La Hongrie traverse une période économique tumultueuse, et le Premier ministre Viktor Orban vient de prendre une décision qui suscite des inquiétudes : il a nommé son fidèle ministre des Finances, Mihaly Varga, à la tête de la banque centrale du pays. Ce changement intervient dans un contexte déjà tendu, où la Hongrie fait face à une récession et à un gel des fonds européens en raison de problèmes liés à l’État de droit.
Un choix qui soulève des questions sur l’indépendance de la banque centrale
La nomination de Mihaly Varga, un homme politique de 59 ans et membre fondateur du parti au pouvoir, le Fidesz, ne passe pas inaperçue. Bien que Viktor Orban vante son expérience et son sang-froid, certains s’inquiètent de l’indépendance de l’institution face au pouvoir politique.
György Matolcsy, l’actuel gouverneur de la banque centrale qui achèvera son second mandat en mars prochain, avait déjà suscité des inquiétudes similaires lors de sa nomination en raison de sa proximité avec le Premier ministre. Cependant, il a pris ses distances ces dernières années, critiquant notamment certaines mesures gouvernementales comme le plafonnement des prix des denrées alimentaires de base.
Une économie hongroise en difficulté
Le changement à la tête de la banque centrale intervient alors que l’économie hongroise traverse une passe difficile. Le pays a enregistré une contraction du PIB de 0,7% au troisième trimestre, après un repli au deuxième. Il affiche l’une des plus mauvaises performances de l’Union européenne.
Cette situation est aggravée par le gel d’environ 20 milliards d’euros de fonds structurels et de relance européens, Bruxelles pointant du doigt le non-respect de l’État de droit en Hongrie. De plus, le pays fait l’objet d’une procédure pour son déficit public, attendu à 5,4% du PIB en 2024, bien au-delà de la limite fixée à 3% par le Pacte de stabilité.
L’inflation, un autre défi majeur
Mihaly Varga devra également faire face au problème de l’inflation. Selon György Matolcsy, le plafonnement des prix des denrées alimentaires de base, en vigueur de février 2022 à juillet 2023, aurait gonflé l’inflation de trois à quatre points de pourcentage en poussant les commerçants à augmenter les prix des autres biens.
Ce déclassement économique a contribué à faire chuter le parti au pouvoir dans les sondages, une première en quatorze années de règne. La nouvelle formation d’un dissident, Peter Magyar, est donnée gagnante en cas d’élection.
Vers un redressement économique ?
Viktor Orban espère un redressement grâce à un nouveau « système de gestion » dont il entend dévoiler les grandes lignes le mois prochain. Cependant, les défis sont nombreux pour la Hongrie, membre de l’UE depuis 2004 mais toujours en marge de la zone euro.
La nomination de Mihaly Varga à la tête de la banque centrale soulève donc de nombreuses questions. Saura-t-il maintenir l’indépendance de l’institution face au pouvoir politique ? Parviendra-t-il à redresser l’économie hongroise et à restaurer la confiance des investisseurs et des partenaires européens ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la tâche s’annonce ardue.