L’ancien président du Salvador Mauricio Funes vient de s’éteindre à l’âge de 65 ans, loin de son pays natal. Celui qui fut le premier président de gauche du Salvador entre 2009 et 2014 avait trouvé refuge au Nicaragua en 2016 pour échapper à la justice salvadorienne qui le poursuivait pour détournement de fonds publics et enrichissement illicite. Une fin de parcours en exil pour cet homme qui a marqué l’histoire récente du Salvador.
Une présidence historique mais controversée
Mauricio Funes avait créé un séisme politique en remportant les élections présidentielles de 2009 sous les couleurs du Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN), un ancien mouvement de guérilla devenu parti politique. Son accession au pouvoir avait mis fin à 20 ans de gouvernance de la droite conservatrice de l’Alliance républicaine nationaliste (Arena).
Durant son mandat, Mauricio Funes avait lancé plusieurs programmes sociaux, notamment pour lutter contre la pauvreté et réduire la violence des gangs qui gangrenait le pays. Mais sa présidence a aussi été entachée par des accusations de corruption. Peu après la fin de son mandat, la justice salvadorienne a ouvert plusieurs enquêtes, soupçonnant l’ancien président d’avoir détourné plus de 350 millions de dollars des caisses de l’État.
L’exil au Nicaragua pour fuir les poursuites
Face à la menace d’un procès, Mauricio Funes a fui vers le Nicaragua en 2016, où il a bénéficié de la protection du président Daniel Ortega. Ce dernier lui a d’ailleurs accordé la nationalité nicaraguayenne en 2019, rendant impossible toute extradition vers le Salvador.
Malgré son exil, la justice salvadorienne a continué à instruire les dossiers visant Mauricio Funes. En son absence, il a été condamné à 14 ans de prison en 2022 pour association illicite et blanchiment d’argent, puis à 8 ans supplémentaires en 2023 pour corruption et trafic d’influence.
Une mort qui laisse de nombreuses zones d’ombre
Selon les autorités nicaraguayennes, Mauricio Funes est décédé des suites d’une « grave maladie chronique ». Une disparition soudaine qui laisse en suspens les multiples poursuites judiciaires à son encontre au Salvador. De source proche de l’ancien président citée par la presse locale, Mauricio Funes souffrait de problèmes cardiaques et avait subi une opération du cœur en 2021.
Sa mort en exil laisse un goût amer au Salvador, où beaucoup espéraient que l’ancien président serait un jour amené à répondre de ses actes devant la justice. Mais elle soulève aussi des interrogations quant à l’étendue réelle des faits qui lui sont reprochés et aux réseaux qui lui ont permis de se soustraire à ses juges pendant plusieurs années.
Quel héritage pour Mauricio Funes ?
Au-delà des zones d’ombre, Mauricio Funes laisse l’image d’un président qui a marqué une rupture dans l’histoire politique du Salvador, en portant la gauche au pouvoir pour la première fois. Son bilan reste cependant controversé, entre avancées sociales et soupçons de malversations à grande échelle.
Sa disparition marque la fin d’un long chemin d’exil pour celui qui a dirigé le Salvador pendant 5 ans avant de fuir son pays et ses juges. Elle soulève aussi des interrogations sur le rôle trouble du Nicaragua, devenu une terre d’asile pour plusieurs ex-dirigeants latino-américains poursuivis pour corruption.
L’histoire retiendra de Mauricio Funes celle d’un président qui a ouvert une nouvelle page dans la vie politique du Salvador, mais dont l’héritage reste entaché par les graves accusations portées contre lui. Sa mort en exil laisse de nombreuses questions sans réponses et des zones d’ombre sur les dérives de son mandat à la tête du pays.