Mardi, les rues de Nairobi ont été le théâtre de scènes chaotiques alors que la police kényane réprimait violemment une marche pacifique contre les féminicides. Gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires, la journée a été marquée par un déploiement massif des forces de l’ordre face à des manifestantes déterminées à faire entendre leur voix.
Une marée de femmes dans les rues de la capitale
Dès le matin, des centaines de femmes se sont rassemblées dans le centre des affaires de Nairobi, à l’appel de plusieurs organisations de défense des droits humains. Leur revendication : que le gouvernement agisse enfin contre les féminicides qui explosent dans le pays. Selon la Commission nationale kényane des droits de l’homme (KNCHR), pas moins de 97 meurtres de femmes ont été recensés au cours des trois derniers mois.
Pancartes et slogans contre l’inaction des autorités
Brandissant des pancartes et scandant des slogans comme « Honte à vous! » ou « Éduquez vos fils », les manifestantes ont progressivement grossi leurs rangs, déterminées à se faire entendre. Mais très vite, un important dispositif policier s’est déployé pour leur barrer la route.
La police tire des gaz lacrymogènes sur la foule
Alors que la marche se voulait pacifique, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à faire usage de la force. Des grenades lacrymogènes ont été tirées sur le cortège, provoquant mouvements de panique et dispersion des manifestantes. « Nous ne sommes pas violentes, nous sommes ici pour nous battre pour les droits des femmes », témoigne Akinyi, une participante aspergée de gaz.
De nombreuses arrestations arbitraires
Outre les tirs de gaz, la police a procédé à de nombreuses interpellations, ciblant notamment les femmes portant des t-shirts avec des slogans anti-féminicides selon des témoins. Plusieurs manifestantes ont été embarquées de force dans des véhicules, parfois en hurlant. Des scènes qui ont choqué l’opinion et suscité l’indignation des ONG.
Le gouvernement fait partie du problème. Il n’y a aucune raison d’envoyer des policiers armés contre des gens qui portent des pancartes.
Koneli, une manifestante de 38 ans
La société civile condamne la répression policière
Dans un communiqué conjoint, Amnesty International et la Law Society of Kenya ont vivement critiqué l’attitude des forces de l’ordre, y voyant « une attaque directe contre les principes démocratiques du Kenya et les droits de l’homme ». La répression de cette marche pacifique envoie selon elles un « message glaçant » aux citoyens.
Le président Ruto sommé d’agir
Face à l’ampleur des féminicides dans le pays, le président William Ruto avait récemment qualifié ces violences de « tragiques et inacceptables », appelant la société à s’attaquer au problème. Mais pour beaucoup, ces déclarations ne suffisent plus. Les organisations féministes exigent des mesures concrètes et des moyens pour endiguer ce fléau.
Les évènements de mardi à Nairobi témoignent de la gravité de la situation et du long chemin qu’il reste à parcourir pour faire reculer les violences faites aux femmes au Kenya. Malgré la répression, les manifestantes assurent qu’elles ne renonceront pas et continueront à se mobiliser jusqu’à ce que leurs voix soient entendues.