En cette fin janvier 2025, le gouvernement Bayrou doit faire face à une équation budgétaire complexe. La censure du budget 2025 par l’ancien gouvernement en décembre dernier a laissé des traces et obligé l’exécutif à revoir sa copie en urgence. C’est dans ce contexte tendu que le Premier ministre François Bayrou était l’invité de LCI ce lundi 27 janvier. L’occasion pour lui de réaffirmer un engagement fort : aucun nouvel impôt ne pèsera sur les ménages français en 2025.
Un budget 2025 sur le fil du rasoir
Interrogé par le journaliste Darius Rochebin sur la possibilité de s’engager à ce que les ménages français n’aient pas de nouvel impôt en 2025, François Bayrou a répondu par un « oui » sans ambiguïté. Une promesse qui intervient alors qu’une commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, doit se réunir dans les prochains jours pour tenter de trouver un compromis sur le projet de loi de finances 2025.
Le temps presse en effet pour le gouvernement qui doit impérativement faire adopter un nouveau budget avant la fin du mois de mars pour éviter une paralysie de l’État. Un défi de taille tant les positions semblent éloignées entre une majorité présidentielle affaiblie à l’Assemblée et un Sénat dominé par l’opposition de droite.
Bercy monte au créneau pour défendre le pouvoir d’achat
En amont de cette échéance cruciale, plusieurs membres du gouvernement n’ont pas hésité ces derniers jours à monter au créneau pour défendre bec et ongles la préservation du pouvoir d’achat des Français. Le ministre de l’Économie Éric Lombard s’était ainsi déjà engagé à plusieurs reprises en ce sens, tout comme la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.
Je suis opposée à tout nouvel impôt qui pénaliserait le pouvoir d’achat de la classe moyenne.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics
Une position ferme, martelée en chœur par l’exécutif, qui vise à rassurer une opinion publique inquiète face à l’inflation galopante et les incertitudes économiques. Mais qui soulève aussi des interrogations sur la façon dont le gouvernement compte boucler son budget sans recettes supplémentaires.
Pas de « journée de solidarité » pour financer le grand âge
Pressé de toute part de trouver de nouveaux financements, notamment pour faire face au vieillissement de la population, le gouvernement a dû parfois repousser des propositions alléchantes mais politiquement explosives. C’est le cas de l’idée d’une nouvelle « journée de solidarité », avancée par le Sénat, qui aurait pris la forme de 7 heures de travail supplémentaires non rémunérées par an pour chaque salarié.
Une piste écartée sans ambiguïté par François Bayrou ce lundi soir, au motif qu’elle aurait à coup sûr suscité une levée de boucliers des syndicats et de l’opinion. Un arbitrage qui en dit long sur l’équation quasi-insoluble à laquelle est confronté le gouvernement : comment financer de nouvelles dépenses, en particulier dans le domaine social et de la santé, sans alourdir la pression fiscale ?
La tentation des taxes ciblées
Face à ce casse-tête, certains au sein de la majorité plaident discrètement pour des hausses d’impôts ciblées, qui épargneraient les classes moyennes et populaires. C’est notamment le cas dans le domaine environnemental, où l’idée d’une taxe sur les billets d’avion ou sur les véhicules les plus polluants revient régulièrement sur la table.
Il faut avoir le courage de faire payer les comportements les plus néfastes pour le climat. C’est une question de justice sociale et environnementale.
Un député de la majorité sous couvert d’anonymat
Mais là encore, le gouvernement se montre pour l’instant inflexible, craignant qu’une telle mesure ne soit perçue comme un retour déguisé de la taxe carbone, à l’origine de la crise des « gilets jaunes » fin 2018. Un traumatisme encore vif dans les esprits, qui pousse l’exécutif à la plus grande prudence.
Course contre la montre pour boucler le budget
Résultat de ces arbitrages cornéliens, c’est désormais une course contre la montre qui est engagée pour boucler le budget 2025. Selon nos informations, le gouvernement plancherait actuellement sur une trentaine de milliards d’euros d’économies, via des coupes dans les dépenses publiques et une rationalisation de certains services de l’État.
Chaque jour de retard coûte plus de 100 millions d’euros. Nous n’avons plus de temps à perdre.
Une source proche du dossier
L’objectif : dégager suffisamment de marges de manœuvre budgétaires pour financer les priorités du gouvernement, à commencer par la transition écologique et la santé, sans dévier de la trajectoire de réduction des déficits. Un véritable numéro d’équilibriste auquel s’emploie actuellement Bercy, conscient que c’est sa crédibilité politique et économique qui est en jeu.
Pour François Bayrou, le message est en tout cas clair : pas question de faire les poches des Français en 2025, quitte à tailler dans les dépenses publiques. Un engagement fort, répété urbi et orbi, qui place désormais le Premier ministre en première ligne. À lui de prouver dans les semaines à venir qu’il est possible de marier rigueur budgétaire et pouvoir d’achat. Tout un programme.