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Federica Mogherini Démissione Explosive pour Corruption

Federica Mogherini, ex-cheffe de la diplomatie européenne, vient de démissionner brutalement du Collège d’Europe après avoir été inculpée pour corruption et favoritisme. Un contrat de formation à plusieurs millions d’euros serait au cœur du scandale. Mais jusqu’où ira l’enquête du parquet européen ?

Imaginez la scène : une figure emblématique de la diplomatie européenne, habituée aux sommets internationaux et aux salons feutrés de Bruxelles, se retrouve soudain au cœur d’une tempête judiciaire. Federica Mogherini, que beaucoup considéraient comme une incarnation de l’élégance et de la rigueur européenne, vient brutalement de quitter ses fonctions. La raison ? Une inculpation dans une affaire de corruption qui sent la poudre aux abords du Collège d’Europe.

Un départ qui fait l’effet d’une bombe à Bruges

Jeudi matin, le communiqué tombe comme un couperet. L’ancienne Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (2014-2019) annonce qu’elle démissionne immédiatement de son poste de rectrice du prestigieux Collège d’Europe. À 52 ans, celle qui incarnait encore récemment l’excellence académique européenne préfère tirer sa révérence plutôt que de continuer sous le poids des soupçons.

Le ton du message est à la fois digne et combatif : elle parle de « rigueur » et d’« équité » qui ont toujours guidé sa carrière. Entre les lignes, on comprend que la décision n’a rien de volontaire. C’est une sortie imposée par les événements, même si elle tente de la présenter comme un choix personnel responsable.

Que s’est-il réellement passé mardi à Bruges ?

Remontons au début de la semaine. Mardi, la police belge débarque au Collège d’Europe. Pendant de longues heures, Federica Mogherini est entendue. Dix heures d’interrogatoire, selon son avocate. À l’issue de cette journée marathon, trois personnes sont officiellement inculpées. Outre l’ancienne ministre italienne, on retrouve Cesare Zegretti, co-directeur en charge des formations, et Stefano Sannino, un très haut fonctionnaire de la Commission européenne.

Le juge d’instruction, après avoir validé les charges, décide de les libérer. Motif : aucun risque de fuite. Federica Mogherini peut donc rentrer chez elle, sans contrôle judiciaire ni interdiction de quitter le territoire. Un détail qui en dit long sur la complexité du dossier : les faits sont graves, mais les preuves de dangerosité immédiate semblent insuffisantes.

« L’interrogatoire s’est très bien passé, ça a duré très longtemps, mais dans une totale transparence et dans la sérénité »

Maître Mariapaola Cherchi, avocate de Federica Mogherini

Un contrat de formation au cœur du scandale

Au centre de l’enquête : un appel d’offres lancé en 2021-2022 par le Service européen pour l’action extérieure (EEAS). L’objectif ? Former les futurs diplomates de l’Union européenne. Un marché prestigieux, financièrement confortable, et surtout symbolique. Le Collège d’Europe, avec son campus historique de Bruges et ses antennes en Pologne et à Tirana, partait favori.

Mais les enquêteurs du parquet européen soupçonnent que tout n’a pas été régulier. L’hypothèse principale ? Le Collège aurait bénéficié d’informations privilégiées, voire d’un traitement de faveur, pour remporter le contrat. Des échanges de mails, des réunions informelles, des conflits d’intérêts : tout est passé au peigne fin.

Le parquet européen, créé précisément pour traquer les détournements de fonds européens, ne fait pas dans la demi-mesure. Les chefs d’inculpation sont lourds : fraude, corruption dans les marchés publics, conflit d’intérêts, violation du secret professionnel. Des qualifications qui peuvent valoir plusieurs années de prison.

Le Collège d’Europe, une institution intouchable ?

Pour comprendre l’ampleur du choc, il faut mesurer ce que représente le Collège d’Europe. Fondé juste après la Seconde Guerre mondiale, il forme depuis 1949 l’élite administrative et diplomatique du continent. Des milliers de fonctionnaires européens, commissaires, ambassadeurs en sont issus. On l’appelle parfois « l’ENA européenne » ou « l’ENA de Bruges ».

