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Fin de vie : l’alerte de deux femmes concernées

Une femme atteinte d'une maladie neurodégénérative et une aidante d'un jeune lourdement handicapé alertent sur les risques de la future loi sur la fin de vie. Elles redoutent une dévalorisation des vies fragiles en l'absence d'alternative et appellent à...

Le débat sur la fin de vie est relancé en France avec l’examen d’un nouveau projet de loi à l’Assemblée nationale. Mais pour Caroline Brandicourt, atteinte d’une maladie neurodégénérative, et Isabelle Mordant, aidante de son fils lourdement handicapé, cette loi suscite de vives inquiétudes. Dans une tribune, elles alertent sur les dangers d’un texte qui, sous couvert de nouvelles libertés, risquerait en réalité de condamner les plus fragiles en l’absence d’alternative.

Des garde-fous qui tombent

Alors que le président avait promis un cadre strict, Caroline Brandicourt et Isabelle Mordant constatent que lors de l’examen en commission, nombre de garde-fous sont tombés. À commencer par la condition d’un pronostic vital engagé pour pouvoir demander “l’aide active à mourir”. Une dérive inquiétante à leurs yeux.

Cette loi serait nécessaire, mais on nous rassure : elle offrira à ceux qui le souhaitent une nouvelle liberté, mais n’imposera rien aux autres. Nous voulons dire notre inquiétude.

Caroline Brandicourt et Isabelle Mordant

Le risque d’une société déshumanisée

Pour ces deux femmes confrontées à la maladie grave et au handicap lourd, le risque est grand de voir s’imposer une logique où la “bonne mort” deviendrait la réponse face à la souffrance et la dépendance. Faute de réelle alternative en termes de soins palliatifs et d’accompagnement, les personnes vulnérables seraient acculées à demander à mourir.

Dans une société qui valorise la performance et l’autonomie, elles craignent une dévalorisation progressive des vies jugées “indignes” d’être vécues. Un glissement vers une forme d’euthanasie sociale où il deviendrait normal de “choisir” la mort face à la maladie, au handicap, à la vieillesse.

L’urgence des soins palliatifs

Face à ces dérives, Caroline Brandicourt et Isabelle Mordant en appellent à une autre urgence : le développement des soins palliatifs et de l’accompagnement, encore trop peu accessibles en France. Seule une offre de soin digne et humaine peut permettre un véritable libre choix en fin de vie.

Si “l’aide à mourir” était adoptée, elle serait applicable bien avant que les soins palliatifs ne soient effectivement disponibles partout. En l’absence de réelle alternative, les malades qui souffrent risqueraient d’être condamnés.

Caroline Brandicourt et Isabelle Mordant

Elles alertent aussi sur les risques spécifiques pour les personnes handicapées mentales. Et demandent qu’elles soient explicitement exclues du champ de la loi, de peur qu’une “aide à mourir” ne soit un jour imposée à ceux qui ne peuvent exprimer clairement leur volonté.

Un débat de société fondamental

Au-delà des modalités de la loi, c’est un choix de société fondamental qui est en jeu pour Caroline Brandicourt et Isabelle Mordant. Veut-on d’une France qui place l’accompagnement et le soin des plus fragiles au cœur de ses priorités ? Ou bien d’une société où les vies les plus précaires seront considérées comme un fardeau dont il faudrait se débarrasser au plus vite ?

Le témoignage de ces deux femmes directement concernées vient utilement enrichir le débat. Et rappelle la nécessité de penser la fin de vie dans une approche globale, qui place la solidarité et la fraternité au cœur du pacte social. Un vrai choix de civilisation.

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