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Corée du Sud : Le Président Yoon Menacé d’Arrestation Suite à une Crise Politique

Séisme politique en Corée du Sud : le président Yoon Suk Yeol menacé d'arrestation après sa tentative avortée d'imposer la loi martiale. Le pays plonge dans une crise institutionnelle inédite. Retour sur ce coup de force qui pourrait coûter son fauteuil au dirigeant conservateur et ébranler la démocratie sud-coréenne...

Un vent de crise souffle sur la Corée du Sud. Son président Yoon Suk Yeol est au cœur d’une tempête politique depuis sa tentative avortée d’imposer la loi martiale début décembre. Menacé d’un mandat d’arrêt et d’une destitution, cet épisode marque un tournant pour le dirigeant conservateur, après à peine 8 mois au pouvoir. Au-delà d’un simple scandale présidentiel, c’est tout le pays qui est ébranlé par cette affaire sans précédent.

Le Président Pris en Étau

Lundi, selon des sources proches de l’enquête, les services d’investigation ont demandé à un tribunal de Séoul d’émettre un mandat d’arrêt contre Yoon Suk Yeol. En cause : sa tentative « de rébellion » le 3 décembre dernier, lorsqu’il avait brièvement instauré la loi martiale et déployé l’armée autour du Parlement, avant de reculer face à la pression de l’opposition. Un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud.

Déjà suspendu de ses fonctions depuis le 14 décembre et interdit de quitter le territoire, le chef de l’État fait désormais face à la menace d’une destitution. Un vote crucial du Parlement doit avoir lieu samedi pour statuer sur son sort. La Cour constitutionnelle aura ensuite 6 mois pour confirmer ou infirmer la décision des députés.

Yoon Joue l’Obstruction

Visiblement peu enclin à se soumettre aux investigations, le président sud-coréen a déjà refusé par trois fois de se présenter aux interrogatoires des enquêteurs. Il se montrerait également peu coopératif avec la Cour constitutionnelle, refusant d’accuser réception des convocations pour son procès en destitution.

Une attitude qui tranche avec ses promesses de campagne. Élu en mai 2022 sur un programme anti-corruption, Yoon Suk Yeol avait fait de la « transparence et de l’exemplarité » son crédo. Ses détracteurs y voient aujourd’hui une preuve supplémentaire de son hypocrisie.

Un Pays en Ébullition

En attendant le dénouement de l’affaire, l’instabilité politique paralyse le pays. Vendredi, dans un nouvel épisode rocambolesque, le président par intérim Han Duck-soo a lui aussi été destitué par les députés. On lui reproche d’avoir tenté d’entraver l’enquête sur son ex-patron.

Un climat explosif que redoute le nouveau chef de l’État par intérim, le ministre des Finances Choi Sang-mok. Ce dernier a promis de « mettre un terme à la crise gouvernementale », inédite pour ce géant asiatique, 10e puissance économique mondiale.

Un Présidents aux Abois

Quelle que soit l’issue du vote de samedi, l’avenir politique s’annonce sombre pour Yoon Suk Yeol, dont la cote de popularité a chuté à 36%. Depuis son arrivée au pouvoir, le président aura été empêtré dans les scandales, entre trafic d’influence, corruption et désormais tentative de coup d’État.

De quoi rejoindre la longue liste des dirigeants sud-coréens aux destins tragiques. Pas moins de 7 d’entre eux ont connu des fins de mandat houleuses, entre prison, exil ou suicide. Un sombre record pour cette jeune démocratie, où la soif de pouvoir semble parfois faire oublier les idéaux des dirigeants.

L’Opposition en Embuscade

De son côté, le camp progressiste, vainqueur des législatives de 2020, se frotte déjà les mains à l’idée de conquérir la présidence. D’ici un an et demi, fin 2023, aura lieu la prochaine élection présidentielle, où les démocrates partent favoris face à une droite fragilisée par le scandale Yoon.

« Nous reviendrons manifester jusqu’à ce qu’il soit dehors ! » clamait ce week-end un militant de gauche, lors d’un rassemblement géant à Séoul.

Reste à savoir si le pays parviendra à surmonter cette crise institutionnelle majeure, la pire depuis la démocratisation du pays en 1987 suite à des décennies de dictature militaire. Une chose est sûre : le chaos politique actuel aura des répercussions durables sur la société sud-coréenne, plus que jamais polarisée.

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