Dans moins d’un mois, les électeurs de la 8ème circonscription de Loire-Atlantique seront appelés aux urnes pour un scrutin législatif qui s’annonce particulièrement disputé. Au cœur de la bataille : Saint-Nazaire, cité portuaire et industrielle de 70 000 âmes, bastion historique de la gauche depuis près d’un siècle. Mais cette fois, le Rassemblement National entend bien faire tomber la forteresse socialiste et imposer un duel face au député sortant de la NUPES, Matthias Tavel. L’enjeu politique est de taille.
Le RN surfe sur ses bons scores
Fort de ses 22% aux élections européennes de 2024, le camp nationaliste a flairé la bonne affaire. À Saint-Nazaire, le RN talonne désormais le PS, qui n’a conservé la première place qu’avec 24% des voix. Et dans le reste de la circonscription, de Trignac à Savenay en passant par Montoir-de-Bretagne, le parti de Jordan Bardella est arrivé en tête presque partout. De quoi motiver les troupes lepénistes, bien décidées à croquer la “ville rouge”.
C’est la fin de la parenthèse néolibérale à Saint-Nazaire. L’élection d’Audrey Dufeu en 2022 a été une anomalie pour cette circonscription industrielle et populaire.
– Gauthier Bouchet, candidat RN
La NUPES veut sauver son siège
Du côté de la gauche, on refuse de céder à la sinistrose. Le député sortant Matthias Tavel part avec l’investiture de la NUPES et peut se prévaloir d’un bilan solide, lui qui avait dirigé la campagne de Manon Aubry aux Européennes. Mais il devra aussi composer avec la dissidence du socialiste Xavier Perrin, bien décidé à jouer les trouble-fêtes. Quant au parti présidentiel, sa candidate malheureuse de 2022 Audrey Dufeu tentera de rallumer la flamme, sans trop d’illusions.
Un duel RN/NUPES annoncé
Dans ce contexte, un duel RN/NUPES au second tour a tout du scénario le plus probable. Les états-majors des deux camps fourbissent leurs armes, espérant transformer l’essai dans un territoire qui condense tous les enjeux nationaux :
- Avenir des classes populaires et de l’industrie
- Précarité et accès aux services publics
- Immigration et identité
Si duel il y a, les habitants de Saint-Nazaire devront donc trancher entre deux projets de société radicalement opposés. D’un côté, le souverainisme décomplexé du RN. De l’autre, la ligne de gauche toute de la NUPES, taxée de “wokisme” par ses adversaires. Deux visions irréconciliables pour un scrutin qui s’annonce comme un référendum pour ou contre le “système”.
Les autres partis hors-jeu
Dans ce match politique à deux, les autres forces en présence semblent condamnées à jouer les seconds rôles, voire les figurants. Reconquête! et Debout la France, pourtant proches des thèses du RN, ont renoncé à présenter des candidats. Seuls Les Républicains maintiennent une liste menée par Florence Beuvelet, mais les déboires de l’investiture initiale d’Andréa Porcher illustrent la grande confusion qui règne à droite.
La nouvelle bataille de Saint-Nazaire
Quelle que soit l’issue des législatives, une chose est sûre : la bataille de Saint-Nazaire ne fait que commencer. Tous les partis ont déjà les yeux rivés sur les municipales de 2026, qui s’annoncent déjà comme “la mère de toutes les batailles”. En cas de victoire aux législatives, le RN espère surfer sur la dynamique pour ravir l’hôtel de ville et parachever sa conquête. Un scénario cauchemardesque pour la gauche locale. Histoire, fierté ouvrière, mobilisation citoyenne… Les nazairiens sauront-ils faire front, comme ils l’ont toujours fait ?
