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Fin du transit gazier russe vers l’Europe via l’Ukraine – Quelles conséquences ?

Les vannes sont fermées. La Russie a coupé définitivement le robinet du gaz transitant vers l'Europe via l'Ukraine. Une décision lourde de conséquences qui remodèle le paysage énergétique du continent et exacerbe les tensions géopolitiques. Quelles options s'offrent désormais aux Européens pour sécuriser leur approvisionnement en gaz ?

C’est un événement qui marque un tournant dans les relations énergétiques entre la Russie et l’Europe. Comme annoncé depuis plusieurs mois, Moscou a définitivement fermé les vannes du gazoduc transitant par l’Ukraine pour approvisionner le Vieux Continent. Une décision aux multiples implications géopolitiques et économiques qui soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la sécurité énergétique européenne.

La fin d’une époque pour le gaz russe en Europe

Depuis le 1er janvier, plus une seule molécule de gaz naturel russe ne transite par le réseau de gazoducs ukrainiens en direction de l’Europe. C’est la conséquence directe de l’expiration du contrat liant Gazprom, le géant gazier russe, à son homologue ukrainien Naftogaz. Un accord qui avait été signé fin 2019 pour une durée de 5 ans mais qui n’a pas été renouvelé, sur fond de profonds désaccords entre les deux parties dans un contexte de guerre.

Pour Kiev, il s’agit d’un « événement historique ». La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières, s’est félicité le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko. Côté russe, Gazprom déplore ce dénouement, estimant avoir été privé de la possibilité technique et juridique de fournir du gaz pour le transit à travers l’Ukraine.

L’Europe face à un défi d’approvisionnement majeur

Pour l’Union européenne, c’est un nouveau coup dur sur le plan énergétique. Déjà privée des livraisons via Nord Stream depuis le sabotage des tubes en mer Baltique, elle perd avec l’arrêt du transit par l’Ukraine une source d’approvisionnement majeure. En 2023, ce sont près de 15 milliards de mètres cubes de gaz russe qui avaient encore transité par ce pays à destination des Vingt-Sept.

Certains pays d’Europe centrale et orientale, historiquement très dépendants du gaz russe, se retrouvent particulièrement exposés. La Hongrie et la Slovaquie ont ainsi exprimé leur inquiétude ces dernières semaines, se plaignant de voir le robinet coupé sans réelles alternatives immédiates crédibles.

Quelles options pour sécuriser l’approvisionnement européen ?

Face à ce nouveau défi énergétique, quelles sont les options qui s’offrent à l’Europe pour sécuriser ses approvisionnements en gaz ? Plusieurs pistes sont envisagées :

  • Accroître les importations de GNL, notamment en provenance des États-Unis et du Qatar
  • Augmenter les flux via les autres gazoducs, comme le TransAdriatic Pipeline (TAP) reliant l’Azerbaïdjan à l’Italie
  • Accélérer le déploiement des énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux hydrocarbures
  • Amplifier les efforts d’économies d’énergie et d’efficacité énergétique

Mais ces alternatives ne pourront pas compenser totalement et immédiatement la perte des volumes russes. L’Europe devra faire preuve d’unité et de solidarité pour surmonter ce nouveau choc énergétique, dans un contexte international toujours plus tendu. La question de la sécurité d’approvisionnement s’annonce comme l’un des défis majeurs des prochains mois et années.

Vers une recomposition du paysage géopolitique

Au-delà de ses implications énergétiques, l’arrêt du transit gazier par l’Ukraine marque aussi une nouvelle étape dans le bras de fer géopolitique qui oppose la Russie à l’Occident. Pour Moscou, c’est un levier de pression de moins sur l’Europe. Mais c’est aussi le signe d’un découplage toujours plus marqué entre les deux espaces, sur fond de sanctions et de tensions exacerbées par le conflit en cours.

Couper la capacité de Moscou à exporter du gaz directement vers l’UE est une nouvelle victoire après l’élargissement de l’Otan à la Finlande et à la Suède.

Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères

Cette décision pourrait aussi avoir des répercussions sur les équilibres internes en Russie et en Ukraine. Pour le Kremlin, la perte des revenus du transit est un manque à gagner conséquent qui s’ajoute à l’impact des sanctions occidentales. Kiev y voit au contraire une étape vers son émancipation énergétique vis-à-vis de son voisin.

Une chose est sûre : l’arrêt des flux de gaz russe par l’Ukraine redistribue les cartes du jeu énergétique et géopolitique européen. Il ouvre une nouvelle page dans les relations complexes entre Bruxelles, Kiev et Moscou, lourde d’incertitudes mais aussi, peut-être, d’opportunités pour bâtir un modèle énergétique plus durable et résilient. L’avenir nous le dira.

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