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Face au Rassemblement national, le bastion communiste de Martigues menacé

À Martigues, fief historique du PCF, le député sortant Pierre Dharréville est menacé par le candidat RN Emmanuel Fouquart. Dans cette circonscription ouvrière concentrant de vastes complexes industriels, la bataille s'annonce serrée. Qui l'emportera dans ce duel gauche-extrême droite? Éléments de réponse.

Aux confins des Bouches-du-Rhône, nichée entre l’étang de Berre et les imposants complexes pétrochimiques de Fos-sur-Mer, la ville de Martigues vit au rythme d’une bataille politique serrée. Ici, dans ce bastion historique du Parti communiste français, le député sortant Pierre Dharréville affronte une vague montante : celle du Rassemblement national, incarné par Emmanuel Fouquart. Un duel gauche-extrême droite aux allures de test grandeur nature pour ce territoire ouvrier.

Le PCF sur la défensive

Pierre Dharréville, 49 ans, ex-journaliste devenu figure locale du PCF, a été élu député en 2017. Mais dimanche dernier, il a été devancé au premier tour par le candidat RN, récoltant 36,02% des voix contre 47,53% pour son adversaire. Un écart conséquent dans une circonscription qui vote communiste depuis des décennies.

Pourtant, le député sortant garde espoir : “Les voix républicaines sont majoritaires dans la circonscription. Donc je m’emploie à les rassembler”, martèle-t-il, fort du soutien de la candidate macroniste arrivée troisième. Sur le terrain, à la rencontre des habitants, beaucoup le connaissent et l’apprécient pour sa “grande disponibilité et son honnêteté”, selon Stéphane Catalano, patron d’un bar-restaurant local.

Le RN en embuscade

Face à lui, Emmanuel Fouquart, 57 ans, mène une campagne plus discrète, axée sur les thématiques nationales du RN. “Il y a des projets qu’il faut faire avancer en local mais l’enjeu est national”, assume-t-il, distribuant des tracts à l’effigie de Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon. Une stratégie payante au premier tour, où il a récolté 31% des voix, en progression constante depuis plusieurs scrutins.

Le maire PCF de Martigues, Gaby Charroux, dénonce un candidat RN “invisible”, qui profite avant tout d’une dynamique nationale, tandis que certains électeurs, comme Éric Macchiarella, maraîcher sur le marché, assument un vote contestataire : “Je ne fais pas de politique, je vote pour un changement radical”.

Des enjeux locaux cruciaux

Au cœur des préoccupations des habitants de cette zone industrielle, classée parmi les plus polluées de France : la nécessaire transition écologique de l’économie locale et la préservation des emplois. Pierre Dharréville s’est ainsi fait le porte-voix des salariés d’Ascometal, menacés par les difficultés de leur entreprise, finalement reprise par un groupe italien fin mai.

Avec Monsieur Dharréville, on sait ce qu’on défend.

– François Barge, délégué CGT du site Ascometal

Le pouvoir d’achat est aussi un sujet majeur. Le communiste veut “agir” en “soutenant les petites entreprises”, quand le RN prône des baisses de TVA ciblées. Sur la transition énergétique, les deux candidats divergent sur un projet de ligne à très haute tension, soutenu par Dharréville mais dénoncé par Fouquart, qui y voit une menace pour la biodiversité de la plaine de la Crau.

Un scrutin national, des enjeux locaux

À l’heure du vote, dimanche, les électeurs de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône devront trancher. Entre la fidélité à une histoire ouvrière et communiste incarnée par Pierre Dharréville, et la tentation d’un vote contestataire et nationaliste porté par Emmanuel Fouquart. Un choix qui résonnera bien au-delà de Martigues et de Fos-sur-Mer, comme un symbole des bouleversements politiques à l’œuvre dans les bastions industriels français.

Car au-delà des enjeux locaux, cruciaux pour ce territoire en pleine mutation, c’est bien une bataille politique nationale qui se joue ici. Le PCF parviendra-t-il à conserver l’un de ses derniers fiefs en Provence-Alpes-Côte d’Azur? Ou cèdera-t-il face à la poussée du Rassemblement national, qui confirmerait ainsi son ancrage dans ces terres ouvrières? Réponse au soir du second tour.

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