Le pire a été évité mais les dégâts sont considérables. Lundi soir vers 20h, un impressionnant incendie s’est déclenché au sein de l’usine de recyclage Paprec, située dans la zone industrielle nord d’Amiens. D’après les premiers éléments, le feu aurait pris dans un entrepôt de 11 000 m² abritant des déchets plastiques et des cartons destinés à être recyclés. Très vite, les flammes se sont propagées, embrasant la structure et menaçant de gagner les bâtiments voisins.
125 pompiers mobilisés pour circonscrire le sinistre
Face à l’ampleur de l’incendie, d’importants moyens ont été déployés par les secours. Selon la préfecture de la Somme, pas moins de 125 sapeurs-pompiers appuyés par 45 véhicules ont lutté une bonne partie de la nuit pour tenter de maîtriser les flammes. Une tâche rendue particulièrement ardue par la nature hautement inflammable des matériaux entreposés. Comme le souligne une source proche de l’intervention, il a fallu « déployer de nombreuses lances pour contenir le feu et éviter qu’il ne se propage aux 9000 m² de bâtiments adjacents« .
Fort heureusement, malgré la violence de l’incendie, on ne déplore aucune victime. Les deux employés présents au moment du départ de feu ont pu être évacués à temps et mis en sécurité. « Plus de peur que de mal sur le plan humain« , souffle un responsable des pompiers, « mais les dégâts matériels sont très importants« .
Une situation maîtrisée au petit matin
Il aura fallu de longues heures d’efforts acharnés pour finalement circonscrire l’incendie. Ce n’est qu’au petit matin, mardi, que les soldats du feu sont parvenus à maîtriser la situation, au prix d’une nuit blanche et de millions de litres d’eau déversés. L’entrepôt de 11 000 m², lui, n’est plus qu’un amas de tôles noircies et enchevêtrées, dévoré par les flammes. Un triste spectacle pour les quelque 60 salariés du site qui ont assisté, impuissants, au brasier.
On a vu un énorme panache de fumée s’élever et les flammes s’attaquer au bâtiment. Ça a été très impressionnant, surtout quand un morceau de la charpente s’est effondré dans un bruit assourdissant.
témoigne un employé encore sous le choc
Des interrogations sur l’origine du sinistre
Si le soulagement domine chez les autorités et la direction de Paprec quant au bilan humain, de nombreuses questions demeurent sur les causes de cet incendie dévastateur. Pour l’heure, de sources proches de l’enquête, aucune piste n’est écartée, qu’il s’agisse d’un accident ou d’un possible acte de malveillance. Les techniciens en investigation criminelle et les experts vont procéder à de minutieuses constatations pour tenter de faire la lumière sur l’origine du sinistre.
L’autre interrogation concerne la nature et la toxicité potentielle des fumées qui se sont échappées. Les pompiers ont procédé sur place à des prélèvements et analyses, notamment sur les résidus de plastique calcinés. Les premiers résultats se veulent « plutôt rassurants » selon la préfecture, qui promet néanmoins « une grande vigilance » dans le suivi environnemental.
Un coup dur pour le géant français du recyclage
Au-delà des dommages matériels, cet incendie représente un véritable coup dur pour le groupe Paprec, leader français et numéro 3 européen du recyclage. Le site amiénois était un maillon-clé de son dispositif, traitant chaque année des dizaines de milliers de tonnes de plastiques et de cartons issus des collectes sélectives.
Sa destruction partielle va inévitablement perturber la chaîne logistique et obliger Paprec à trouver des solutions de repli en urgence pour honorer ses engagements. Le groupe assure qu’il « mettra tout en œuvre pour limiter l’impact de ce sinistre sur ses clients et partenaires« . Il va aussi devoir panser ses plaies financières, même si l’on imagine que les dégâts sont couverts par les assurances.
Les leçons à tirer en termes de sécurité
Au-delà du choc et des conséquences économiques, cet incendie majeur chez Paprec pousse à s’interroger sur la sécurisation des installations industrielles sensibles. Le groupe, connu pour son engagement en faveur de l’économie circulaire et de l’environnement, va devoir tirer les leçons de ce drame.
Des audits vont probablement être menés pour évaluer les dispositifs de prévention et d’intervention en cas de départ de feu. La rapidité avec laquelle les flammes se sont propagées questionne en effet sur l’efficacité des systèmes d’alerte, des compartimentages et des moyens de première intervention.
Il est certain que les conclusions de l’enquête sur l’incendie d’Amiens seront scrutées avec attention, non seulement par Paprec mais par tout le secteur du recyclage. Car au-delà de l’émotion et de la sidération provoquées par le sinistre, il importe de tout mettre en œuvre pour que ce type de scénario catastrophe ne se reproduise plus. En jeu, la sécurité des travailleurs, la protection de l’outil industriel et la capacité de la filière à remplir sa mission écologique essentielle.