C’est un dossier vieux de quatre décennies qui refait surface devant la justice française. Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais propalestinien âgé de 73 ans, voit une nouvelle fois son sort en suspens. Détenu en France depuis 1984 pour complicité dans l’assassinat d’un diplomate américain et d’un diplomate israélien, il est aujourd’hui au cœur d’un débat passionné. Pour certains, il reste un « terroriste » aux convictions idéologiques « intactes ». Pour d’autres, il est devenu un « prisonnier politique », incarcéré depuis bien trop longtemps.
Le plus vieux détenu de France
Avec ses 40 années passées derrière les barreaux, Georges Abdallah détient le triste record de la plus longue détention en France. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987, il est théoriquement libérable depuis 1999, soit un quart de siècle. Pourtant, ses huit précédentes demandes de libération conditionnelle ont toutes été rejetées. Une seule, en 2013, avait été acceptée sous réserve d’un arrêté d’expulsion, que le gouvernement n’a finalement jamais signé.
Mais en novembre dernier, le tribunal d’application des peines antiterroriste a pris une décision inédite. Il a autorisé la libération de Georges Abdallah, à condition que ce dernier retourne au Liban, pays prêt à l’accueillir. Une décision immédiatement suspendue par l’appel du parquet antiterroriste. C’est donc la cour d’appel de Paris qui examine ce jeudi 18 mai la demande de remise en liberté du septuagénaire.
Un cas unique dans l’histoire judiciaire française
Le cas de Georges Abdallah est à bien des égards exceptionnel. Cofondateur dans les années 80 des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), groupuscule d’obédience marxiste, il est considéré comme le « dernier vestige » de « l’activisme violent de l’ultra gauche » libanaise et palestinienne. Un activisme qui, selon la justice, n’a été « à l’origine d’aucun attentat en France ni ailleurs depuis 1984 ».
Malgré les faits qui lui sont reprochés, le comportement du détenu est décrit comme « irréprochable » depuis des décennies. Sa dangerosité est jugée « quasi nulle » par les autorités pénitentiaires. De quoi justifier une libération aux yeux du tribunal d’application des peines, qui estime qu’il ne présente pas « un risque grave de renouvellement de faits terroristes ».
Des convictions « intactes » ou un homme différent ?
Mais le parquet antiterroriste ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, Georges Abdallah « n’a pas évolué ni progressé sur le chemin de l’amendement ». Ses convictions seraient « restées intactes », comme en témoignent ses propos qualifiant Israël de « charogne ». Le militant se considère d’ailleurs toujours comme un « prisonnier politique » et refuse de condamner des « actes de résistance » contre « l’oppression israélienne et américaine ».
Face à ces arguments, les partisans d’une libération mettent en avant le caractère disproportionné de son maintien en détention. Après 40 ans, Georges Abdallah serait devenu avant tout « le symbole d’un homme maintenu en prison depuis une période devenue disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle », selon le tribunal d’application des peines.
L’ombre des États-Unis
Au-delà du débat sur la personnalité de Georges Abdallah, c’est aussi une affaire diplomatique qui se joue en coulisses. La défense et les soutiens du militant voient depuis longtemps la main de Washington, partie civile à son procès en 1987, derrière son maintien en détention. Les autorités américaines se sont en effet systématiquement opposées à ses demandes de libération.
Le spectre d’un « trouble à l’ordre public » en cas de libération, brandi par le parquet antiterroriste, convainc peu le tribunal. Pas plus que les éventuelles « très vives réactions d’associations de victimes et de la communauté juive », ou les « conséquences préjudiciables sur le plan diplomatique ». Pour les magistrats, ces arguments semblent bien faibles face au caractère « disproportionné » de son incarcération.
Un retour au Liban en ligne de mire
Si la justice donnait raison à Georges Abdallah, c’est au Liban que celui-ci envisage de refaire sa vie. Lors de son audition en octobre dernier, il a exprimé son souhait de retourner dans son village natal de Kobayat, dans le nord du pays. Il y envisage de s’engager dans la politique locale et de poursuivre son soutien à la cause palestinienne. Une perspective qui, selon le tribunal, ne fait pas peser de risque pour « l’ordre public ».
Mais avant cela, c’est d’abord une énième bataille judiciaire qui attend Georges Abdallah. Si la cour d’appel venait à confirmer la décision de première instance autorisant sa libération, un pourvoi en cassation du parquet reste possible. En cas de rejet de la demande, c’est cette fois le septuagénaire qui pourra former un recours. Une chose est sûre : après 40 ans de détention, l’affaire est loin d’être close.
Au-delà du débat sur la personnalité de Georges Abdallah, c’est aussi une affaire diplomatique qui se joue en coulisses. La défense et les soutiens du militant voient depuis longtemps la main de Washington, partie civile à son procès en 1987, derrière son maintien en détention. Les autorités américaines se sont en effet systématiquement opposées à ses demandes de libération.
Le spectre d’un « trouble à l’ordre public » en cas de libération, brandi par le parquet antiterroriste, convainc peu le tribunal. Pas plus que les éventuelles « très vives réactions d’associations de victimes et de la communauté juive », ou les « conséquences préjudiciables sur le plan diplomatique ». Pour les magistrats, ces arguments semblent bien faibles face au caractère « disproportionné » de son incarcération.
Un retour au Liban en ligne de mire
Si la justice donnait raison à Georges Abdallah, c’est au Liban que celui-ci envisage de refaire sa vie. Lors de son audition en octobre dernier, il a exprimé son souhait de retourner dans son village natal de Kobayat, dans le nord du pays. Il y envisage de s’engager dans la politique locale et de poursuivre son soutien à la cause palestinienne. Une perspective qui, selon le tribunal, ne fait pas peser de risque pour « l’ordre public ».
Mais avant cela, c’est d’abord une énième bataille judiciaire qui attend Georges Abdallah. Si la cour d’appel venait à confirmer la décision de première instance autorisant sa libération, un pourvoi en cassation du parquet reste possible. En cas de rejet de la demande, c’est cette fois le septuagénaire qui pourra former un recours. Une chose est sûre : après 40 ans de détention, l’affaire est loin d’être close.