêt non dissimulé, voyant dans cette crise une opportunité de regagner en influence dans cette ex-république soviétique.
Une chose est sûre : l’avenir de la Géorgie est plus que jamais en jeu. Entre aspirations démocratiques et tentations autoritaires, le pays est à la croisée des chemins. La façon dont cette crise sera gérée dans les prochains jours sera décisive pour déterminer quelle voie la Géorgie empruntera. Le peuple géorgien, lui, semble avoir fait son choix : celui de l’Europe et de la liberté. Reste à savoir si ses dirigeants l’ont entendu.