En cette campagne présidentielle américaine 2024, un enjeu crucial est dangereusement négligé : les droits et libertés des femmes. Derrière les promesses électorales et les invectives, se profile une menace bien réelle. Celle d’un retour en arrière, vers une Amérique où la place des femmes se cantonnait au foyer et à l’éducation des enfants. Une vision rétrograde que semblent partager le candidat républicain Donald Trump et plusieurs de ses plus fervents soutiens.
Trump et ses alliés : une idéologie inquiétante pour les femmes
Les récentes déclarations de figures pro-Trump donnent froid dans le dos. Elon Musk, le sulfureux patron de Tesla et soutien revendiqué de Trump, a récemment affirmé que les femmes devaient avant tout se consacrer à leur famille. Une position partagée par JD Vance, colistier de Trump, qui fustige avec mépris les “femmes à chat” ayant choisi la carrière plutôt que le foyer.
Ces hommes qui craignent d’être “remplacés” par des migrants, redoutent aussi de l’être par des femmes intelligentes et compétentes, les dépossédant des pouvoirs qu’ils croient leur droit naturel.
– Marc Levy, écrivain
Au-delà des attaques personnes, c’est bien une vision de la société qui transparaît. Une Amérique où les femmes sont avant tout des épouses et des mères, où leurs aspirations propres n’ont pas droit de cité. Un modèle archaïque que l’on croyait révolu, mais qui semble faire rêver une frange conservatrice bien décidée à revenir en arrière.
Les droits reproductifs dans le viseur
La remise en cause du droit à l’avortement cristallise les craintes. Déjà fragilisé sous la précédente présidence Trump après la nomination de juges ultraconservateurs à la Cour suprême, l’arrêt Roe v. Wade garantissant un accès à l’IVG au niveau fédéral pourrait être définitivement rayé en cas de victoire républicaine. De nombreux États conservateurs n’attendent que ce feu vert pour interdire totalement l’avortement sur leur territoire.
Or loin d’être anecdotique, le droit des femmes à disposer de leur corps constitue un pilier essentiel de leur émancipation. Pouvoir choisir si et quand avoir des enfants est un prérequis pour étudier, travailler, s’investir dans une carrière ou encore quitter un conjoint violent. Sacrifier ce droit fondamental au nom de principes moraux d’un autre âge serait un recul immense pour les Américaines.
Quand “protéger la famille” rime avec reléguer les femmes
Plus largement, c’est la place des femmes dans la société que le camp républicain semble remettre en cause. Sous couvert de vouloir “protéger la famille traditionnelle”, Trump et ses alliés dessinent les contours d’une Amérique profondément patriarcale :
- Femmes incitées à rester au foyer pour s’occuper des enfants et du ménage
- “Pénalisation” des mères qui travaillent via des modes de garde hors de prix
- Peu d’investissement dans des congés parentaux dignes de ce nom
- Sous-représentation politique, maintenant les lois aux mains des hommes
Bref, un climat hostile aux femmes souhaitant exister en dehors de la sphère familiale. Et faire en sorte qu’elles n’aient pas d’autre choix que de s’y cantonner…
Les Américaines, grandes absentes de la campagne ?
Alors que la présidentielle entre dans sa dernière ligne droite, force est de constater que les droits des femmes restent le point aveugle des débats. Droits reproductifs menacés, inégalités salariales abyssales, harcèlement, violences… Autant de défis cruciaux pour les Américaines, mais quasi absents des échanges entre candidats.
Il est plus que temps de remettre ces enjeux sur le devant de la scène. Que démocrates comme républicains présentent leur vision et leurs propositions concrètes pour l’égalité. Les femmes représentent plus de la moitié de l’électorat américain, il est impensable que leurs droits ne soient pas au cœur de la campagne !
2024 : un référendum sur les droits des femmes ?
Alors à l’aube de ce scrutin crucial, une question se pose : l’élection de 2024 pourrait-elle se transformer en référendum sur les droits des femmes ? Face à la menace d’une vision réactionnaire portée par Trump et ses soutiens, la mobilisation de toutes les forces progressistes sera essentielle.
Aux États-Unis certainement, la place des femmes dans la société sera l’un des grands enjeux du prochain mandat présidentiel. Espérons que les Américaines seront au rendez-vous dans les urnes, pour défendre des droits si durement acquis et tracer les contours d’une société réellement égalitaire. L’avenir dira si 2024 était un tournant. Celui du retour en arrière tant redouté, ou au contraire d’une Amérique qui avance, où chacune est libre de ses choix.