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Crise politique en Bolivie : un axe routier stratégique débloqué

La Bolivie est secouée par une crise politique opposant les partisans de l'ex-président Morales au gouvernement actuel. Malgré le déblocage d'un axe clé, les tensions persistent dans le pays. Morales a entamé une grève de la faim pour faire pression...

La Bolivie traverse actuellement une période de fortes turbulences politiques. Les forces de l’ordre sont parvenues lundi à dégager un axe routier stratégique dans le département de Santa Cruz, le plus prospère du pays, qui était bloqué depuis le 14 octobre par les partisans de l’ancien président Evo Morales. Ces derniers réclament avec véhémence la démission du chef de l’État en exercice, Luis Arce, qu’ils jugent responsable de la crise économique dans laquelle s’enlise le pays depuis un an.

Un axe routier crucial libéré, mais les tensions persistent

Grâce à une opération conjointe de la police et de l’armée, la route reliant Santa Cruz à Mairana a pu être rouverte à la circulation. Cette artère est vitale pour l’acheminement de la production agricole et industrielle de Santa Cruz, capitale économique de la Bolivie, vers les ports du Pacifique. Au moins dix personnes ont été arrêtées lors de l’intervention, mais aucun blessé n’est à déplorer, selon le ministre de l’Intérieur Eduardo del Castillo.

Malgré cette avancée, la situation reste tendue dans le pays. Sur les 24 barrages routiers recensés au plus fort de la crise, 15 étaient toujours en place lundi, principalement dans le département de Cochabamba, fief politique d’Evo Morales. Vendredi, les forces de sécurité avaient déjà réussi à débloquer un autre axe névralgique reliant Cochabamba à La Paz, au niveau de la ville de Parotani.

L’ombre d’Evo Morales plane sur la crise

Les partisans de l’ex-président Evo Morales, qui a dirigé la Bolivie de 2006 à 2019, sont à l’origine de ce mouvement de contestation. Tout a commencé lorsqu’ils ont entrepris de bloquer les routes pour dénoncer ce qu’ils estiment être une « persécution judiciaire » à l’encontre de leur leader, visé par une enquête pour une accusation de viol sur une adolescente de 15 ans.

Mais leurs revendications se sont rapidement élargies. Ils exigent désormais aussi le départ du président Luis Arce, ancien allié de Morales arrivé au pouvoir en novembre 2020. Les deux hommes se disputent aujourd’hui le contrôle de la gauche bolivienne et l’investiture pour la présidentielle de 2025, à laquelle Morales, 65 ans, compte se présenter malgré une décision de justice le disqualifiant.

Une grève de la faim pour faire pression

Afin de peser dans le rapport de force avec le gouvernement, Evo Morales a annoncé vendredi se lancer dans une grève de la faim. Il espère ainsi contraindre l’exécutif à ouvrir un dialogue avec ses partisans. Une initiative qui illustre la détermination de l’ancien président à revenir aux affaires, et ce par tous les moyens.

Luis Arce, lui, semble pour l’heure inflexible. Tout en assurant que « les portes du dialogue sont toujours ouvertes », il a fermement condamné les blocages, estimant qu’ils portaient préjudice à l’économie et à la population. Le bras de fer entre les deux camps paraît parti pour durer, au risque de plonger la Bolivie dans une crise politique et sociale majeure.

Un lourd bilan humain

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait de nombreuses victimes depuis le début du mouvement le 14 octobre. Selon un bilan officiel communiqué dimanche, on dénombre 127 blessés, dont 92 policiers. Par ailleurs, 154 personnes ont été arrêtées dans le cadre de ces troubles.

Cette crise met en lumière les profondes divisions qui traversent la société bolivienne. Elle révèle aussi la fragilité des institutions démocratiques dans ce pays andin, qui peine à trouver la stabilité depuis le départ forcé d’Evo Morales en 2019 sur fond d’accusations de fraude électorale. La Bolivie se retrouve une nouvelle fois au bord du précipice, et seul un compromis entre les différentes forces politiques semble en mesure d’éviter le pire. Mais avec des positions aussi antagonistes et des rancœurs tenaces de part et d’autre, le chemin du dialogue s’annonce semé d’embûches. L’avenir du pays et de sa démocratie est plus que jamais en jeu.

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