L’ancien Président François Hollande a livré une analyse sans concession de la situation politique actuelle lors de son intervention sur France Inter ce jeudi matin. Au cœur de ses critiques : l’attitude des Insoumis, qu’il juge « obsédés » par la perspective d’une élection présidentielle anticipée avec Jean-Luc Mélenchon comme candidat.
Une obsession électoraliste en pleine crise
En plein cœur d’une période d’instabilité politique marquée par la fragilité du gouvernement Barnier, François Hollande pointe du doigt ce qu’il considère comme une obsession électoraliste de la part de La France Insoumise :
Les Insoumis sont dans l’obsession de faire tomber Emmanuel Macron, d’avoir une élection présidentielle et de présenter Jean-Luc Mélenchon comme candidat.
François Hollande
L’ex-Président estime que cette focalisation sur un scrutin anticipé n’est pas à la hauteur des enjeux auxquels est confronté le pays. Selon lui, les manœuvres politiciennes visant à provoquer un retour aux urnes prématuré ne feraient qu’ajouter de l’instabilité à une situation déjà préoccupante.
Des ambitions présidentielles vouées à l’échec ?
Au-delà de la question du timing, François Hollande se montre également très sceptique quant aux chances de Jean-Luc Mélenchon de l’emporter dans l’hypothèse d’une présidentielle anticipée. Avec une certaine ironie, il prédit :
Il ne sera pas président, il le sait. Il ne sera même pas au 2e tour, il le sait.
François Hollande
Un constat sévère qui témoigne du peu de crédit que l’ancien Président accorde aux ambitions élyséennes du leader Insoumis. À ses yeux, la priorité du moment n’est clairement pas à l’organisation d’un nouveau scrutin national.
Le « en même temps » d’Hollande
Malgré ces critiques acerbes à l’encontre des Insoumis, François Hollande se refuse pour autant à apporter son soutien à Emmanuel Macron et au gouvernement Barnier. Fidèle à une forme de « en même temps » qui n’est pas sans rappeler celui prôné par son successeur, il explique :
Je n’aurais pas dissous l’Assemblée nationale, je n’aurais pas nommé Michel Barnier comme premier ministre, je n’aurais pas nommé 42 ministres qui ne s’entendent pas.
François Hollande
Des désaccords qui le pousseront d’ailleurs à voter la motion de censure si le gouvernement devait recourir au 49.3 pour faire adopter son budget. Un positionnement subtil, à mi-chemin entre opposition et sens des responsabilités, dont Hollande semble avoir fait sa marque de fabrique.
La gauche plus divisée que jamais
Au final, cette passe d’armes entre François Hollande et les Insoumis illustre surtout la profondeur des divisions qui traversent la gauche française. Entre une aile radicale obnubilée par un renversement de table et un courant social-démocrate soucieux de stabilité, le fossé semble se creuser chaque jour davantage.
Une situation qui profite pour l’instant à Emmanuel Macron et à sa majorité relative, malgré les turbulences. Mais jusqu’à quand? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir politique du pays. Et François Hollande, en envoyant ces piques à La France Insoumise, a clairement choisi son camp : celui de la raison et de la responsabilité, quitte à déplaire à une partie de son ancien électorat.