Imaginez-vous coupé du monde, privé de liberté pour avoir osé exprimer vos pensées. C’est la réalité de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 80 ans, condamné à cinq ans de prison pour ses prises de position critiques envers le pouvoir algérien. Ses filles, Nawal et Sabeha, installées en République tchèque, vivent dans l’angoisse, impuissantes face à l’isolement de leur père. Leur combat pour sa libération, teinté d’espoir et de désespoir, soulève des questions brûlantes sur la liberté d’expression et les droits humains à l’échelle mondiale.
Un Écrivain Réduit au Silence
Boualem Sansal n’est pas un inconnu. Romancier reconnu, il a bâti sa carrière sur des écrits audacieux, dénonçant un système politique qu’il juge oppressif en Algérie. Ses prises de position, notamment sur la question des frontières algéro-marocaines, lui ont valu une condamnation pour atteinte à l’intégrité du territoire. Arrêté en novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, il croupit depuis en prison, isolé, sans contact avec le monde extérieur hormis de rares visites de sa femme.
Son état de santé inquiète. Atteint d’un cancer, il suit un traitement de radiothérapie dans des conditions précaires. Pourtant, son esprit reste indomptable. Comme le souligne une source proche de l’affaire :
« Boualem est un homme de conviction. Même derrière les barreaux, il ne renoncera jamais à ses idées. »
Mais à quel prix ? Ses filles, Nawal (53 ans) et Sabeha (50 ans), n’ont plus de nouvelles directes depuis 2023. Leur dernier échange, un simple courriel, semble aujourd’hui un souvenir lointain.
Le Cri d’Impuissance des Filles de Sansal
Depuis Prague, où elles résident, Nawal et Sabeha tentent de faire entendre leur voix. Lors du salon du livre de la capitale tchèque, elles ont reçu un prix pour la promotion de la liberté d’expression au nom de leur père. Un moment poignant, marqué par des mots lourds de sens :
« Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion. Notre père est l’une d’elles. »
Nawal, fille aînée de Boualem Sansal
Leur désarroi est palpable. « Nous ne savons rien », confie Nawal. Leur père, isolé, serait dans un état mental inconnu. Seule sa femme aurait un accès limité, mais les informations restent rares, relayées par l’ambassade tchèque à Alger sous forme de coupures de presse. Cette opacité renforce leur sentiment d’impuissance.
Les faits en bref :
- Novembre 2024 : Arrestation de Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger.
- Mars 2025 : Condamnation à 5 ans de prison pour atteinte à l’intégrité territoriale.
- État de santé : Cancer, sous traitement de radiothérapie.
- Contact : Aucun échange direct avec ses filles depuis 2023.
Un Combat Diplomatique et Médiatique
Face au silence des autorités algériennes, les filles de Sansal ont multiplié les démarches. Une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, président français, et une autre au président algérien Abdelmadjid Tebboune n’ont reçu aucune réponse. Elles ont également écrit à leur père, sans savoir si leurs mots lui sont parvenus. Ce mutisme institutionnel est un mur contre lequel elles se heurtent.
Pourtant, l’affaire Sansal n’est pas passée inaperçue. En France, des voix s’élèvent pour dénoncer une condamnation jugée inadmissible. L’écrivain Jean-Christophe Rufin, dans une déclaration relayée par les médias, a averti :
« Si Boualem Sansal prend dix ans, c’est le condamner à mort. »
Jean-Christophe Rufin, écrivain
Emmanuel Macron, interrogé sur le sujet, a assuré que le cas de Sansal faisait l’objet d’une « attention particulière » de la part d’Alger. Mais ces mots, bien que rassurants, restent vagues. Entre regain de tensions diplomatiques entre Paris et Alger et la complexité des relations bilatérales彼此
La situation de Sansal n’est pas un cas isolé. Partout dans le monde, des écrivains, journalistes et militants sont réduits au silence pour leurs idées. Selon Reporters sans frontières, plus de 400 journalistes sont emprisonnés en 2024 pour avoir exercé leur métier. Ce chiffre, en hausse constante, témoigne d’une répression croissante de la liberté de la presse et de l’expression.
