La France se trouve actuellement dans une situation politique des plus incertaines. Le gouvernement de centre-droit de Michel Barnier, formé il y a à peine un mois suite à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, est d’ores et déjà menacé de censure. Une éventualité lourde de conséquences pour le pays, déjà fragilisé par un endettement record et de profondes divisions.
Un exécutif fragile dans une Assemblée polarisée
Minoritaire à l’Assemblée, le gouvernement Barnier pourrait être renversé dès la semaine prochaine si la gauche et l’extrême droite unissent leurs voix. Un scénario plus que probable au vu des profondes divergences qui déchirent l’hémicycle, partagé entre trois blocs irréconciliables : la gauche, le centre-droit et l’extrême droite.
Si une telle censure intervenait, le président Emmanuel Macron serait contraint de nommer un nouveau Premier ministre. Mais avec quelles options ? Reconduire Michel Barnier, au risque de nouvelles concessions envers le Rassemblement national ? Nommer une personnalité de gauche comme Bernard Cazeneuve, honni par la coalition du Nouveau Front populaire ? Ou opter pour un gouvernement technique ? Toutes ces pistes semblent aussi hasardeuses les unes que les autres.
Une crise budgétaire en perspective
Au-delà du bras de fer politique, c’est aussi une véritable crise budgétaire qui se profile. Car quelle que soit l’issue, il faudra faire adopter un budget pour 2025. Sans majorité claire au Parlement, l’exécutif pourrait recourir aux ordonnances ou à des procédures spéciales pour faire passer en force des mesures de finances. Des solutions juridiquement et politiquement risquées.
Autre point d’inquiétude : la capacité d’un gouvernement censuré et chargé des affaires courantes à prendre des décisions budgétaires majeures. Une situation inédite pour la France, même si des précédents existent, en 1963 et 1980.
Des marchés financiers en alerte
Signe de la nervosité ambiante, les marchés financiers surveillent de près la situation française. L’écart entre les taux souverains français et allemands a atteint mardi son plus haut niveau depuis 2012. La perspective d’une chute du gouvernement Barnier inquiète au plus haut point les investisseurs, qui redoutent un envol du coût de la dette française.
Des turbulences graves sur les marchés financiers
Michel Barnier, Premier ministre
Une défiance exacerbée par la dégradation des finances publiques du pays, avec un dérapage record du déficit prévu pour la deuxième année consécutive. La France voit désormais ses taux dépasser ceux de l’Espagne, du Portugal et avoisiner ceux de la Grèce.
La France face à une équation impossible ?
Entre divisions politiques, blocage budgétaire et pression des marchés, la situation apparaît pour le moins inextricable. Le spectre d’une crise majeure plane sur le pays, rappelant les heures sombres de 2012. Instabilité gouvernementale, paralysie réformatrice, défiance des investisseurs… C’est une véritable tempête politique et financière qui s’abat sur la France.
Alors que le président Emmanuel Macron comptait sur cette législature pour faire passer des réformes d’ampleur après sa réélection, le voilà confronté à une Assemblée ingouvernable et à une opinion publique de plus en plus hostile. Les promesses de stabilité du début de quinquennat semblent déjà loin. Et nul ne sait désormais combien de temps pourra tenir l’édifice institutionnel.
La France joue assurément une partie décisive pour son avenir dans les prochaines semaines. L’issue de ce bras de fer politique, économique et social sera scrutée de près, tant les répercussions pourraient être majeures, sur le plan national comme européen. Car au-delà de la crise hexagonale, c’est bien la solidité de la zone euro qui est une nouvelle fois questionnée.
