C’est un lourd bilan humain qui a frappé les Palestiniens de la bande de Gaza ce mardi. Selon les autorités locales, une offensive aérienne menée par Israël a coûté la vie à 93 personnes, dont une vingtaine d’enfants, dans un immeuble résidentiel de la ville de Beit Lahia. Un drame qui suscite l’émoi et la colère, y compris chez le principal allié de l’État hébreu, les États-Unis.
Dans la nuit, les avions de chasse israéliens ont ciblé la “résidence familiale des Abou Nasr”, un bâtiment de cinq étages qui s’est totalement effondré sous l’impact des bombes, prenant au piège des dizaines d’habitants. “Les gens dormaient, l’immeuble leur est tombé dessus”, raconte un voisin témoin de la scène. Dans les décombres, les secouristes tentent de dégager les corps, souvent en lambeaux, des victimes de ce raid meurtrier.
Washington pointe un “résultat horrible”
Face à ces images insoutenables, les États-Unis, soutien indéfectible d’Israël, haussent le ton. Le porte-parole de la diplomatie américaine Matthew Miller a fait part de la “profonde préoccupation” de son pays concernant ces pertes civiles, fruit d’une frappe qualifiée d'”horrible”. Il a indiqué avoir “contacté le gouvernement israélien pour demander ce qui s’était passé”, exigeant des explications sur cet “incident” à Beit Lahia.
Si Washington n’a pas encore tiré de conséquences pour son partenaire stratégique, il a néanmoins réitéré ses appels à “mettre un terme au conflit” à Gaza. “Ce drame nous rappelle le coût tragique pour les populations de cette guerre qui doit cesser”, a martelé le responsable, notant toutefois qu’Israël avait déjà “décimé les capacités militaires du Hamas”, à l’origine des hostilités.
Tsahal promet d’examiner “les informations”
L’armée israélienne, de son côté, s’est engagée à “étudier les éléments transmis” par les États-Unis, sans fournir davantage de détails à ce stade. Ce raid sanglant intervient le jour même où la Knesset a voté une loi interdisant les activités de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), vivement critiquée mais jugée essentielle à Gaza.
Émotion et colère chez les Palestiniens
Dans ce territoire densément peuplé et assiégé depuis plus d’un an, la douleur et la colère priment. “Beaucoup de victimes sont des femmes et des enfants, pris au piège dans leur sommeil”, se désole un habitant. Faute de brancards, les blessés les plus graves sont évacués sur des couvertures, parfois à même le sol. Car les infrastructures de santé peinent à faire face à l’urgence, les hôpitaux étant submergés et manquant cruellement de moyens.
Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza. On peut mourir chez soi, dans un abri, à l’école, où qu’on soit, les bombes nous rattrapent.
Un père de famille gazaoui
Un conflit dévastateur et interminable
Ce bombardement particulièrement meurtrier rappelle la violence de l’affrontement entre Israël et le Hamas. Depuis le début de leur guerre le 7 octobre 2023, les deux camps se livrent une lutte acharnée, au détriment des civils. Malgré les efforts diplomatiques et les multiples trêves, une issue pacifique semble encore lointaine. Et à chaque regain de tensions, c’est la population qui paie le prix fort.
- Plus de 93 morts à Beit Lahia, dont 20 enfants, dans la nuit de mardi
- Les États-Unis demandent des comptes à Israël sur cette frappe “horrible”
- Washington appelle à nouveau à la fin des hostilités, sans conséquence pour l’instant
- L’armée israélienne promet d’analyser “les éléments” sur cet “incident”
- Gaza, assiégée et meurtrie, peine à soigner ses blessés
Alors que la guerre entre dans son treizième mois, le bilan humain ne cesse de s’alourdir, fauchant chaque jour des vies innocentes. Cette énième frappe dévastatrice soulève une nouvelle fois la question de la protection des civils, pris entre deux feux. Si les grandes puissances s’indignent ponctuellement, aucune pression suffisante ne semble en mesure de forcer les belligérants au dialogue. Et en attendant une paix hypothétique, ce sont les Gazaouis qui continuent d’enterrer leurs morts.