Derrière chaque fait divers se cachent des destins brisés, des vies à jamais marquées par le sceau de la violence. C’est ce que nous rappelle aujourd’hui l’ancien chef de la police du Val-d’Oise, Frédéric Lauze, dans un témoignage exclusif au Figaro sur une affaire qui résonne tragiquement avec l’actualité.
Le viol de Taverny, prélude au drame de Philippine
En cette fin d’été 2019, une étudiante de 23 ans se promène sur un chemin forestier de Taverny, dans le Val-d’Oise. Elle croise alors la route de Taha O., un Marocain de 17 ans arrivé en France deux mois plus tôt avec un visa touristique expiré. Pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, le jeune homme s’avère être un prédateur sexuel d’une extrême dangerosité.
En quelques instants, l’insouciance d’une promenade se transforme en cauchemar. L’étudiante est violée, sa vie bascule. Mais dans cette tourmente indicible, elle trouve la force de ne pas perdre pied. Malgré la peur, elle parvient à nouer un dialogue avec son agresseur, à le rassurer, à lui faire croire qu’ils se reverront. Une présence d’esprit qui lui sauve sans doute la vie, comme le souligne Frédéric Lauze :
Après le viol, la jeune victime a eu la sensation qu’elle pouvait mourir. Elle a eu l’impression de sauver sa peau seconde par seconde. Elle a réussi à “gérer sa sortie” pour échapper à l’emprise de ce prédateur.
– Frédéric Lauze, ancien chef de la police du Val-d’Oise
Un suspect sous le coup d’une OQTF
Ce drame révèle de troublantes défaillances. Car Taha O. n’aurait jamais dû se trouver là, ce jour funeste de 2019. Arrivé illégalement sur le territoire, il était sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Une mesure qui, si elle avait été appliquée, aurait pu éviter le pire. Une question lancinante que soulève aujourd’hui le meurtre de Philippine à Massy.
Car c’est bien ce même Taha O., désormais âgé de 22 ans, qui est suspecté d’avoir tué et violé cette étudiante de 24 ans à son retour de l’université. Un acte d’une effroyable barbarie qui plonge la France dans la consternation et la colère.
La victime de 2019, un exemple de résilience
Si l’issue fut tragique pour Philippine, l’histoire de l’étudiante de Taverny nous offre malgré tout une lueur d’espoir. Par son courage et sa lucidité face à l’innommable, elle nous montre le chemin d’une résilience possible. Son calvaire interroge aussi notre système judiciaire et migratoire, nos failles et nos angles morts face à la menace des criminels récidivistes.
Je suis descendu à l’étage des enquêteurs pour rencontrer la victime et sa mère. On avait un individu qui était un prédateur sexuel très dangereux.
– Frédéric Lauze se remémorant l’affaire
À l’époque, Frédéric Lauze est marqué par cette jeune fille meurtrie mais debout. Il salue aussi le travail remarquable de la brigade criminelle, dont la réactivité et la mobilisation ont permis d’arrêter rapidement le suspect du meurtre de Philippine, malgré sa fuite à l’étranger.
Mais au-delà d’un fait divers sordide, c’est tout un système qui vacille. Comment un migrant clandestin, connu pour des faits d’une telle gravité, a-t-il pu passer entre les mailles du filet pendant des années ? Comment prévenir ces drames qui endeuillent des familles et traumatisent des victimes à vie ?
Autant de questions cruciales que soulève cette affaire, et qui exigent des réponses franches et courageuses de nos institutions. Car il en va de la sécurité et de la confiance de nos concitoyens. La mémoire de Philippine et le combat de la jeune femme de Taverny nous obligent.