Les propos de François Bayrou sur LCI ont suscité une vive polémique dans la classe politique française. Lors d’une interview événement, le dirigeant du MoDem n’a pas exclu la possibilité d’une alliance gouvernementale avec le Rassemblement National à l’avenir, un scénario jusqu’ici jugé impensable.
Bayrou ouvre la porte à une alliance avec l’extrême droite
Interrogé sur l’éventualité d’un gouvernement d’union intégrant le RN, François Bayrou a déclaré : « Je ne l’exclus pas par principe. Il faut voir quel serait le contexte, le projet. On ne peut pas dire jamais en politique. » Une petite phrase lourde de sens qui rompt avec la tradition du « front républicain » face à l’extrême droite.
Depuis des années, la plupart des partis s’accordaient pour dresser un « cordon sanitaire » autour du RN. En rompant ce tabou, François Bayrou bouscule les lignes et provoque de vives réactions à droite comme à gauche.
Indignation dans la classe politique
D’après plusieurs sources proches de la majorité, les propos de François Bayrou ont provoqué la consternation dans les rangs de Renaissance et ses alliés. « C’est irresponsable comme déclaration ! », s’emporte un député proche d’Emmanuel Macron.
À gauche, on dénonce un « cynisme politique » et une « dérive populiste inquiétante ». Jean-Luc Mélenchon a fustigé un « jeu dangereux avec les valeurs de la République ».
Le RN se frotte les mains
Du côté du Rassemblement National, les propos de François Bayrou sont accueillis avec un mélange de satisfaction et de prudence. Marine Le Pen y voit « un premier pas vers la normalisation du RN » mais refuse de s’emballer. « Attendons de voir si M. Bayrou joint les actes à la parole », tempère la cheffe de file du parti d’extrême droite.
L’hypothèse d’une recomposition politique
Pour de nombreux observateurs, la sortie de François Bayrou témoigne des profondes mutations à l’œuvre dans le paysage politique français. Avec l’affaiblissement des partis traditionnels et la poussée des populismes, de nouveaux rapprochements semblent possibles, y compris les plus improbables.
« En ne fermant plus la porte au RN, François Bayrou anticipe peut-être le prochain grand chambardement politique. Tout est possible désormais, les cartes sont rebattues », analyse un politologue reconnu.
Une seule certitude : les propos du maire de Pau ne manqueront pas d’alimenter le débat dans les prochaines semaines. Ils actent un peu plus la fin des vieux clivages et ouvrent une nouvelle séquence politique pleine d’incertitudes. À un an des élections européennes, François Bayrou vient de lancer un véritable pavé dans la mare. Reste à mesurer l’étendue des remous.