C’est une annonce qui a pris de court le monde politique français. Lors d’une allocution télévisée surprise ce dimanche soir, Eric Zemmour a déclaré qu’il renonçait à se présenter aux élections législatives de 2024. La raison invoquée par l’ancien candidat à la présidentielle ? Ne pas faire “barrage” à un candidat du Rassemblement National dans la circonscription visée. Une décision lourde de sens, qui suscite de nombreuses interrogations sur la recomposition en cours à l’extrême-droite hexagonale.
Un choix stratégique et un geste d’apaisement
Dans son discours diffusé en direct sur BFMTV, Eric Zemmour a tenu à justifier sa décision. “Je ne demande rien, ni circonscription, ni ministère, je n’exige rien”, a-t-il martelé, comme pour couper court aux spéculations sur d’éventuelles contreparties. L’ancien polémiste a préféré mettre en avant sa volonté de ne pas diviser les voix de l’extrême-droite, dans un contexte où le RN est donné favori dans de nombreuses circonscriptions.
En choisissant de se retirer de la course, Eric Zemmour adresse un signal fort au parti de Marine Le Pen. Un geste d’apaisement, après une campagne présidentielle marquée par de vives tensions entre les deux camps. Mais aussi un choix stratégique, celui de privilégier l’unité des droites radicales pour peser davantage à l’Assemblée nationale.
Les coulisses d’une décision surprise
Si l’annonce d’Eric Zemmour a surpris jusqu’à ses propres soutiens, elle semble avoir été mûrement réfléchie en coulisses. Selon nos informations, des émissaires de Reconquête!, le parti fondé par Zemmour, auraient rencontré des cadres du RN ces dernières semaines pour évoquer un potentiel modus vivendi électoral. L’objectif : éviter une dispersion des voix pouvant faire le jeu de la majorité présidentielle et de la gauche.
Reste à savoir si cette main tendue sera saisie par Marine Le Pen. Pour l’heure, le RN n’a pas officiellement réagi à la déclaration d’Eric Zemmour. Mais en privé, certains cadres saluent un “geste responsable” et n’excluent pas des accords locaux avec Reconquête! dans certaines circonscriptions clés.
Quelles conséquences pour l’extrême-droite ?
Au-delà des législatives, le retrait d’Eric Zemmour pourrait avoir des répercussions durables sur l’échiquier politique. Beaucoup y voient le signe d’un rapprochement en cours entre le RN et la droite radicale incarnée par l’ancien journaliste. Une hypothèse renforcée par la tonalité de son discours, où il a multiplié les appels du pied en direction des électeurs lepénistes.
“Les patriotes doivent s’unir pour défendre la France. Nos divergences sont secondaires face aux périls qui menacent notre pays”
Eric Zemmour lors de son allocution du 11 juin
A l’inverse, ce choix risque de déstabiliser Reconquête!, déjà fragilisé par son échec à la présidentielle. Sans la figure tutélaire d’Eric Zemmour pour aborder ces législatives, le jeune parti aura du mal à exister face au rouleau compresseur du RN. Certains cadres pourraient d’ailleurs être tentés de rejoindre les rangs lepénistes, voyant dans cette main tendue une opportunité à saisir.
Une chose est sûre : à un an des élections législatives, Eric Zemmour vient de redistribuer les cartes à l’extrême-droite. Son choix aura forcément un impact sur les rapports de force et les stratégies d’alliances. Avec en toile de fond cette question : assistons-nous au “big bang” patriote tant attendu par Marine Le Pen ? Réponse dans les urnes, en juin 2024.
