Les débats sur le projet de loi de finances 2025 s’annoncent particulièrement tendus à l’Assemblée nationale. Selon des sources proches du parti d’extrême droite Rassemblement National (RN), celui-ci a d’ores et déjà annoncé son intention de voter contre le budget présenté par le gouvernement. Une position tranchée qui fait peser la menace d’une motion de censure sur l’exécutif, minoritaire au Palais Bourbon depuis les dernières élections législatives.
Un budget sous haute tension
Tanguy, chef de file du groupe RN sur le projet de loi de finances, a affirmé sans détour : “On votera contre”. Une déclaration qui vient clarifier la position du parti de Marine Le Pen, jusqu’alors assez floue, oscillant entre vote contre et abstention. Mais les lignes semblent désormais tracées, et le bras de fer engagé avec le gouvernement.
Pour Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement National, le gouvernement est en train de créer les conditions de sa propre censure. Il dénonce notamment le report de six mois de l’indexation des retraites, qualifié de “ligne rouge” par le RN. Un point de friction majeur dans les discussions budgétaires à venir.
Un déficit à réduire, un gouvernement sous pression
L’objectif affiché du projet de budget 2025 est ambitieux : ramener le déficit public à 5% du PIB l’année prochaine, alors qu’il pourrait atteindre 6,2% en 2024. Un enjeu crucial pour le gouvernement, sous la surveillance étroite des agences de notation, de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International.
Pour y parvenir, l’exécutif entend réaliser un effort de 60 milliards d’euros. Mais sans majorité à l’Assemblée nationale depuis les élections anticipées de l’été dernier, la tâche s’annonce ardue. Le paysage politique fragmenté, avec une coalition de gauche arrivée en tête mais absente du gouvernement, un centre droit macroniste affaibli et une extrême droite déterminée, laisse présager de vifs affrontements dans l’hémicycle.
Des propositions alternatives de la gauche
Du côté de la gauche, des voix s’élèvent pour défendre une autre vision budgétaire. Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, estime que le budget proposé reste compatible avec les orientations portées par la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NFP). Des amendements de la gauche, adoptés en commission, proposent de nouvelles recettes :
- Taxe sur la délocalisation des profits des multinationales
- Taxe sur les super profits
- Taxe sur les transactions financières
Des mesures qui pourraient, selon les estimations avancées, rapporter entre 26 et 43 milliards d’euros supplémentaires. De quoi réduire les tensions sur le budget, à condition de trouver des compromis politiques dans une Assemblée plus que jamais divisée.
Le spectre du 49.3 et d’une nouvelle dissolution
Face à ces oppositions, le gouvernement joue gros. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, a dénoncé les 40 milliards de hausse d’impôts portés par les amendements de la gauche à l’Assemblée. Un bras de fer qui pourrait conduire à un nouveau recours au 49.3 par l’exécutif, voire à une dissolution si le blocage persiste. Des scénarios que chaque camp veut éviter, mais qui planent comme une épée de Damoclès sur ces débats budgétaires à haut risque.
Les prochains jours s’annoncent donc cruciaux pour l’avenir de ce budget 2025 et plus largement pour la stabilité politique du pays. Entre recherche de compromis et lignes rouges, entre impératif de redressement des comptes publics et préservation du pouvoir d’achat, l’équation budgétaire est plus que jamais complexe à résoudre. Et chaque camp semble déterminé à ne pas céder, quitte à précipiter une nouvelle crise politique majeure. Les Français retiennent leur souffle, dans l’attente d’un épilogue qui s’annonce d’ores et déjà sous haute tension.