En Géorgie, un vent de révolte souffle. Les manifestations pro-européennes qui secouent le pays depuis deux jours ont pris un tournant dramatique, avec une centaine d’arrestations et de violents affrontements entre les protestataires et les forces de l’ordre. Au cœur de cette crise, la décision controversée du gouvernement de reporter les discussions sur l’adhésion à l’Union européenne, un objectif pourtant cher à cette ex-république soviétique.
Une répression policière brutale
Gaz lacrymogène, canons à eau, arrestations massives… Les autorités géorgiennes n’ont pas hésité à employer la manière forte pour réprimer le mouvement de contestation. Selon le ministère de l’Intérieur, 107 personnes ont été interpellées vendredi soir pour « désobéissance aux ordres de la police » et « hooliganisme ». Dix policiers auraient également été blessés par des projectiles lancés par les manifestants.
Une journaliste de la chaîne indépendante Pirveli, battue avec son caméraman par les forces de l’ordre, a même dû être hospitalisée. Des scènes de violences qui témoignent de la détermination du pouvoir à étouffer toute dissidence, comme le dénonce Amnesty International.
Un recul démocratique alarmant
Pour beaucoup d’observateurs, cette dérive autoritaire du gouvernement de Rêve géorgien, accusé de vouloir se rapprocher de Moscou, est extrêmement préoccupante. La Géorgie avait pourtant obtenu en décembre dernier le statut officiel de candidat à l’adhésion à l’UE. Mais depuis, Bruxelles a gelé le processus, pointant du doigt un grave recul démocratique.
Le Conseil de l’Europe a condamné la « répression brutale des manifestations », en s’alarmant de la décision du gouvernement de suspendre ses négociations avec l’UE.
La présidente appelle à de nouvelles élections
Face à cette crise, la présidente Salomé Zourabichvili, dont les pouvoirs sont pourtant limités, a pris position en faveur des manifestants. Contestant comme l’opposition les résultats des législatives d’octobre dernier, entachées selon elle de fraudes, elle exige l’organisation de nouvelles élections et promet de rester « unie » jusqu’à ce que la Géorgie « revienne sur la voie européenne ».
Un appel pour l’instant peu suivi d’effets, alors que les députés viennent de confirmer le Premier ministre Irakli Kobakhidzé, accusé de vouloir plaire à Moscou. Ce dernier a balayé la résolution du Parlement européen rejetant les résultats électoraux et exigeant un nouveau scrutin sous supervision internationale, dénonçant un « chantage ».
Un avenir européen en péril
Pour les milliers de Géorgiens descendus dans les rues de Tbilissi et d’autres villes du pays, le report à 2028 des négociations d’intégration dans l’UE est vécu comme une véritable trahison. Beaucoup craignent que leur rêve européen ne s’éloigne définitivement, au profit d’un rapprochement avec la Russie.
L’Ukraine, qui avait elle-même connu en 2014 une révolution pro-européenne, a dénoncé une « limitation des processus démocratiques » opérée par les autorités géorgiennes « pour plaire à Moscou ».
Malgré la répression, le mouvement de résistance ne faiblit pas. Les manifestants pro-européens promettent de continuer à se mobiliser jusqu’à ce que leurs aspirations soient entendues. Mais face à un pouvoir qui semble décidé à verrouiller le jeu démocratique, l’issue de cette crise politique majeure apparaît plus incertaine que jamais. L’avenir européen de la Géorgie est aujourd’hui sérieusement menacé.