Le petit territoire palestinien de Gaza, déjà meurtri par plus de 14 mois d’une guerre sans merci, vient de connaître l’une des journées les plus sanglantes de ce conflit qui semble sans fin. Ce jeudi, une série de frappes aériennes israéliennes a semé la mort et la désolation, faisant au moins 58 victimes selon un bilan provisoire communiqué par la Défense civile de Gaza. Parmi les personnes tuées, on dénombre tragiquement 12 secouristes qui avaient pour mission d’assurer la sécurité de convois humanitaires acheminant de l’aide à une population à bout de forces.
L’aide humanitaire prise pour cible
Ces bombardements sont intervenus quelques heures à peine après l’appel solennel lancé par l’Assemblée générale de l’ONU à New York en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Un appel resté lettre morte, Israël et les États-Unis l’ayant rejeté, alors même que l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) le jugeait « crucial » au vu de la situation humanitaire catastrophique prévalant à Gaza. Les frappes ont notamment visé des camions de l’UNRWA qui transportaient de la farine vers des entrepôts, causant la mort de 7 agents de sécurité à Rafah et 5 autres à Khan Younès, dans le sud du territoire.
Scènes de pillage et appels à évacuer
Selon des témoins, la farine destinée à nourrir une population au bord de la famine a été pillée par des habitants après que les camions aient été touchés. L’armée israélienne affirme avoir ciblé « des terroristes armés du Hamas » pour sécuriser l’acheminement de l’aide, mais les pertes civiles s’accumulent. En fin de journée, Israël a lancé un nouvel appel à évacuer dans plusieurs quartiers de Gaza-ville abritant des combattants, faisant craindre une intensification des raids.
Familles décimées
Les victimes se comptent par dizaines à chaque nouvelle frappe. Près du camp de réfugiés de Nousseirat, au moins 15 personnes dont 6 enfants ont péri dans le bombardement d’un immeuble abritant des déplacés. À Gaza-ville, 6 corps ont été extraits des décombres d’un appartement visé. Et le pire était à venir en soirée, avec 25 morts et 50 blessés signalés dans une habitation bondée de Nousseirat. Des familles entières sont anéanties, comme en témoigne Bassam Al-Habasha : « Seules deux petites filles ont survécu, dont l’une a été amputée d’une jambe. »
« Nous appelons les peuples libres du monde à mettre fin à ces massacres quotidiens. »
Bassam Al-Habasha, témoin et victime des bombardements.
L’UNRWA confrontée à des « incidents graves »
Malgré ses efforts pour continuer à apporter une aide vitale aux habitants de l’enclave palestinienne, l’UNRWA voit ses opérations sans cesse entravées. Jeudi, elle a rapporté un « incident grave » ayant empêché 69 camions sur 70 d’atteindre leur destination. Des livraisons qui s’apparentent de plus en plus à des missions impossibles au vu des dangers permanents.
Un conflit dévastateur
Depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023 qui a vu le Hamas lancer une attaque sans précédent sur le sol israélien, Gaza paie le prix fort. Le ministère de la Santé du territoire évalue à 44 835 le nombre de Palestiniens ayant perdu la vie, en majorité des civils. En face, Israël déplore 1208 morts, essentiellement des non-combattants. Malgré l’ampleur de ces pertes, les appels au cessez-le-feu restent inaudibles pour les belligérants. Et chaque jour apporte son nouveau lot de souffrances pour les habitants pris au piège de l’enclave palestinienne.
- 14 mois de guerre ininterrompue à Gaza
- Au moins 58 morts dont 12 secouristes dans des frappes jeudi
- Appel de l’ONU au cessez-le-feu immédiat rejeté par Israël et les USA
- L’aide humanitaire prise pour cible, ses convois attaqués
- Des familles entières décimées dans les bombardements
- 44 835 Palestiniens et 1208 Israéliens tués depuis octobre 2023
Face à ce constat effroyable, la communauté internationale semble impuissante à imposer un arrêt des hostilités. Sans perspective de trêve ou de règlement politique, le conflit apparaît voué à s’enliser, au détriment des populations civiles des deux côtés qui continuent à être broyées dans cet engrenage de violence et de mort. La tragédie vécue ce jeudi par les Gazaouis démontre une nouvelle fois l’urgence d’agir pour briser ce cycle infernal et épargner de nouvelles vies innocentes, avant qu’il ne soit trop tard.