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Extrême Droite Française : Soutien Prudent à Trump

L'extrême droite française, en particulier le Rassemblement national, fait preuve d'une prudence inédite dans son soutien à Donald Trump pour la présidentielle américaine de 2024. Malgré l'enthousiasme de certains membres...

L’élection présidentielle américaine de 2024 approche à grands pas, et l’extrême droite française semble avoir changé de ton vis-à-vis de Donald Trump. Le Rassemblement national (RN), principal parti d’extrême droite en France, fait preuve d’une prudence inhabituelle dans son soutien au candidat républicain, pourtant adulé par le passé. Cette frilosité tranche avec l’enthousiasme affiché par certains membres du parti.

Un soutien plus mesuré qu’en 2016 et 2020

Lors des précédentes élections présidentielles américaines, Marine Le Pen, figure de proue du RN, n’avait pas hésité à afficher son soutien à Donald Trump. En 2016, elle déclarait sans détour : “Si j’étais Américaine, je voterais tout sauf Hillary Clinton”. Rebelote en 2020, où elle qualifiait une éventuelle élection de Joe Biden de “véritable catastrophe”.

Mais pour 2024, le ton est différent. Jordan Bardella, nouveau dirigeant du RN, se montre plus évasif, louant le patriotisme de Trump sans pour autant lui apporter un soutien inconditionnel. “Donald Trump défend l’intérêt des Américains et une forme de fierté américaine. Et j’aime ce patriotisme”, déclare-t-il prudemment.

Des personnalités RN toujours enthousiastes

Malgré cette réserve affichée, certains membres du RN ne cachent pas leur admiration pour le candidat républicain. C’est le cas d’Eric Ciotti, ex-patron des Républicains rallié au RN, qui estime qu’une élection de Trump “serait plus profitable pour les équilibres économiques et politiques” du monde. Il critique au passage “la dérive vers la gauche et l’ultra-gauche” des démocrates américains.

De son côté, Jean-Philippe Tanguy, député RN, épingle “les médias” qui tenteraient “de faire peur aux Français en présentant Trump comme une espèce de nouveau fasciste, en présentant Kamala Harris comme le messie”. Une façon de défendre indirectement le candidat républicain.

Un électorat RN partagé sur la question

Cette prudence du RN s’explique peut-être par la position de son électorat sur le sujet. Selon un récent sondage Elabe, seuls 30% des électeurs RN souhaitent une victoire de Donald Trump, contre 46% favorables à Kamala Harris. Un écart significatif qui reflète une certaine division au sein de la base du parti.

Les dirigeants du RN n’ont pas intérêt à trop s’approcher ou à trop s’éloigner de Trump, parce que peut-être qu’une partie de leur électorat le plus radicalisé est pro-Trump, mais clairement pas tous leurs électeurs.

Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos

Pour le politologue, “une partie de leurs nouveaux éléments jugent que Trump va trop loin. Dans ce contexte, c’est difficile pour le RN de prendre position.” Un grand écart que le parti tente de gérer en adoptant une posture en demi-teinte.

Reconquête ! assume son soutien à Trump

À l’inverse, le parti Reconquête ! d’Eric Zemmour affiche un soutien sans ambages à Donald Trump. L’eurodéputée Sarah Knafo le présente comme un modèle pour la droite conservatrice française, louant “le candidat de l’identité nationale et de la paix” qui “défend la liberté d’expression aux côtés d’Elon Musk contre tous les censeurs”.

Une position tranchée qui contraste avec la prudence affichée par le Rassemblement national. Reste à savoir si cette stratégie s’avérera payante pour le parti d’Eric Zemmour, qui peine à décoller dans les sondages depuis la présidentielle de 2022.

Un contexte politique américain tendu

Il faut dire que le paysage politique américain a bien changé depuis 2016. Les outrances de Trump, son refus d’admettre sa défaite en 2020, l’assaut du Capitole en janvier 2021… Autant d’éléments qui rendent le soutien à sa candidature plus délicat, y compris pour une extrême droite française soucieuse de lisser son image.

“Je respecterai le vote des électeurs américains”, assure prudemment Jordan Bardella, comme pour couper court aux spéculations sur une éventuelle contestation des résultats en cas de défaite de Trump. Une précaution qui en dit long sur la fébrilité entourant cette élection présidentielle américaine pas comme les autres…

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