Pays | Journalistes emprisonnés (2024) |
---|---|
Chine | 117 |
Myanmar | 43 |
Turquie | 34 |
Égypte | 28 |
En Algérie, la situation n’est pas différente. Depuis le mouvement de contestation du Hirak en 2019, les arrestations de dissidents se sont multipliées. Les autorités, critiquées pour leur mainmise sur le pouvoir, utilisent des accusations vagues, comme l’atteinte à la sécurité nationale, pour justifier ces emprisonnements.
Pourquoi Cette Affaire Nous Concerne Tous
L’histoire de Boualem Sansal dépasse le cadre d’un simple fait divers. Elle interroge notre rapport à la liberté et à la justice. Si un écrivain peut être emprisonné pour ses mots, qu’en est-il de notre capacité collective à défendre les valeurs démocratiques ? Cette affaire met en lumière la fragilité des droits humains dans des contextes où le pouvoir cherche à étouffer toute critique.
Pour les filles de Sansal, le combat est aussi personnel que politique. Nées en Algérie, elles ont grandi en Tchécoslovaquie après la séparation de leurs parents. Leur lien avec leur père, bien que distant, reste fort. Leur détermination à le sauver est une leçon de résilience face à l’adversité.
Pourquoi cette affaire résonne :
- Elle rappelle l’importance de la freedom of speech dans nos sociétés.
- Elle met en lumière les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie.
- Elle questionne la responsabilité des gouvernements face aux abus de pouvoir.
Quel Avenir pour Boualem Sansal ?
Alors que Sansal a fait appel de sa condamnation, l’espoir d’une grâce ou d’une réduction de peine subsiste. Mais le temps joue contre lui. À 80 ans, et avec un cancer à combattre, chaque jour en prison est une épreuve. Ses filles, soutenues par une communauté internationale croissante, continuent de plaider sa cause.
Leur message est clair : la liberté d’expression n’est pas négociable. À Prague, Nawal a conclu son discours par une note d’espoir :
« Nous ne cesserons jamais de nous battre pour que notre père puisse à nouveau écrire, parler, et vivre libre. »
Nawal, salon du livre de Prague
Ce combat, bien que centré sur un homme, est universel. Il nous rappelle que les mots, lorsqu’ils dérangent, ont le pouvoir de changer le monde – ou de conduire derrière les barreaux. Reste à savoir si la communauté internationale saura répondre à cet appel.
Comment Agir Face à l’Injustice ?
L’affaire Sansal n’est pas qu’une tragédie familiale ; c’est un appel à l’action. Chacun, à son échelle, peut contribuer à faire avancer la cause de la liberté d’expression. Voici quelques pistes concrètes :
Comment s’engager :
- S’informer : Suivre les rapports d’organisations comme Amnesty International ou Reporters sans frontières.
- Sensibiliser : Partager des articles et témoignages sur les réseaux sociaux pour amplifier la voix des opprimés.
- Soutenir : Contribuer aux campagnes de défense des droits humains.
En parallèle, la pression diplomatique reste cruciale. Les gouvernements, notamment français, doivent maintenir le dialogue avec Alger pour obtenir des avancées. Comme l’a souligné un observateur :
« La liberté de Sansal dépend autant de la mobilisation citoyenne que des négociations entre États. »
Le chemin est long, mais l’histoire montre que la persévérance peut renverser des montagnes. Les filles de Sansal en sont la preuve vivante.
Un Symbole pour l’Avenir
Boualem Sansal n’est pas seulement un écrivain ; il est devenu un symbole. Son combat incarne la lutte de millions de personnes réduites au silence. En soutenant sa cause, nous défendons non seulement un homme, mais une idée : celle d’un monde où les mots ne sont pas des chaînes, mais des ailes.
Alors que ses filles poursuivent leur lutte depuis Prague, une question demeure : combien de temps encore devrons-nous attendre pour que la justice triomphe ? La réponse, en partie, dépend de nous.
« Les mots sont plus puissants que les armes, mais ils peuvent aussi être plus dangereux. »
Boualem Sansal