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Des Centaines de Milliers de Cubains Manifestent Contre l’Embargo Américain

Une marée humaine déferle dans les rues de La Havane, réclamant la fin de l'embargo américain qui étouffe Cuba depuis des décennies. L'ancien président Raul Castro en tête, le peuple cubain fait entendre sa voix. Jusqu'où ira cette mobilisation historique pour faire plier Washington ?

C’est un spectacle saisissant qui s’est déroulé vendredi dernier devant l’ambassade des États-Unis à La Havane. Des centaines de milliers de Cubains, unis et déterminés, ont envahi l’avenue du Malecon pour clamer haut et fort leur rejet de l’embargo américain qui étouffe l’île depuis 1962. Une mobilisation d’une ampleur rare, à un mois du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, synonyme d’un probable durcissement de la politique américaine envers Cuba.

Raul Castro en tête d’une marée humaine

Malgré ses 93 printemps, l’ancien président Raul Castro n’a pas hésité à prendre la tête de l’imposant cortège, aux côtés de l’actuel chef d’État Miguel Diaz-Canel. Un symbole fort, celui d’une nation soudée face à ce qu’elle considère comme une injustice. « Levez le blocus ! » , « Nous ne sommes pas des terroristes, retirez-nous de la liste », scandait la foule compacte, agitant avec ferveur le drapeau cubain.

Miguel Diaz-Canel, qui s’est adressé aux manifestants, a lancé un appel vibrant au gouvernement américain: « Nous défilons pour dire aux États-Unis de laisser le peuple cubain vivre en paix ! ». Un message clair et sans ambiguïté, porté par une mobilisation qui aurait rassemblé, selon les autorités, pas moins de 700 000 personnes.

La fin du blocus, une question de survie

Pour les Cubains, l’embargo n’est pas qu’une question politique ou idéologique. C’est avant tout un étau qui les prive de ressources vitales. « Nous avons besoin que les portes s’ouvrent pour que nous puissions commercer avec tous les pays », témoigne Rogelio Savigne, responsable des transports dans une entreprise d’État. Une aspiration partagée par Faustino Miranda, 85 ans, pour qui « si nous n’avions pas le blocus, les difficultés que nous connaissons ne seraient pas si grandes ».

Car Cuba traverse actuellement sa pire crise économique depuis 30 ans. Pénuries alimentaires, coupures d’électricité chroniques, manque de médicaments… Le quotidien des Cubains est devenu un combat. Une situation aggravée par les 243 mesures de renforcement de l’embargo prises par Donald Trump lors de son précédent mandat, dont la réinscription de l’île sur la liste noire des « pays soutenant le terrorisme ».

Lorsque les transactions financières sont visées et empêchées, le peuple cubain est privé d’aliments, de médicaments, de carburant, de biens, d’approvisionnement et de marchandises essentielles à sa survie.

Miguel Diaz-Canel, président cubain

Vers une inflexion de la politique américaine ?

Si Joe Biden, durant sa présidence, a légèrement assoupli les sanctions et maintenu Cuba sur la liste noire, la perspective d’un nouveau mandat de Donald Trump à partir du 20 janvier prochain fait craindre le pire aux Cubains. La balle est désormais dans le camp de Washington. Cette mobilisation historique sera-t-elle entendue par le futur locataire de la Maison Blanche ?

D’autant que la situation de Cuba devient chaque jour plus critique. « L’année 2024 a été l’une des plus difficiles », souligne Miguel Diaz-Canel, précisant que le pays vit « au jour le jour ». Un constat alarmant qui devrait inciter la communauté internationale à se pencher sérieusement sur le sort de ce petit État insulaire qui ne demande qu’à vivre en paix et tracer sa propre voie.

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