Les élections législatives partielles dans les Ardennes ont réservé une grosse surprise ce dimanche, avec le candidat du Rassemblement national Jordan Duflot qui arrive largement en tête du premier tour. Avec 39,12% des voix selon les résultats officiels, le jeune espoir du parti à la flamme devance nettement ses concurrents et se positionne en grand favori pour succéder au député RN démissionnaire.
En face, l’ancien député Renaissance Lionel Vuibert, sans étiquette mais soutenu par la majorité présidentielle, limite la casse avec 25,42%. Il sera l’adversaire de Duflot pour un duel qui s’annonce explosif lors du second tour prévu le 8 décembre. Un affrontement qui rappelle étrangement ceux entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors des deux dernières présidentielles.
LR et NFP éliminés malgré une franche progression
Les Républicains réalisent un score en nette hausse par rapport au premier tour de juin dernier, avec 16,04% des voix pour leur candidat Guillaume Maréchal. Mais en raison de la très forte abstention, cela reste insuffisant pour accéder au second tour. Une déception pour le parti de droite, allié du camp présidentiel au sein de la coalition au pouvoir.
Autre perdant de ce scrutin : le Nouveau Front populaire (NFP) de Damien Lerouge. Le socialiste plafonne à 10,64%, loin des 17,48% obtenus en juin avant son retrait en faveur du candidat macroniste pour faire barrage au RN. Pari perdu, puisque le RN l’avait tout de même emporté avec près de 53% des voix.
Jordan Duflot, la nouvelle étoile montante du RN
Âgé de seulement 22 ans, Jordan Duflot espère bien imiter son prédécesseur Flavien Termet, devenu en juillet le plus jeune député de France avant de démissionner trois mois plus tard pour raisons de santé. Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, le jeune espoir du RN a mené une campagne dynamique sur le terrain pour sa première élection.
Une ascension éclair saluée par Marine Le Pen, qui voit en ce résultat la confirmation que « la dynamique électorale s’amplifie » en faveur de son parti, après la victoire la semaine dernière du RN à Rognac dans les Bouches-du-Rhône. Des succès qui donnent des ailes au RN, alors que le gouvernement est sous la menace d’une motion de censure sur le budget.
Le RN met la pression sur le gouvernement Barnier
Avec 88 députés depuis cette législative partielle, le groupe RN à l’Assemblée nationale fait plus que jamais figure de premier opposant. Et il compte bien utiliser cette position pour faire pression sur l’exécutif, lui qui menace de voter la prochaine motion de censure de la gauche si le gouvernement recourt au 49.3 pour faire adopter son projet de budget.
Le choix sera clair dimanche prochain pour les électeurs : préparer l’alternance et sanctionner les politiques désastreuses du gouvernement, ou les cautionner.
Marine Le Pen, Présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale
Dos au mur, le Premier ministre Michel Barnier joue très gros sur ce texte. L’ancien négociateur du Brexit pour l’UE espérait un vote d’apaisement de l’Assemblée, après les remous provoqués par la réforme des retraites au 49.3 au printemps dernier. C’était sans compter ce coup de semonce inattendu dans les Ardennes, qui rebat les cartes du rapport de force au Palais Bourbon.
Les Français semblent de plus en plus réceptifs au discours du RN, qui surfe sur le rejet des élites et la défiance envers le pouvoir en place. La preuve avec ce scrutin qui a vu le parti lepeniste récolter les fruits de son implantation locale et de son image de premier opposant à « l’exécutif des riches ». Un avertissement pour la majorité à sept mois des prochaines élections européennes, où le RN compte bien confirmer son ancrage comme première force politique du pays.
