Après une nuit marquée par de fortes précipitations mais sans faire de nouvelles victimes, l’Agence météorologique espagnole a finalement levé son alerte rouge aux intempéries dans le sud et l’est du pays. Un soulagement pour les habitants de ces régions encore meurtris par les inondations tragiques survenues il y a à peine deux semaines, qui avaient coûté la vie à au moins 223 personnes.
Des pluies diluviennes mais pas de nouveaux drames
Mercredi soir, l’Aemet avait placé les provinces andalouses de Malaga et la région de Valence en alerte rouge, le niveau maximal, face au risque “extrême” d’inondations lié à la présence d’une nouvelle “goutte froide”. Ce phénomène météorologique, assez fréquent en automne sur la côte méditerranéenne espagnole, se caractérise par une dépression isolée à haute altitude. Les autorités avaient appelé la population à éviter tout déplacement, avertissant du risque de débordements de cours d’eau.
Des pluies torrentielles se sont effectivement abattues dans la nuit de mercredi à jeudi, avec des cumuls impressionnants relevés localement : 110 litres d’eau par mètre carré à Alcudia de Veo dans l’arrière-pays valencien et 88 litres à Chiva, village déjà frappé par les inondations dévastatrices fin octobre. Si ces précipitations ont nécessité de nouvelles opérations de secours en Andalousie et dans la région de Valence, avec des routes coupées, aucune nouvelle victime n’est cependant à déplorer selon les autorités.
Le pire est passé mais la vigilance reste de mise
Jeudi matin, l’Aemet a rétrogradé son alerte au niveau orange pour cinq provinces : trois en Andalousie (Cadix, Huelva et Séville) et deux dans la région valencienne (Alicante et Valence). Si le pire semble passé, les autorités appellent la population à rester prudente jusqu’à la fin de cet épisode météorologique difficile.
La nuit a été compliquée (…) Nous n’avons jamais vu autant de pluie.
Jordi Mayor, maire de Cullera
Retour progressif à la normale pour les sinistrés
Dans les zones déjà durement touchées par les inondations meurtrières il y a quinze jours, où une quinzaine de personnes sont toujours portées disparues, les opérations de déblaiement et de remise en état des infrastructures se poursuivent. Les soldats déployés sur le terrain continuent de travailler d’arrache-pied pour permettre un retour à la normale des habitants.
En prévision de ces nouvelles intempéries, les autorités avaient pris une série de mesures pour éviter un nouveau drame :
- Restrictions de circulation dans plus de 100 communes de la région de Valence
- Suspension des cours dans les établissements scolaires
- Report de la remise en circulation des trains entre Madrid et Valence
- Fermeture du métro à Malaga et perturbations du trafic aérien
- Évacuations préventives de plus de 4 200 personnes
Comme l’a souligné le président de la région d’Andalousie Juan Manuel Moreno, “mieux vaut prévenir que guérir, nous l’avons vu à Valence”. Des leçons semblent avoir été tirées de la catastrophe du 29 octobre pour mieux anticiper et protéger les populations.
Des recherches toujours en cours, la polémique enfle
Si le retour à la normale se profile, l’heure est aussi aux questions sur la gestion de crise. Le président de la région de Valence Carlos Mazón, critiqué pour sa réaction jugée tardive et insuffisante face aux inondations dévastatrices, devait s’expliquer devant le parlement régional jeudi. Son audition a finalement été repoussée à vendredi en raison des intempéries.
La polémique enfle depuis deux semaines, avec des manifestations massives pour dénoncer les failles dans l’alerte et les secours. Samedi dernier, ils étaient 130 000 à défiler dans les rues de Valence pour crier leur colère et réclamer des comptes. Les regards sont désormais tournés vers les responsables politiques pour tirer tous les enseignements de ce drame et éviter qu’il ne se reproduise.
La recherche des disparus continue sur le terrain, concentrée autour des cours d’eau et sur le littoral où les fortes pluies ont compliqué les opérations. L’espoir de retrouver des survivants s’amenuise de jour en jour. Derrière les intempéries qui s’apaisent, de longues semaines de deuil et de reconstruction attendent les habitants meurtris de ces régions.