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Fusillade à Aubervilliers: Le règne de la terreur du trafic de drogue

C’est une scène d’une violence inouïe qui s’est déroulée jeudi soir, rue du Moutier à Aubervilliers. Aux alentours de 20h30, une puissante explosion a secoué le quartier, faisant trembler les vitres des immeubles alentours. En quelques secondes, la panique s’est emparée des riverains, sortis en trombe dans la rue pour comprendre ce qui venait de se passer. Sur place, un spectacle de désolation : deux personnes gisaient au sol, grièvement blessées par ce qui s’est avéré être l’explosion d’une grenade, jetée par un homme à scooter devant le bar PMU du coin.

Le trafic de drogue, un fléau qui ronge Aubervilliers

Mais au-delà du choc de l’événement, c’est un sentiment de colère et de ras-le-bol qui domine chez les habitants. Car cette explosion n’est que la manifestation la plus visible et la plus violente d’un mal qui ronge le quartier depuis des années : le trafic de drogue. « C’est devenu invivable, témoigne Mokhtar, gérant du restaurant La Goulette, situé à quelques mètres du lieu de l’explosion. Devant chez moi, c’est un véritable supermarché de la drogue à ciel ouvert. Des petites mains du trafic, souvent très jeunes, se relaient jour et nuit pour écouler leur marchandise. »

On a beau se plaindre, alerter les autorités, rien ne change. La police passe de temps en temps, embarque deux ou trois dealers, et une heure après ils sont déjà remplacés. C’est un cercle sans fin.

– Karima, habitante d’Aubervilliers

Face à ce trafic endémique, les riverains se sentent totalement démunis et abandonnés par les pouvoirs publics. Beaucoup n’osent plus sortir de chez eux passé une certaine heure, de peur de croiser les dealers et leurs clients. Les enfants sont priés de rentrer directement après l’école. Et les soirs de “livraison”, quand des voitures luxueuses défilent dans la rue pour s’approvisionner, mieux vaut se barricader à double tour.

Une ville sous tension

Car la crainte de représailles est dans tous les esprits. « Ici, tout le monde sait qui sont les trafiquants, explique Karima. Mais personne n’ose parler, par peur de se retrouver avec une balle dans la tête ou une grenade dans sa vitrine, comme c’est arrivé hier soir. » Une loi du silence qui arrange bien les réseaux criminels, qui peuvent ainsi continuer leur business en toute impunité.

Combien de temps encore les habitants d’Aubervilliers devront-ils vivre sous ce régime de terreur ? L’explosion de jeudi soir, par sa violence et son retentissement, va-t-elle enfin pousser les autorités à agir et à déployer les moyens nécessaires pour endiguer ce trafic qui pourrit la vie du quartier ? Les riverains l’espèrent, tout en craignant que leur quotidien fait de peur et d’insécurité ne soit devenu la norme dans une ville gangrénée par les trafics.

Des conséquences dramatiques pour tout un quartier

Au-delà de la violence et du sentiment d’insécurité permanent, ce trafic de drogue à ciel ouvert a des répercussions désastreuses sur tout le quartier. Les commerces peinent à survivre, les clients désertant cette zone de non-droit. Les appartements se vident, ceux qui le peuvent préférant fuir plutôt que de continuer à subir cette situation invivable. Et les enfants grandissent avec la violence et l’illégalité comme seul horizon, dans un territoire où l’autorité de l’État semble avoir totalement abdiqué.

C’est toute une génération qui est sacrifiée. Nos jeunes n’ont aucun avenir ici, à part celui de guetteur ou de petit dealer. À force de côtoyer cette réalité au quotidien, elle finit par devenir la norme.

– Ali, père de famille

Un constat amer partagé par de nombreux habitants, qui craignent de voir leur quartier sombrer définitivement dans la spirale infernale de la criminalité et de la misère. « On a l’impression d’être les oubliés de la République », se désole Ali, père de trois enfants qu’il élève seul. Un sentiment d’abandon qui ne fait que renforcer la détresse et la colère des riverains, pris en étau entre des pouvoirs publics impuissants et des trafiquants qui font la loi.

Un appel à l’aide des habitants

Combien de drames comme celui de jeudi soir faudra-t-il encore pour que les choses changent enfin ? C’est la question que se posent aujourd’hui les habitants d’Aubervilliers, bien décidés à ne plus subir en silence. « On ne peut plus continuer comme ça, il faut que ça cesse ! », martèle Mokhtar, porte-parole improvisé d’un quartier à bout. Un cri du cœur partagé par tous les riverains, qui attendent désormais des actes forts et durables pour restaurer la sécurité et la tranquillité auxquelles ils ont droit.

Car derrière les explosions et les faits divers sordides, ce sont des vies entières qui sont brisées, des familles qui se déchirent, un quartier qui se meurt à petit feu. Un drame silencieux qui se joue chaque jour sous nos yeux, dans l’indifférence presque générale. Il est temps, grand temps, de briser ce silence assourdissant et de rendre à Aubervilliers et à ses habitants la dignité et l’espoir d’un avenir meilleur. Avant qu’il ne soit trop tard.

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