Un rebondissement surprenant vient d’avoir lieu dans l’affaire de l’étudiante iranienne arrêtée début novembre pour s’être publiquement dévêtue en signe de protestation. D’après les dernières déclarations des autorités judiciaires du pays, la jeune femme ne fera finalement l’objet d’aucune poursuite.
Cette annonce intervient après des semaines d’inquiétude quant au sort réservé à cette étudiante dont le geste courageux avait fait le tour du monde. Son action avait été largement saluée comme un symbole fort de résistance face à l’oppression du régime envers les femmes.
Pas de procédure judiciaire, confirme le porte-parole
Lors d’une conférence de presse ce mardi, Asghar Jahangir, le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, a déclaré qu’aucune procédure n’avait été engagée à l’encontre de la jeune femme. Il a précisé qu’après avoir été transférée à l’hôpital où un état de maladie avait été constaté, elle avait été remise à sa famille qui s’occupe actuellement d’elle.
Cette décision de ne pas poursuivre l’étudiante est d’autant plus étonnante que son geste avait été fermement condamné par les autorités iraniennes. Un ministre était même allé jusqu’à qualifier son comportement d’« immoral ».
Le transfert en hôpital psychiatrique qui avait inquiété
Quelques jours après son arrestation, l’information selon laquelle l’étudiante avait été transférée dans un « centre de soins spécialisés » avait suscité une vive inquiétude. Beaucoup y voyaient une tentative de faire passer son geste pour un acte de déséquilibre mental afin de décrédibiliser son combat.
Le régime iranien est coutumier de ce genre de méthodes visant à disqualifier et faire taire toute voix dissidente, en particulier lorsqu’il s’agit de femmes osant défier le système oppressif en place. Le spectre d’un enfermement psychiatrique forcé planait donc comme une menace.
Un revirement inattendu qui soulève des questions
L’abandon des poursuites judiciaires constitue ainsi un revirement aussi soudain qu’inattendu de la part de la justice iranienne. Cette décision interroge sur les raisons d’un tel retournement de situation.
S’agit-il d’un recul face à la pression internationale et à l’indignation suscitée par cette affaire ? Les autorités ont-elles préféré étouffer le dossier pour éviter d’en faire une martyre et un symbole encore plus puissant de la contestation ? Ou bien l’état de santé de l’étudiante est-il à ce point préoccupant qu’il rendrait toute poursuite impossible ?
Beaucoup s’inquiètent aussi des conditions dans lesquelles la jeune femme a été remise à sa famille. Certains craignent que cela ne soit en réalité qu’une assignation à résidence déguisée, la maintenant sous étroite surveillance et pression des autorités.
Un geste fort dans un contexte de répression féroce
Rappelons que le geste de cette étudiante intervenait dans le contexte de la révolte qui secoue l’Iran depuis la mort en détention de Mahsa Amini. Cette jeune femme de 22 ans avait été arrêtée pour un foulard mal ajusté par la tristement célèbre police des mœurs.
Depuis, les manifestations dénonçant la répression et réclamant plus de libertés, notamment pour les femmes, se succèdent malgré la répression sanglante. Le régime iranien tente par tous les moyens de mater cette contestation inédite par son ampleur et sa durée.
Dans ce climat de terreur, le geste de l’étudiante apparaissait comme un défi lancé à la face du pouvoir, un refus courageux de se soumettre aux diktats liberticides. En se dévêtant publiquement, elle faisait voler en éclats les codes vestimentaires imposés aux femmes et affirmait leur droit à disposer de leurs corps.
Une lueur d’espoir malgré les incertitudes
Si le dénouement judiciaire de cette affaire constitue un soulagement, le sort de cette étudiante reste incertain. On ignore dans quel état physique et psychologique elle se trouve réellement après ces semaines éprouvantes.
Plus largement, cette histoire individuelle s’inscrit dans le combat courageux et désespéré de toute une partie de la société iranienne, et particulièrement de sa jeunesse, pour plus de justice et de liberté. Les femmes sont en première ligne de cette lutte, prêtes à en payer le prix fort.
Le fait que la justice ait renoncé à poursuivre cette étudiante est peut-être le signe d’une fêlure dans la détermination du régime à écraser toute contestation. Une lueur d’espoir, aussi fragile soit-elle, pour tous ceux qui rêvent d’un Iran libre.