En ce début d’année 2025, la Pologne s’apprête à vivre un tournant politique majeur. Donald Tusk, figure incontournable de la scène européenne, vient de prendre ses fonctions de Premier ministre polonais. Un an après son élection, le pays se voit confier la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. L’occasion pour cet Européen convaincu de faire de la Pologne l’un des moteurs de l’Europe. Mais ses détracteurs l’accusent de défendre les intérêts de Bruxelles avant ceux de Varsovie.
Un parcours européen remarquable
Avant de revenir sur le devant de la scène politique polonaise, Donald Tusk a bâti une solide réputation au sein des institutions européennes. Il a notamment présidé le Conseil européen de 2007 à 2014, une période charnière marquée par la crise économique et financière. Son leadership et sa capacité à trouver des compromis ont été salués par ses pairs.
Jusqu’en 2022, il était également à la tête du Parti populaire européen (PPE), la formation politique de centre-droit au Parlement européen. Un poste stratégique qui lui a permis de tisser des liens étroits avec les dirigeants des principaux pays de l’Union.
Nous nous connaissons depuis près de dix ans maintenant, et je veux dire toute la confiance que j’ai à ton égard, cher Donald.
Emmanuel Macron, Président français, lors d’une visite à Varsovie
Faire de la Pologne un leader européen
Fort de cette expérience et de son réseau, Donald Tusk entend bien faire de la Pologne un acteur incontournable sur la scène européenne. Dès sa victoire aux élections de juin dernier, il a affirmé :
La Pologne devient le leader de l’Europe.
Donald Tusk, au lendemain de sa victoire électorale
Une ambition qu’il compte concrétiser durant la présidence polonaise du Conseil de l’UE. Pendant six mois, Varsovie sera au cœur des discussions entre les Vingt-Sept et pourra peser sur les grandes orientations politiques du bloc.
Rapprocher la Pologne de l’Europe de l’Ouest
Au-delà des enjeux européens, Donald Tusk veut aussi opérer un rapprochement entre la Pologne et les pays d’Europe de l’Ouest. Sous les précédents gouvernements conservateurs, les relations avec Bruxelles s’étaient tendues, notamment sur les questions d’État de droit. Le nouveau Premier ministre compte bien tourner cette page et renouer le dialogue.
Cette volonté de rapprochement passe aussi par un renforcement des liens bilatéraux, en particulier avec l’Allemagne et la France, les deux poids lourds de l’UE. Lors de sa première visite à Berlin en tant que chef du gouvernement polonais, Donald Tusk a plaidé pour « un nouveau chapitre » dans les relations entre les deux pays.
Critiques sur son « tropisme bruxellois »
Mais cette ligne pro-européenne ne fait pas l’unanimité en Pologne. Ses opposants, issus principalement des rangs conservateurs et nationalistes, l’accusent de faire passer les intérêts de Bruxelles avant ceux de son propre pays. Ils dénoncent son « tropisme bruxellois » et craignent une perte de souveraineté nationale.
Donald Tusk balaye ces critiques d’un revers de main. Pour lui, une Pologne forte au sein d’une Europe unie est la meilleure garantie pour défendre les intérêts polonais. Il mise sur son expérience et son influence à Bruxelles pour faire avancer les dossiers prioritaires de Varsovie, comme la sécurité énergétique ou la politique migratoire.
Les défis de la présidence polonaise
La présidence du Conseil de l’UE sera un test grandeur nature pour Donald Tusk et sa vision de l’Europe. Pendant six mois, il devra naviguer entre les différentes sensibilités des États membres et trouver des compromis sur des sujets souvent clivants.
Parmi les dossiers chauds qui attendent la présidence polonaise, on peut citer :
- La réforme du pacte de stabilité et de croissance
- La mise en œuvre du plan de relance européen post-Covid
- Les négociations sur le nouveau budget pluriannuel de l’UE
- La gestion des flux migratoires aux frontières extérieures
- La politique européenne de défense et de sécurité
Autant de sujets complexes et potentiellement conflictuels sur lesquels Donald Tusk devra démontrer ses talents de négociateur et de rassembleur. S’il réussit son pari, il pourrait s’imposer comme l’un des dirigeants européens les plus influents de sa génération.
Une dynamique européenne relancée ?
Au-delà de la Pologne, c’est toute la dynamique européenne qui pourrait être relancée par la présidence Tusk. Après des années marquées par les crises et les divisions, de le Brexit aux tensions sur l’État de droit en passant par la pandémie de Covid-19, l’UE a besoin d’un nouveau souffle.
Avec un dirigeant expérimenté et pro-européen à la tête du Conseil, les espoirs sont permis. Beaucoup attendent de Donald Tusk qu’il insuffle un nouvel élan au projet européen et qu’il contribue à restaurer la confiance des citoyens envers les institutions de l’UE.
Mais la tâche s’annonce ardue. Les défis sont nombreux, les intérêts divergents et les résistances tenaces. Il faudra à Donald Tusk tout son savoir-faire politique et sa force de conviction pour faire bouger les lignes et faire avancer l’Europe dans la bonne direction.
Une chose est sûre : avec ce dirigeant polonais mais surtout européen aux commandes, la présidence polonaise du Conseil de l’UE promet d’être animée et riche en rebondissements. Rendez-vous dans six mois pour un premier bilan.
