Un fait divers insolite survenu outre-Atlantique pourrait bien avoir un impact insoupçonné sur le don d’organes en France. Le réveil inattendu d’un trentenaire américain en état de “mort cérébrale”, quelques instants avant un prélèvement, sème le trouble dans l’hexagone. L’Agence de biomédecine tire la sonnette d’alarme face à une hausse inquiétante des refus de dons ces derniers jours.
L’onde de choc d’un réveil inespéré
L’histoire remonte à 2021, dans un hôpital du Kentucky. Un homme d’une trentaine d’années, victime d’une overdose, est déclaré en état de mort cérébrale. Alors que l’équipe médicale s’apprête à procéder au prélèvement d’organes, le patient ouvre subitement les yeux. Un scénario digne d’un film qui a pourtant bien eu lieu.
Relatée par le média américain NPR ce week-end, cette histoire a rapidement été reprise par la presse française. Et les conséquences ne se sont pas fait attendre. D’après l’Agence de la biomédecine, les demandes d’inscription au registre national des refus ont été multipliées par dix en l’espace de quelques jours. Une réaction aussi vive qu’inattendue.
Des procédures françaises ultra-strictes
Pourtant, d’après l’agence, un tel scénario serait “impossible en France”. Les critères pour déclarer un patient en état de mort cérébrale y sont drastiques. Plusieurs médecins réalisent une batterie d’examens, dont de l’imagerie médicale, ne laissant aucune place au doute. De plus, l’information rapportée par NPR est jugée “hautement suspecte” par les anesthésistes français.
Des milliers de personnes sont en attente d’une greffe vitale en France, nous ne pouvons pas laisser circuler une information non vérifiée et si préjudiciable pour ces patients.
L’Agence de biomédecine
Un contexte français déjà tendu
Cette polémique tombe au plus mal dans un contexte français où les dons d’organes peinent à répondre aux besoins. En 2023, plus de 5600 patients ont pu bénéficier d’une greffe. Un chiffre en hausse, mais encore insuffisant face à une demande croissante. L’an dernier, 20% des greffes n’ont pas pu être réalisées, faute de greffons disponibles.
Malgré une opinion publique majoritairement favorable au don d’organes, avec près de 80% des Français qui y sont favorables selon un sondage récent, le passage à l’acte reste difficile. Les refus émanent souvent des proches du défunt au moment fatidique. Un choix cornélien dans un contexte de deuil et d’incompréhension face à la notion de mort cérébrale.
Lever les doutes et les peurs
Pour l’Agence de biomédecine, il est urgent de rétablir la confiance et de dissiper les craintes suscitées par ce fait divers. Une campagne d’information est envisagée pour rappeler le sérieux et la fiabilité du protocole français. Des témoignages de patients greffés et de familles de donneurs devraient aussi être mis en avant pour redonner un visage humain à cette cause.
Car derrière les polémiques et les peurs, il y a des vies en jeu. Des hommes, des femmes et des enfants pour qui une greffe est synonyme d’espoir et de nouvelle vie. Un enjeu de santé publique majeur qui ne doit pas être mis à mal par une information mal interprétée venue d’outre-Atlantique. Le défi est de taille, mais la solidarité des Français reste le meilleur atout pour y faire face.