Les élections législatives 2024 ont démarré sur les chapeaux de roues, avec leur lot de surprises et de rebondissements. Parmi les personnalités politiques qui ont tiré leur épingle du jeu lors de ce premier tour, Éric Ciotti figure en bonne place. Le député sortant des Alpes-Maritimes et président contesté des Républicains a réussi son pari en arrivant en tête dans son fief grâce à un rapprochement stratégique avec le Rassemblement National. Une performance qui en dit long sur les nouvelles dynamiques à l’œuvre sur l’échiquier politique français.
Une alliance payante avec le RN
En nouant des alliances avec le parti de Marine Le Pen, Éric Ciotti a réussi un coup de maître. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec seulement une soixantaine de candidats investis, les troupes de Ciotti ont engrangé plus d’un million de voix, soit presque la moitié du score réalisé par Les Républicains “canal historique” qui alignaient pourtant pas moins de 400 candidats. Un rapport force-nombre de voix très favorable qui prouve que le pari de Ciotti a séduit une partie non négligeable de l’électorat de droite.
Au-delà des retombées financières positives pour son microparti “Les amis d’Éric Ciotti”, cette percée révèle que le positionnement du président des Républicains, souvent jugé trop à droite par ses détracteurs, répond à une vraie attente d’une frange des électeurs. En jouant la carte du rapprochement avec le RN, Ciotti a réussi à capter ce vote contestataire et à asseoir son leadership sur la droite de la droite.
Mobiliser au second tour
Mais la partie est loin d’être gagnée pour le député des Alpes-Maritimes. S’il est arrivé en tête au premier tour dans son fief, Éric Ciotti doit maintenant transformer l’essai dimanche prochain face à une gauche et des macronistes qui pourraient être tentés de s’allier pour le faire chuter. Le spectre d’un “front républicain” visant à contrer son accession à l’Assemblée nationale est agité par ses opposants.
Pour l’emporter, Ciotti va devoir mobiliser au maximum son électorat et espérer que le réservoir de voix du RN se reporte massivement sur son nom. Un défi de taille sachant que la participation s’annonce une nouvelle fois assez faible et que les reports de voix entre deux tours ne sont jamais automatiques. Preuve que malgré sa bonne performance initiale, rien n’est encore joué pour le chantre de la droite décomplexée.
Un test pour la refondation de la droite
Au-delà du cas Ciotti, ces élections législatives sont un véritable test grandeur nature pour la ligne défendue par le président des Républicains depuis son accession à la tête du parti. En misant sur une droite plus radicale, proche des thèses du RN sur les sujets régaliens comme l’immigration ou la sécurité, Ciotti joue une partition qui tranche avec le positionnement centriste traditionnel de sa famille politique. Une stratégie payante au premier tour mais dont la viabilité sur le long terme reste à démontrer.
“Mon objectif est de refonder la droite, de lui redonner une colonne vertébrale idéologique claire”
Éric Ciotti dans Le Figaro, mars 2024
Si Les Républicains version Ciotti réalisent une contre-performance dimanche prochain, la stratégie du patron de LR risque d’être sérieusement remise en cause en interne. À l’inverse, un succès final viendrait conforter ses choix et pourrait lui permettre de s’imposer comme le nouveau leader incontesté de la droite française. Réponse dans une semaine dans les urnes.
En attendant, une chose est sûre : avec un Éric Ciotti jouant son va-tout, un RN en embuscade et une gauche requinquée qui rêve de faire tomber quelques têtes, le second tour de ces législatives s’annonce d’ores et déjà palpitant. Suspense et coups de théâtre en perspective !
