À l’heure où le gouvernement s’apprête à présenter son budget 2025, qui s’annonce comme un exercice délicat, le Rassemblement National (RN) affirme détenir la recette pour assainir les finances publiques. Selon Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme et président délégué de son groupe à l’Assemblée, le contre-budget préparé par son parti permettrait de dégager pas moins de 15 milliards d’euros d’économies nouvelles. Une bouffée d’oxygène salutaire pour les caisses de l’État ? Décryptage.
Un contre-budget en rupture avec la ligne gouvernementale ?
Le RN se présente comme le parti de « la vraie rupture » avec cinquante ans de laxisme budgétaire. Jean-Philippe Tanguy dénonce des dépenses publiques qui « augmentent plus vite que l’inflation », malgré une pression fiscale record. Le gouvernement, malgré ses promesses, sacrifierait les investissements et s’apprêterait à alourdir encore la fiscalité.
Face à cela, le contre-budget RN se veut volontariste. Il s’articulerait autour de deux axes :
- Des coupes nettes dans les dépenses jugées non prioritaires
- Un rééquilibrage de la fiscalité au profit des classes moyennes et populaires
Mais concrètement, où le RN compte-t-il trouver ces milliards d’économies ? D’après une source proche du dossier, le parti viserait notamment :
Les niches fiscales dans le collimateur
Le RN propose de raboter drastiquement certaines niches fiscales jugées inefficaces et injustes. Sur les quelque 500 dispositifs existants, plusieurs dizaines pourraient être supprimées ou réduites. De quoi récupérer près de 9 milliards d’euros selon les premières estimations. Les principaux perdants seraient les entreprises et les ménages les plus aisés.
La fraude sociale et fiscale traquée
Autre gisement d’économies identifié : la lutte contre les fraudes aux prestations sociales et à l’impôt. En durcissant les contrôles et les sanctions, le RN table sur un gain de 3 à 4 milliards d’euros par an. Cela passerait entre autres par un recoupement plus systématique des fichiers administratifs pour repérer les situations abusives.
Immigration et aide au développement revues à la baisse
Sans surprise, le RN entend aussi faire des économies sur les politiques migratoires et de coopération internationale. En réduisant drastiquement l’accueil des demandeurs d’asile et l’aide aux pays en développement, il vise 1 à 2 milliards d’euros d’économies annuelles. Une perspective qui suscite déjà de vives critiques à gauche.
Des propositions qui divisent jusqu’au sein de la majorité
Si une partie des idées avancées par le RN rejoignent les positions d’une frange de la droite, elles sont loin de faire l’unanimité, y compris au sein du groupe « socle commun ». Pour certains élus, ces mesures seraient inefficaces et socialement injustes.
Les économies du RN se feraient sur le dos des plus faibles. C’est de la démagogie pure.
– Un député de la majorité sous couvert d’anonymat
Reste à savoir quelle sera la réponse du gouvernement. Si le ministre de l’Économie Antoine Armand s’est montré à l’écoute, il n’a pour l’heure pris aucun engagement. Les arbitrages sont attendus dans les prochains jours et s’annoncent disputés. L’examen du budget 2025 sera aussi un test pour la solidité de la nouvelle majorité. En cas de désaccord persistant, Jean-Philippe Tanguy brandit déjà la menace d’une motion de censure.