Diriger cette institution, c’est occuper un poste à la croisée de l’académique et du politique. Federica Mogherini y avait été nommée en 2020, avec le soutien affiché de nombreuses capitales. Sa légitimité semblait incontestable. Voir aujourd’hui cette même institution éclaboussée par une affaire judiciaire crée un séisme.

Le Collège d’Europe en quelques chiffres :

  • Plus de 70 ans d’existence
  • Campus à Bruges, Natolin (Pologne) et Tirana (Albanie)
  • Des milliers d’anciens élèves dans les institutions européennes
  • Formation post-universitaire d’excellence en affaires européennes

Stefano Sannino, le deuxième homme fort dans la tourmente

L’autre personnalité de poids impliquée n’est pas n’importe qui. Stefano Sannino occupait jusqu’à mercredi le poste de secrétaire général adjoint du Service européen pour l’action extérieure. Autrement dit, l’un des plus hauts fonctionnaires de la diplomatie européenne. Lui aussi a annoncé quitter ses fonctions prématurément, dès le lendemain de son inculpation.

La concomitance des deux départs, à 24 heures d’intervalle, en dit long sur la gravité perçue de la situation. Quand deux figures aussi importantes choisissent de se mettre en retrait, c’est que la pression est devenue intenable.

Une défense qui mise sur la transparence

Dans son communiqué de démission, Federica Mogherini insiste sur sa fierté d’avoir dirigé le Collège. Elle évoque le soutien des étudiants et des anciens de l’Académie diplomatique européenne – précisément le programme financé par le contrat incriminé. Un moyen de rappeler qu’au-delà des soupçons, le travail accompli était reconnu.

Son avocate, elle, parle d’un interrogatoire « serein » et « transparent ». Un message clair : sa cliente n’a rien à cacher et entend se défendre bec et ongles. Reste à savoir si cette stratégie de communication suffira face à la machine judiciaire européenne.

Quelles conséquences pour l’Union européenne ?

Cette affaire tombe au plus mauvais moment pour Bruxelles. L’Union européenne tente de renforcer sa crédibilité sur la scène internationale, notamment face à la montée en puissance de la Chine et aux incertitudes américaines. Voir d’anciens hauts responsables éclaboussés par des soupçons de corruption n’est pas le meilleur signal.

Le parquet européen, encore jeune (créé en 2021), marque ici des points. En s’attaquant à des personnalités de ce calibre, il affirme son indépendance et sa détermination. Mais il marche aussi sur des œufs : trop de zèle pourrait être perçu comme une chasse aux sorcières, pas assez comme de l’impuissance.

Pour le Collège d’Europe, c’est une crise institutionnelle sans précédent. L’établissement va devoir nommer un nouveau recteur dans l’urgence, tout en restaurant une image ternie. Les étudiants actuels, eux, se retrouvent au milieu d’une tempête médiatique qu’ils n’avaient certainement pas anticipée en s’inscrivant.

Et maintenant ?

L’enquête ne fait que commencer. Les perquisitions se poursuivent, les ordinateurs et téléphones saisis sont en cours d’analyse. D’autres noms pourraient émerger dans les semaines à venir. Le parquet européen a déjà montré qu’il n’hésitait pas à frapper fort, même au plus haut niveau.

Federica Mogherini, elle, se retrouve dans une position délicate. Habituée à défendre l’État de droit sur la scène internationale, elle doit désormais le vivre de l’intérieur, en tant que justiciable. Une ironie du sort dont peu de responsables politiques sont épargnés.

Une chose est sûre : cette affaire n’a pas fini de faire parler. Entre les couloirs feutrés de Bruges et les bureaux bruxellois, le parfum de scandale risque de flotter encore longtemps. Et pendant ce temps, l’Europe continue de former ses futurs diplomates… en espérant qu’ils apprennent aussi la vertu par l’exemple du contre-exemple.

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