Imaginez la scène : deux hommes, deux générations, deux pays, mais une même conviction profonde sur l’immigration et la souveraineté. Mardi, à Londres, Jordan Bardella et Nigel Farage se sont rencontrés pour la première fois en tête-à-tête. Et le jeune président du Rassemblement National n’y est pas allé par quatre chemins.
Une rencontre qui marque un tournant
Ce n’était pas une simple visite de courtoisie. Jordan Bardella, 29 ans, leader du premier parti d’opposition en France, a traversé la Manche pour serrer la main de celui qu’il considère déjà comme le futur locataire du 10 Downing Street. Une prise de position forte, presque provocatrice, alors que les travaillistes de Keir Starmer sont encore au pouvoir.
À la sortie de cette entrevue, le patron du RN a publié un message clair sur X : ils ont parlé d’amitié franco-britannique, de prospérité économique et, surtout, de la nécessité de mettre fin à l’immigration massive. Des mots qui résonnent comme un programme commun.
« Nigel Farage sera le prochain Premier ministre »
C’est lors d’un podcast enregistré pour la BBC que Jordan Bardella a lâché la phrase qui fait aujourd’hui le tour des rédactions européennes. Une prédiction assumée, presque solennelle.
Je pense que Nigel Farage sera le prochain Premier ministre du Royaume-Uni. Il s’est battu toute sa vie pour défendre les intérêts de son pays et de son peuple.
Jordan Bardella
Pour le Français, l’ancien leader du Brexit incarne la voix libre et indépendante que les Britanniques attendent. Un discours qui colle parfaitement à l’ascension fulgurante de Reform UK dans les sondages.
Reform UK en tête : la colère britannique explose
Depuis plusieurs mois, le parti de Nigel Farage caracole en tête des intentions de vote. Un phénomène qui dépasse le simple effet Brexit. Les Britanniques reprochent au gouvernement Starmer son incapacité à endiguer les traversées illégales de la Manche, malgré les promesses de fermeté.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Plus de 30 000 traversées enregistrées en 2024
- Record historique de demandes d’asile
- Hôtels réquisitionnés partout sur le territoire
- Coût estimé à plusieurs milliards de livres par an
Dans ce contexte, Reform UK apparaît comme le seul parti à proposer une ligne claire : arrêt total de l’immigration illégale, sortie de la Convention européenne des droits de l’homme si nécessaire, et priorité absolue aux Britanniques.
Un passé compliqué, un présent réconcilié
Il faut rappeler que les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. Nigel Farage a longtemps pris ses distances avec le Front National puis le Rassemblement National. Il avait refusé de s’allier son groupe au Parlement européen avec celui de Marine Le Pen et qualifiait encore récemment le programme économique du RN de « désastreux ».
Pourtant, Jordan Bardella balaie ces anciennes tensions d’un revers de main.
C’est la politique. On a le droit d’évoluer, et mon parti a beaucoup évolué.
Une manière élégante de tourner la page. Car aujourd’hui, les deux hommes partagent la même analyse : l’immigration massive menace l’identité et la sécurité des nations européennes.
Vers une internationale des patriotes ?
L’entourage de Jordan Bardella décrit la rencontre comme « cordiale » et insiste sur un point : ces deux mouvements ont vocation, demain, à diriger deux grandes nations européennes. Une phrase lourde de sens.
Derrière les sourires de circonstance, on devine une stratégie plus large. Alors que Viktor Orbán en Hongrie, Giorgia Meloni en Italie ou Geert Wilders aux Pays-Bas incarnent déjà cette vague souverainiste victorieuse, l’idée d’une coordination informelle entre leaders patriotes prend corps.
Le message est clair : face à une Union européenne perçue comme trop laxiste sur les frontières, les peuples veulent reprendre la main.
Et la France dans tout ça ?
Cette visite intervient alors que le Rassemblement National domine tous les sondages en France en vue des européennes de 2029 et, surtout, de la présidentielle de 2027. Jordan Bardella, crédité de scores historiques chez les moins de 35 ans, se positionne comme le leader naturel de cette nouvelle génération souverainiste.
En rencontrant Farage, il s’offre une stature internationale. Il montre qu’il n’est plus seulement le jeune député européen de 23 ans d’autrefois, mais un responsable capable de discuter d’égal à égal avec ceux qui pourraient diriger les grandes nations demain.
Et il envoie un signal fort à l’Élysée : la question migratoire n’est pas qu’un sujet français. Elle concerne toute l’Europe. Et les solutions, selon lui, viendront des mouvements comme le sien et celui de Farage.
Prochain rendez-vous : 2029 ?
Les prochaines élections législatives britanniques n’auront lieu qu’en 2029 au plus tard. Mais déjà, les observateurs parient sur une percée historique de Reform UK. Certains parlent même d’une majorité absolue si la tendance se maintient.
Si Nigel Farage entrait à Downing Street et que, dans le même temps, le Rassemblement National conquérait l’Élysée ou Matignon, on assisterait à un basculement historique : deux des gouvernements souverainistes de part et d’autre de la Manche, pour la première fois depuis des décennies.
Une perspective qui fait frémir Bruxelles et les capitales progressistes. Mais qui, pour des millions d’électeurs, apparaît comme la seule réponse crédible à leurs inquiétudes quotidiennes.
La rencontre de Londres n’était peut-être qu’un début. Mais elle pourrait bien marquer le lancement d’une nouvelle ère politique en Europe.
Quand deux leaders qui incarnent le rejet de l’immigration incontrôlée se rencontrent, ce n’est jamais anodin. C’est le signe que le vent tourne, durablement.
Une chose est sûre : ce mardi de décembre 2025 entrera probablement dans les livres d’histoire politique. Non pas pour un accord signé ou une photo historique, mais pour une phrase. Celle d’un jeune Français de 29 ans affirmant, avec une assurance désarmante, que l’homme en face de lui dirigera bientôt le Royaume-Uni.
Et quand on connaît le parcours de Nigel Farage, on sait qu’il ne faut jamais parier contre lui.









