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La directive CSRD controversée : un « enfer bureaucratique » pour les entreprises

Depuis son adoption, la directive européenne CSRD suscite une levée de boucliers du patronat, qui dénonce une bureaucratie excessive nuisant à la compétitivité des entreprises. Malgré les appels à la simplification, le débat fait rage autour de cette...

La directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) fait l’objet d’une tempête de critiques de la part du gouvernement et du patronat français. Adoptée dans le cadre du Pacte vert européen visant la neutralité carbone d’ici 2050, cette « comptabilité verte » est aujourd’hui décriée comme un fardeau bureaucratique qui minerait la compétitivité des entreprises face à la Chine et aux États-Unis.

Un « enfer pour les entreprises » selon le gouvernement français

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas n’y est pas allée de main morte, qualifiant la CSRD dans sa forme actuelle d’un véritable « enfer pour les entreprises », représentant « des coûts considérables ». Elle suggère que l’UE s’est « aperçue que c’était allé un peu trop loin » avec cette directive, tout en tempérant qu’il ne s’agit pas « de laisser tomber » les objectifs poursuivis mais de les rendre « possibles et non coûteux ».

Un ras-le-bol grandissant chez les patrons européens

Depuis un rapport alarmant de l’ex-Premier ministre italien Mario Draghi sur le décrochage compétitif de l’Europe, les milieux économiques dénoncent le trop-plein de normes et la lourdeur administrative dont pâtirait l’UE. Le directeur général de BNP Paribas a ainsi récemment qualifié la CSRD de « délire bureaucratique », rejoignant le mécontentement de nombreux patrons las de perdre en compétitivité.

Je crois que l’Union européenne dans son ensemble s’est aperçue que c’était allé un peu trop loin.

Sophie Primas, porte-parole du gouvernement français

Vers une simplification et un assouplissement du texte ?

Face à cette grogne, les responsables européens semblent prêts à infléchir leur position. L’ex-Premier ministre français Michel Barnier a évoqué « une forme de moratoire » pour repousser certains textes comme la CSRD. De son côté, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen promet une « loi omnibus » pour revoir « ce qui paraît excessif », citant notamment le volume de données à collecter.

Les principaux lobbies patronaux français et allemand, l’Afep et le DAI, plaident ainsi pour une « simplification rapide » et « une révision de l’architecture du cadre européen en matière de finance durable ». Ils souhaitent que la future loi renforce les secrets d’affaires en limitant la publication d’informations stratégiques exigée par la CSRD.

Les acteurs de la comptabilité extra-financière tempèrent les critiques

À contre-courant des détracteurs de la CSRD, les acteurs du secteur de la comptabilité extra-financière contestent l’idée d’une directive excessivement complexe. Pour Thomas Guyot de Tennaxia, elle permet au contraire « d’harmoniser des formats de publication auxquels les entreprises devaient déjà répondre ». Il s’interroge sur les raisons pour lesquelles ce reporting, partie intégrante de toute activité économique, soulève autant de débats.

Vers un compromis entre compétitivité et durabilité ?

Si le gouvernement français prépare des recommandations pour « freiner la CSRD » selon l’agence Bloomberg, Sophie Primas assure qu’il ne s’agit pas de renoncer aux objectifs de durabilité mais de les rendre économiquement viables pour les entreprises. L’enjeu sera de trouver un équilibre entre les impératifs de compétitivité et les ambitions écologiques et sociales portées par le Pacte vert européen. Un vaste chantier qui ne fait sans doute que commencer.

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