Le chaos politique s’est emparé de la Corée du Sud. Pour la première fois dans l’histoire de cette jeune démocratie, un mandat d’arrêt a été émis contre un président en exercice. Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions après un vote de destitution à l’Assemblée nationale, est désormais sous le coup de la justice pour sa tentative avortée d’imposer la loi martiale début décembre.
Un coup de force qui sidère le pays
Le 3 décembre dernier, le président Yoon avait sidéré la nation en proclamant soudainement la loi martiale et en envoyant l’armée museler le Parlement. Un acte désespéré face à une opposition majoritaire qu’il accusait de « bloquer le pays » et de comploter avec la Corée du Nord. Mais devant la fronde des députés et les manifestations massives, il avait dû reculer et abroger son décret avant l’aube.
Cet épisode surréaliste n’est pas resté sans conséquences. Dès le lendemain, une enquête pour « rébellion » était ouverte contre le chef de l’État, un crime passible de la peine capitale. Et le 14 décembre, l’Assemblée votait sa destitution dans un climat de tensions extrêmes.
La justice frappe, le président se dérobe
Depuis, Yoon Suk Yeol joue au chat et à la souris avec les enquêteurs. Convoqué à trois reprises pour s’expliquer sur sa tentative de putsch, il a systématiquement fait faux bond, se retranchant dans sa résidence officielle. Ce qui a conduit le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités à sortir l’artillerie lourde ce 30 décembre, en émettant un mandat d’arrêt à son encontre.
Une mesure d’une gravité sans précédent, que les avocats de l’ex-procureur de 64 ans dénoncent comme « illégale et invalide ». Reste à savoir si les autorités parviendront à se saisir de lui, ses gardes du corps ayant déjà fait obstruction à plusieurs perquisitions. La Cour constitutionnelle doit encore statuer sur sa destitution d’ici juin.
Le pays en plein désarroi
Cette crise sans fin plonge la 10e puissance économique mondiale dans un profond désarroi. Destitué lui aussi vendredi, le président par intérim Han Duck-soo a déjà cédé sa place au ministre des Finances. Ce dernier a dû gérer dans la foulée le pire crash aérien survenu dans le pays, qui a fait 179 morts dimanche à Muan.
Dans les rues de Séoul, des centaines de manifestants pro et anti-Yoon s’invectivent, faisant craindre des débordements. Certains réclament de nouvelles élections, d’autres crient au « coup d’État parlementaire ». Au milieu de ce maelström, une certitude : la démocratie sud-coréenne traverse une de ses plus graves crises depuis son avènement il y a 35 ans.
Des présidents maudits
L’histoire semble bégayer pour ce pays habitué aux soubresauts politiques. Depuis le premier président Syngman Rhee élu en 1948, pas moins de sept chefs d’État sud-coréens ont connu une fin de mandat chaotique. Destitutions, démissions forcées, condamnations posthumes… La malédiction présidentielle a encore frappé.
- Syngman Rhee (1948-1960) : forcé à l’exil après des manifestations massives.
- Park Chung-hee (1963-1979) : assassiné par son chef des services secrets.
- Chun Doo-hwan (1980-1988) : condamné à mort pour corruption après son mandat (peine commuée).
- Roh Tae-woo (1988-1993) : emprisonné pour corruption et mutinerie après sa présidence.
- Kim Young-sam (1993-1998) : son fils et plusieurs proches emprisonnés pour corruption.
- Roh Moo-hyun (2003-2008) : s’est suicidé un an après son départ, sur fond de scandale.
- Park Geun-hye (2013-2017) : destituée et emprisonnée pour corruption et abus de pouvoir.
La démocratie sud-coréenne paie encore le prix de décennies d’autoritarisme et de liens incestueux entre pouvoirs politique et économique.
D’après un politologue interrogé par l’AFP
Yoon Suk Yeol, élu en mars 2022 en promettant de « rétablir l’ordre », entrera-t-il dans ce panthéon maudit ? Seul le temps nous le dira. Mais une chose est sûre : son passage aura ébranlé un peu plus cette démocratie à l’équilibre précaire, toujours hantée par les vieux démons de la division et du pouvoir personnel.
Depuis, Yoon Suk Yeol joue au chat et à la souris avec les enquêteurs. Convoqué à trois reprises pour s’expliquer sur sa tentative de putsch, il a systématiquement fait faux bond, se retranchant dans sa résidence officielle. Ce qui a conduit le Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités à sortir l’artillerie lourde ce 30 décembre, en émettant un mandat d’arrêt à son encontre.
Une mesure d’une gravité sans précédent, que les avocats de l’ex-procureur de 64 ans dénoncent comme « illégale et invalide ». Reste à savoir si les autorités parviendront à se saisir de lui, ses gardes du corps ayant déjà fait obstruction à plusieurs perquisitions. La Cour constitutionnelle doit encore statuer sur sa destitution d’ici juin.
Le pays en plein désarroi
Cette crise sans fin plonge la 10e puissance économique mondiale dans un profond désarroi. Destitué lui aussi vendredi, le président par intérim Han Duck-soo a déjà cédé sa place au ministre des Finances. Ce dernier a dû gérer dans la foulée le pire crash aérien survenu dans le pays, qui a fait 179 morts dimanche à Muan.
Dans les rues de Séoul, des centaines de manifestants pro et anti-Yoon s’invectivent, faisant craindre des débordements. Certains réclament de nouvelles élections, d’autres crient au « coup d’État parlementaire ». Au milieu de ce maelström, une certitude : la démocratie sud-coréenne traverse une de ses plus graves crises depuis son avènement il y a 35 ans.
Des présidents maudits
L’histoire semble bégayer pour ce pays habitué aux soubresauts politiques. Depuis le premier président Syngman Rhee élu en 1948, pas moins de sept chefs d’État sud-coréens ont connu une fin de mandat chaotique. Destitutions, démissions forcées, condamnations posthumes… La malédiction présidentielle a encore frappé.
- Syngman Rhee (1948-1960) : forcé à l’exil après des manifestations massives.
- Park Chung-hee (1963-1979) : assassiné par son chef des services secrets.
- Chun Doo-hwan (1980-1988) : condamné à mort pour corruption après son mandat (peine commuée).
- Roh Tae-woo (1988-1993) : emprisonné pour corruption et mutinerie après sa présidence.
- Kim Young-sam (1993-1998) : son fils et plusieurs proches emprisonnés pour corruption.
- Roh Moo-hyun (2003-2008) : s’est suicidé un an après son départ, sur fond de scandale.
- Park Geun-hye (2013-2017) : destituée et emprisonnée pour corruption et abus de pouvoir.
La démocratie sud-coréenne paie encore le prix de décennies d’autoritarisme et de liens incestueux entre pouvoirs politique et économique.
D’après un politologue interrogé par l’AFP
Yoon Suk Yeol, élu en mars 2022 en promettant de « rétablir l’ordre », entrera-t-il dans ce panthéon maudit ? Seul le temps nous le dira. Mais une chose est sûre : son passage aura ébranlé un peu plus cette démocratie à l’équilibre précaire, toujours hantée par les vieux démons de la division et du pouvoir personnel.