C’est un coup dur pour les défenseurs du droit à l’avortement en Floride. Mardi, un référendum d’initiative citoyenne visant à assouplir les restrictions sur l’IVG n’a pas recueilli suffisamment de voix pour être adopté, selon des médias américains. L’amendement cherchait à rétablir la possibilité d’avorter jusqu’à la viabilité du fœtus, soit environ 24 semaines de grossesse, au lieu de 6 semaines actuellement. Mais il devait franchir la barre des 60% de votes favorables, le seuil le plus élevé des 10 États où des consultations similaires étaient organisées en parallèle de l’élection présidentielle.
La Floride, havre menacé pour l’IVG dans le sud-est des États-Unis
Entourée d’États très restrictifs sur la question, la Floride représentait jusqu’ici une destination de choix pour de nombreuses femmes du sud-est américain cherchant à interrompre leur grossesse. Mais avec le rejet de ce référendum, cet accès est désormais compromis dans le 3ème État le plus peuplé du pays.
Les femmes vont devoir parcourir des centaines de kilomètres pour trouver une clinique qui pourra les prendre en charge. C’est une catastrophe.
Une militante pro-choix de Floride
Depuis l’annulation en juin 2022 de l’arrêt Roe v. Wade qui garantissait un droit constitutionnel à l’avortement, une vingtaine d’États ont fortement restreint voire interdit l’IVG sur leur territoire. Face à cette situation, les référendums organisés mardi visaient pour la plupart à protéger ou rétablir ce droit là où il existe encore.
Une campagne centrée sur les droits des femmes
Durant la campagne, la candidate démocrate à la vice-présidence Kamala Harris a mis la question de l’IVG au cœur des débats, n’hésitant pas à évoquer les situations tragiques vécues par certaines Américaines depuis les nouvelles restrictions :
- Des femmes contraintes de voyager dans d’autres États pour avorter
- Des complications graves faute de pouvoir être prises en charge à temps
- Des médecins refusant d’intervenir par peur des poursuites, même en cas de fausse couche
Mais malgré cette mobilisation, le camp pro-choix a essuyé une défaite cinglante en Floride. Selon des experts, le résultat reflète la difficulté de faire passer des référendums progressistes dans des États plutôt conservateurs, où une partie de l’électorat reste opposée à l’avortement pour des raisons religieuses ou morales.
Quelles conséquences pour l’accès à l’IVG dans le sud-est américain ?
À court terme, des milliers de femmes risquent d’être privées de la possibilité d’avorter en Floride, et devront se rendre dans d’autres États comme la Caroline du Nord, où l’IVG reste autorisée jusqu’à 20 semaines. Mais à plus long terme, c’est tout l’équilibre des droits reproductifs dans la région qui apparaît fragilisé.
La Floride envoyait un message d’espoir aux femmes des États voisins. Avec ce référendum, c’est un véritable mur qui se dresse. On risque de voir des avortements clandestins se multiplier.
Une représentante d’un planning familial
Car ce revers pourrait inciter les opposants à l’IVG à lancer des initiatives similaires dans d’autres États clés, afin de grignoter les derniers bastions pro-choix du sud-est. La Caroline du Nord et la Virginie apparaissent notamment menacées, avec des majorités républicaines prêtes à durcir la législation.
Face à cette éventualité, les organisations de défense des droits des femmes appellent à la mobilisation et à la vigilance. Elles espèrent qu’en 2024, la question de l’avortement pèsera dans les urnes et poussera les électeurs à sanctionner les politiques anti-IVG. Mais d’ici là, l’accès à l’avortement risque de devenir un véritable parcours du combattant pour des millions d’Américaines du sud-est.
Un enjeu de santé publique et d’égalité des droits
Au-delà des débats politiques et sociétaux, l’accès à l’IVG demeure un enjeu majeur de santé publique. De nombreux médecins et experts mettent en garde contre les risques des grossesses non désirées, en particulier chez les femmes précaires ou victimes de violences :
- Complications médicales
- Problèmes psychologiques
- Retard de diagnostic de pathologies
- Appauvrissement et décrochage scolaire
Au-delà, c’est le droit des femmes à disposer de leur corps qui est en jeu. En restreignant l’IVG, les opposants à l’avortement remettent en cause un principe fondamental d’égalité et d’autodétermination, et fragilisent la liberté des femmes à mener leur vie comme elles l’entendent.
Personne ne peut dire à une femme ce qu’elle doit faire de son corps. C’est un droit inaliénable que nous devons défendre à tout prix.
Une militante féministe
Pour les pro-choix, le combat est donc loin d’être terminé. Il s’agira dans les prochains mois de mobiliser l’opinion publique et les femmes pour ancrer durablement le droit à l’avortement dans les législations. Un défi de taille, à l’heure où de nombreux États semblent au contraire tentés par un retour en arrière.