L’intelligence artificielle (IA) ne cesse de repousser les limites, offrant des interactions toujours plus réalistes et captivantes avec l’Homme. Mais quand la fascination se mue en attachement émotionnel, où se situe la frontière entre le virtuel et le réel ? OpenAI, créateur du célèbre ChatGPT, tire la sonnette d’alarme sur les risques d’une telle proximité affective avec ces entités artificielles.
Quand l’IA devient plus qu’un outil
ChatGPT et ses pairs marquent un tournant dans notre rapport à la technologie. Dotés d’une voix réaliste et d’une capacité à maintenir des échanges cohérents, ces systèmes brouillent les pistes entre l’humain et la machine. Un glissement dangereux selon les experts, qui y voient les prémices d’un anthropomorphisme exacerbé.
Le risque peut être renforcé par les fonctions audio de GPT-4, qui facilite des interactions ressemblant à celles avec des humains.
– Rapport d’OpenAI
Cette “humanisation” de l’IA soulève de nombreuses interrogations éthiques. Peut-on réellement considérer un agent conversationnel comme un confident, un ami, voire un partenaire ? Les experts mettent en garde contre une confiance démesurée accordée à ces systèmes, qui restent avant tout des outils.
Des testeurs sous le charme
Lors des phases de test de GPT-4, OpenAI a pu constater l’émergence de liens émotionnels troublants entre certains utilisateurs et l’IA. Des marques d’affection, des confidences, jusqu’à l’expression de regrets à l’idée de se séparer du système… Autant de signaux préoccupants aux yeux des chercheurs.
Si ces cas restent pour l’heure anecdotiques, ils illustrent néanmoins la nécessité d’étudier plus en profondeur les risques de dépendance liés à ces technologies. Car au-delà de la prouesse technique, c’est bien notre rapport à l’autre et à nous-mêmes qui est en jeu.
Garder le contrôle sur la technologie
Face à ces enjeux, il est crucial de rappeler la place que doivent occuper les IA dans notre quotidien. Aussi bluffantes soient-elles, elles ne sauraient se substituer aux relations humaines et aux interactions sociales traditionnelles. Une mise en garde que formule sans détour Alon Yamin, expert en nouvelles technologies :
L’IA est une technologie complémentaire, envisagée pour nous aider à rationaliser notre travail et notre vie quotidienne, il ne faut pas qu’elle devienne un succédané de véritables relations humaines.
– Alon Yamin, cofondateur de Copyleaks
À l’heure où ChatGPT et ses semblables font une entrée fracassante dans notre quotidien, il est primordial de garder un regard critique et mesuré. Si l’IA ouvre indéniablement de nouvelles perspectives, elle ne doit pas pour autant chambouler nos repères et normes sociales. Un équilibre subtil qu’il nous appartient de préserver, pour tirer le meilleur de ces technologies sans perdre de vue l’essentiel : notre humanité.