C’est un véritable imbroglio électoral qui secoue actuellement la Namibie. Alors que le pays était appelé aux urnes mercredi pour des élections présidentielle et législatives sous haute tension, de nombreux dysfonctionnements sont venus perturber le bon déroulement du scrutin. Face à l’ampleur des problèmes, la commission électorale a pris une décision aussi surprenante que contestée : prolonger le vote de deux jours supplémentaires dans certains bureaux.
La commission électorale dans la tourmente
Cette annonce fracassante de la commission électorale namibienne est tombée comme un coup de tonnerre jeudi. Evoquant des « incidents logistiques et techniques » ainsi qu’un « niveau de participation remarquable », l’instance en charge de l’organisation du vote a décrété que 36 bureaux resteraient ouverts jusqu’à samedi pour permettre à tous les électeurs de s’exprimer dans les meilleures conditions.
Une situation inédite et chaotique qui s’explique par une cascade de couacs le jour du scrutin :
- Pannes des machines de vote électroniques
- Pénuries de bulletins dans certains bureaux
- Files d’attente interminables, avec parfois jusqu’à 12h de queue pour voter
Un véritable calvaire pour les électeurs namibiens, qui se sont déplacés en masse pour participer à ces élections à l’issue plus qu’incertaine pour le parti au pouvoir depuis l’indépendance, la Swapo. Mais en prolongeant ainsi le scrutin au pied levé, la commission électorale s’attire les foudres de l’opposition.
L’opposition vent debout contre « l’amateurisme » de la commission
Sans surprise, les partis d’opposition namibiens, Swapo exceptée, ne décolèrent pas contre ce qu’ils perçoivent comme « l’amateurisme » et « l’impréparation » de la commission électorale. Jeudi, ils ont publié une déclaration commune aux accents très offensifs :
Nous demandons l’arrêt immédiat du décompte des voix et la suspension des opérations de vote.
Une ligne dure qui pourrait, si elle est maintenue, compliquer encore plus le processus électoral et sa finalisation. Les leaders de l’opposition prévoient de se réunir à nouveau pour décider d’une position commune et de la marche à suivre. Mais d’ores et déjà, ils dénoncent une « atteinte à la sincérité du scrutin ».
Le parti Swapo en danger
Au-delà des polémiques, ces élections s’annonçaient déjà historiques pour la Swapo, la toute-puissante formation politique qui domine la vie politique namibienne depuis 1990. Mais le parti est aujourd’hui fragilisé par :
- Un chômage de masse chez les jeunes
- Des inégalités sociales qui ne se résorbent pas
- Un besoin de renouvellement générationnel
Dans ce contexte, sa candidate Netumbo Nandi-Ndaitwah, qui espère devenir la première femme présidente du pays, pourrait être contrainte à un second tour. Du jamais vu sous l’ère Swapo. Certains analystes évoquent même le spectre d’une défaite, à l’image d’autres grands partis de libération en Afrique australe, comme l’ANC en Afrique du Sud.
Les prochains jours décisifs
Quoi qu’il en soit, les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir politique de la Namibie. Si le processus électoral et les résultats venaient à être trop contestés, le pays pourrait s’enfoncer dans une crise politique et institutionnelle. Un scénario du pire encore inimaginable il y a quelques années pour cette jeune démocratie, souvent citée en exemple sur le continent africain.
Les regards seront donc braqués sur la commission électorale, qui devra impérativement garantir la transparence et la crédibilité du vote. Mais aussi sur la Swapo, qui jouera sans doute son destin politique lors de ce scrutin à haut risque. Une chose est sûre : la démocratie namibienne est plus que jamais à la croisée des chemins.