L’Ouganda est endeuillé après une série de glissements de terrain qui ont ravagé l’est du pays, faisant un nombre croissant de victimes. Selon un nouveau bilan provisoire communiqué par la Croix-Rouge, au moins 20 personnes ont perdu la vie dans cette catastrophe naturelle d’une ampleur inédite. Mais le pire est à craindre, car plus d’une centaine de personnes sont toujours portées disparues.
Tout a commencé il y a quelques jours, lorsque des pluies d’une intensité exceptionnelle se sont abattues sur la région. Face à cette situation alarmante, le bureau du Premier ministre a rapidement émis une « alerte catastrophe », conscient des risques encourus par la population. Malheureusement, leurs craintes se sont vite concrétisées.
Le District de Bulambuli Durement Touché
C’est dans le district oriental de Bulambuli, situé à environ 300 km de la capitale Kampala, que le drame a pris toute son ampleur. Pas moins de cinq villages ont été littéralement engloutis sous des coulées de boue et de terre, ne laissant que peu de chances aux habitants de s’en sortir indemnes. La Croix-Rouge fait état de 19 corps retrouvés, auxquels s’ajoute le décès d’un survivant à l’hôpital, portant le bilan à 20 morts.
Mais ce chiffre pourrait encore grimper de façon vertigineuse dans les prochaines heures et les prochains jours. Car selon la responsable du district Faheera Mpalanyi, le nombre de disparus dépasse la centaine. Cette dernière se montre très pessimiste quant à leurs chances de survie :
Le nombre de disparus dépasse la centaine et ce serait un miracle que certains d’entre eux soient en vie
Faheera Mpalanyi, responsable du district de Bulambuli
Des Opérations de Secours Rendues Difficiles
Dès l’annonce de la catastrophe, des équipes de secours ont été dépêchées sur place pour tenter de retrouver d’éventuels survivants. Mais leur tâche s’annonce titanesque. En effet, les ponts ayant été emportés par les flots, l’accès aux villages touchés est extrêmement compliqué. L’équipement peine à atteindre les zones sinistrées, rendant le travail des sauveteurs encore plus ardu.
À Masugu, l’un des villages touchés, les habitants n’ont d’autre choix que de chercher eux-mêmes les corps de leurs proches, disparuscsous d’épaisses couches de boue. Armés de simples outils agricoles, ils creusent sans relâche dans l’espoir de retrouver un père, une mère, un enfant…
Le Gouvernement Promet Son Soutien
Face à l’ampleur du drame, la Première ministre Robinah Nabbanja s’est rendue sur les lieux du drame ce vendredi. Selon Faheera Mpalanyi, elle a tenu à apporter son soutien aux familles endeuillées, leur assurant que le gouvernement mettrait tout en œuvre pour retrouver les disparus et offrir des funérailles dignes aux victimes.
Un élu local, Ignitius Wamakuyi Midumi, ne cache pas son désarroi face à cette tragédie sans précédent :
C’est un désastre d’une ampleur inimaginable
Ignitius Wamakuyi Midumi, élu de Bulambuli
Selon lui, le bilan pourrait même être encore plus lourd que ce qui est annoncé officiellement, certains habitants faisant état de 34 morts confirmés.
L’Ouganda, Habitué des Glissements de Terrain Meurtriers
Malheureusement, l’Ouganda n’en est pas à son coup d’essai en matière de glissements de terrain. En février 2010, une catastrophe similaire avait déjà endeuillé le pays, faisant plus de 350 morts dans le district de Bududa, non loin de la zone actuellement touchée. Un terrible record qui pourrait bien être battu au vu de la situation actuelle.
Et les intempéries qui frappent le pays ne se limitent pas à l’est. Dans le nord-ouest, c’est la rivière Tangi, un affluent du Nil Blanc, qui est sortie de son lit, coupant notamment une route stratégique menant au Soudan du Sud. Un ingénieur qui participait aux opérations de secours a même perdu la vie, emporté par les flots.
Selon les experts, ces événements climatiques extrêmes qui touchent l’Afrique de l’Est seraient aggravés par le phénomène El Niño. Lors de la précédente saison des pluies, entre mars et mai, au moins deux personnes avaient déjà perdu la vie en Ouganda. Au Kenya voisin, le bilan était encore plus lourd : 228 morts, 72 disparus et plus de 200 000 déplacés.
Une Catastrophe qui Pose Question
Au-delà de l’émotion suscitée par ce drame, cette nouvelle catastrophe soulève de nombreuses questions. Comment un pays peut-il encore être autant vulnérable face aux aléas climatiques, plus de 10 ans après avoir vécu un drame similaire ? Les autorités ont-elles pris les mesures nécessaires en termes de prévention et d’aménagement du territoire ? Les populations ont-elles été suffisamment sensibilisées aux risques ?
Autant d’interrogations qui devront trouver des réponses dans les semaines et les mois à venir. Car au-delà de la gestion de crise, c’est bien d’une véritable politique de long terme dont l’Ouganda a besoin pour faire face à ces phénomènes climatiques qui risquent de se multiplier à l’avenir. Il en va de la sécurité et de la survie de milliers de citoyens.
En attendant, toutes les pensées vont aux victimes et à leurs familles. Dans ce moment de deuil national, le peuple ougandais doit faire preuve d’unité et de solidarité pour surmonter cette terrible épreuve. Et la communauté internationale se doit d’apporter tout son soutien à ce pays meurtri, tant sur le plan humanitaire que dans la réflexion sur les défis climatiques du futur.