Le géant français de l’équipement sportif Decathlon se retrouve sous le feu des projecteurs après l’annonce d’un versement record de dividendes à son actionnaire principal, l’Association Familiale Mulliez (AFM). Ce reversement d’un milliard d’euros au titre de l’exercice 2024 intervient dans un contexte économique et social tendu, suscitant l’incompréhension des représentants syndicaux.
Un montant record qui provoque l’émoi
Selon des sources proches de la direction, cette somme colossale proviendrait des réserves accumulées au fil des années par l’entreprise. Elle sera distribuée à l’ensemble des actionnaires, dont les plus de 60 000 collaborateurs de Decathlon, mais c’est bien l’AFM, holding de la famille Mulliez qui possède de nombreuses enseignes de distribution, qui en sera la principale bénéficiaire.
Les syndicats CFTC et CFDT ont vivement réagi, dénonçant ce choix alors que des négociations sur les salaires, les conditions de travail des seniors et la mutuelle sont en cours. Ils pointent du doigt le contraste entre ces dividendes records et les efforts demandés aux salariés.
L’ombre du plan social chez Auchan
Cette annonce est d’autant plus mal perçue qu’une autre enseigne du groupe Mulliez, Auchan, vient de dévoiler un vaste plan de restructuration menaçant près de 2400 emplois. La CFDT a appelé à des reclassements au sein des différentes sociétés de l’AFM, une demande pour l’instant restée sans réponse.
Pas d’argent pour les négociations seniors, la mutuelle ou les NAO, mais dans le même temps, les actionnaires familiaux ponctionnent un milliard d’euros de dividendes.
– La CFTC Decathlon
Un groupe discret aux multiples enseignes
L’Association Familiale Mulliez, bien que très discrète, est un acteur majeur de la distribution en France. Outre Decathlon et Auchan, elle contrôle de nombreuses enseignes comme Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger ou encore Norauto. Un véritable empire commercial aux ramifications multiples.
Face à la polémique naissante, l’AFM n’a pas souhaité commenter ces informations. Mais la CFDT ne compte pas en rester là et a interpellé les parlementaires pour la création d’une commission d’enquête sur l’utilisation des fonds publics par les différentes sociétés de la galaxie Mulliez.
Un modèle qui interroge
Au-delà du cas Decathlon, c’est tout le modèle de l’actionnariat familial et de la gouvernance des grands groupes de distribution qui est questionné. La répartition de la valeur créée entre actionnaires et salariés est au cœur du débat, dans un contexte où les Plans de Sauvegarde de l’Emploi se multiplient dans le secteur.
Reste à savoir si cette polémique aura des répercussions sur l’image de Decathlon auprès des consommateurs. Le leader français du sport, connu pour ses produits accessibles et sa stratégie omnicanale performante, pourrait voir sa réputation écornée par cette affaire. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’enseigne nordiste et plus globalement pour la galaxie Mulliez, sous l’œil attentif des syndicats et de l’opinion publique.