Brigitte Macron, Première dame de France, a décidé de prendre les devants face au cyberharcèlement sexiste dont elle est la cible. Selon des informations obtenues par une source proche du dossier, l’épouse du président Emmanuel Macron a déposé une plainte le 27 août dernier pour dénoncer les attaques malveillantes qu’elle subit sur les réseaux sociaux.
Cette plainte vise spécifiquement « de nombreux propos portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge avec son conjoint selon un angle l’assimilant à la pédophilie », a précisé le parquet de Paris. Le cyberharcèlement étant un délit passible de deux ans d’emprisonnement, quatre hommes ont été interpellés et devront comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 10 juillet 2025.
Un publicitaire complotiste dans le viseur
Parmi les personnes mises en cause figure Aurélien Poirson-Atlan, un publicitaire connu sous le pseudonyme « Zoé Sagan » sur les réseaux sociaux. Suivi par une communauté importante, il est régulièrement présenté comme proche des mouvances complotistes et a déjà fait l’objet de plusieurs plaintes par le passé.
Son avocat, Juan Branco, a vivement réagi à l’arrestation de son client, dénonçant dans un message à l’AFP « le téléguidage politique désormais évident » du parquet de Paris dans cette affaire. Trois autres individus ont également été interpellés mardi et seront jugés aux côtés d’Aurélien Poirson-Atlan.
Une infox transphobe et complotiste au cœur des messages
L’un des messages au cœur de ce procès pour cyberharcèlement concerne une fausse information qui revient de manière récurrente sur les réseaux sociaux depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Selon cette théorie complotiste, Brigitte Macron, née Trogneux, n’aurait en réalité jamais existé.
Les internautes propageant cette infox affirment que c’est en fait son frère Jean-Michel qui aurait pris cette identité après avoir changé de sexe. Une théorie transphobe totalement farfelue mais qui s’est largement répandue, au point de devenir virale à l’international, notamment dans les sphères d’extrême-droite américaines en pleine campagne présidentielle.
Deux femmes déjà condamnées pour diffamation
Ce n’est pas la première fois que la justice est saisie au sujet de cette fausse information sur la Première dame. En septembre dernier, deux femmes ayant participé à un entretien YouTube relayant ce « mensonge d’État » avaient déjà été condamnées à Paris pour diffamation.
C’est suite à cette interview devenue virale que l’infox sur la prétendue identité de Brigitte Macron avait pris une ampleur sans précédent, s’exportant même hors des frontières françaises. Un phénomène inquiétant qui témoigne de la rapidité avec laquelle les théories complotistes même les plus absurdes peuvent se propager sur Internet.
Le sexisme, un « fléau » pour les femmes politiques
Au-delà du caractère complotiste des messages visant Brigitte Macron, c’est bien la dimension sexiste et genrée des attaques subies qui est au cœur de sa plainte pour cyberharcèlement. Car comme de nombreuses femmes engagées en politique, la Première dame est régulièrement la cible de commentaires dégradants et d’insultes spécifiquement liées à son genre et sa sexualité.
« Le sexisme est un fléau pour de nombreuses femmes dans le milieu politique. Il est temps que les mentalités évoluent et que ces agissements soient sanctionnés. »
— Marlène Schiappa, ex-Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes
Un constat partagé par de nombreuses associations féministes qui dénoncent le harcèlement sexiste dont sont victimes les femmes dans l’espace public, et plus particulièrement celles qui occupent des fonctions politiques ou médiatiques. Avec sa plainte, Brigitte Macron entend ainsi porter ce combat sur le terrain judiciaire.
La délicate question de la liberté d’expression
Reste que dans ce type d’affaires, c’est souvent la question de la liberté d’expression qui est mise en avant par les défenseurs des personnes poursuivies. Jusqu’où peut-on aller dans la critique des personnalités publiques sur les réseaux sociaux sans tomber dans le harcèlement ou la diffamation ?
Un équilibre délicat à trouver pour la justice, qui devra déterminer si les propos tenus à l’encontre de Brigitte Macron dépassent les limites de la liberté d’expression et relèvent effectivement du cyberharcèlement. Le procès prévu le 10 juillet prochain sera donc suivi avec attention et pourrait faire jurisprudence en la matière.
Un signal fort contre le cyberharcèlement
En portant plainte, Brigitte Macron entend en tout cas adresser un message clair : le cyberharcèlement sexiste ne doit plus être toléré, quel que soit le statut de la victime. Une prise de position courageuse saluée par de nombreuses personnalités politiques et associations.
« En portant plainte pour cyberharcèlement, Brigitte Macron envoie un signal fort. Aucune femme ne devrait avoir à subir ce type d’attaques sexistes et dégradantes, qu’elle soit Première dame ou non. »
— Une membre d’une association féministe
Reste à savoir si cette action en justice permettra effectivement de faire reculer le fléau du cyberharcèlement sexiste. Une chose est sûre, le procès de juillet prochain ne manquera pas de relancer le débat sur la place des femmes dans l’espace public et la nécessité de mieux les protéger face aux attaques liées à leur genre.