C’est un véritable raz-de-marée tricolore qui a déferlé sur Hollywood ! Jeudi dernier, l’annonce des nominations aux prestigieux Oscars a sonné comme un coup de tonnerre dans le microcosme du septième art : le film français « Emilia Perez » de Jacques Audiard a raflé pas moins de 13 nominations, s’imposant comme le grand favori de cette 97e édition.
Cette odyssée musicale audacieuse, qui narre la quête identitaire d’un narcotrafiquant mexicain en transition de genre, a séduit l’Académie dans la plupart des catégories reines : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur film international, mais aussi de nombreuses catégories techniques pour sa bande originale et sa musique.
Une consécration pour le cinéma français
Avec 13 citations, « Emilia Perez » entre dans l’histoire comme le film non anglophone le plus nommé de tous les temps, détrônant « Tigres et Dragons » d’Ang Lee et « Roma » d’Alfonso Cuaron, qui détenaient jusqu’ici le record avec 10 nominations chacun. Une consécration majeure pour le cinéma français, et un triomphe personnel pour Jacques Audiard, cinéaste aventureux déjà récompensé par la Palme d’Or en 2015.
Mais la réussite française ne s’arrête pas là : un autre long-métrage tricolore, le film d’horreur « The Substance » de Coralie Fargeat, a également tiré son épingle du jeu avec 5 nominations, dont celles du meilleur film et de la meilleure actrice pour Demi Moore. Une double performance qui confirme la vitalité et l’audace du cinéma hexagonal.
Premières historiques et poids lourds
Au-delà du triomphe français, ces nominations ont également mis en lumière de belles histoires individuelles. Karla Sofía Gascón, interprète flamboyante du rôle titre d' »Emilia Perez », est ainsi devenue la première actrice ouvertement transgenre nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice. Elle affrontera Demi Moore, Mikey Madison pour « Anora », Cynthia Erivo pour « Wicked », et la Brésilienne Fernanda Torres pour « Je suis toujours là ».
Côté masculin, le grand favori Adrien Brody tentera de décrocher son second Oscar pour « The Brutalist », face à des pointures comme Ralph Fiennes (« Conclave »), Timothée Chalamet (« Un Parfait Inconnu ») ou encore Sebastian Stan, remarqué pour son incarnation glaçante du jeune Donald Trump dans « The Apprentice ».
Controverses et messages politiques
L’Académie a d’ailleurs envoyé un message fort en nommant « The Apprentice », sulfureuse évocation des jeunes années de l’ancien président américain, menacé de poursuites par les avocats de Donald Trump. Le film, qui contient notamment une scène de viol conjugal, a suscité une vive polémique outre-Atlantique.
Clin d’œil politique assumé : Jeremy Strong, qui campe dans le long-métrage l’influent et controversé Roy Cohn, mentor de Trump, a également été cité dans la catégorie du meilleur second rôle. L’Académie, qui vote quelques jours seulement après l’investiture du nouveau président démocrate, a visiblement voulu envoyer un message clair…
Des incendies meurtriers et une cérémonie assombrie
Mais cette annonce, habituellement électrisée par la course aux statuettes, a été rattrapée par la sinistre réalité : les incendies qui ont ravagé la région de Los Angeles ont tué près d’une trentaine de personnes et forcé des milliers d’habitants à fuir leurs maisons. Conséquence directe : la clôture du vote pour les nominations a dû être repoussée, et l’annonce des heureux élus s’est déroulée en ligne et en comité restreint.
De quoi bouleverser les rapports de force ? Difficile à dire. Comme le soulignait Pete Hammond, chroniqueur du site Deadline, « beaucoup de membres de l’Académie ont perdu leur maison » dans ces tragiques incendies. « Certains n’auront tout simplement pas voté », prédit-il, laissant augurer d’une influence accrue des votants internationaux, traditionnellement plus sensibles aux productions non-anglophones et d’auteur.
Des Oscars ouverts sur le monde
Le reste des nominations semble d’ailleurs confirmer cette tendance : en dehors des raz-de-marée « Emilia Perez » et « The Substance », on retrouve également dans la course le film brésilien « Je suis toujours là » (3 nominations dont celle du meilleur film), ou encore un contingent fourni de stars européennes, de la Française Juliette Binoche à l’Espagnol Javier Bardem en passant par l’Irlandais Colin Farrell.
De quoi présager une cérémonie ouverte sur le monde et résolument tournée vers l’international ? Réponse dans un mois, pour une 97e édition qui s’annonce d’ores et déjà historique. Malgré les drames et les controverses qui assombrissent Hollywood, la magie du cinéma, elle, opère toujours…