Au cœur de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), une question hante les esprits : la paix est-elle encore envisageable ? Ce dimanche, les habitants de Walikale, une ville récemment tombée aux mains du groupe armé M23, ont rapporté une présence persistante des combattants, malgré une annonce de retrait la veille. Pendant ce temps, à une poignée de kilomètres de là, des affrontements secouent Nyangezi, dans le Sud-Kivu, opposant ce même groupe à des milices locales. Plongée dans une crise complexe où promesses de dialogue et réalité du terrain s’entrechoquent.
Une Situation Tendue dans l’Est de la RDC
La région orientale de la RDC reste un théâtre d’instabilité chronique. Walikale, située dans la province du Nord-Kivu, est sous le contrôle du M23 depuis peu. Ce groupe, apparu en 2012, a surpris en s’aventurant aussi loin vers l’ouest, une première dans son histoire. Pourtant, samedi, un communiqué laissait entendre un possible apaisement : un repositionnement des forces pour ouvrir la voie à des négociations. Mais dimanche, les témoignages sur place contredisent cette intention.
Walikale : entre Calme Apparent et Méfiance
À Walikale, la journée de dimanche s’est déroulée sans bombardements, une accalmie notable après les frappes aériennes des jours précédents. « Ils sont toujours là », confie un habitant à une source proche, évoquant les combattants du M23. Une source médicale locale corrobore : aucun signe de départ n’est visible. Cette stagnation intrigue, d’autant que le groupe avait conditionné son retrait à l’absence de toute offensive de l’armée congolaise.
La situation est calme, mais nous restons vigilants.
– Un militaire des FARDC
À une vingtaine de kilomètres au nord-ouest, les forces armées congolaises (FARDC) observent, prêtes à réagir. Leur position ? Une retenue stratégique, mais pas naïve. Le doute persiste : le M23 joue-t-il un double jeu ?
Sud-Kivu : Nyangezi sous Tension
Si Walikale retient son souffle, Nyangezi, dans le Sud-Kivu, suffoque sous les combats. À une vingtaine de kilomètres de Bukavu, chef-lieu tenu par le M23 depuis mi-février, des affrontements opposent le groupe aux miliciens Wazalendo, dits « patriotes ». « Nous sommes cloîtrés chez nous », raconte un résident, décrivant une situation chaotique où les violences ont repris après une brève pause. Un acteur local ajoute : « Personne n’ose sortir, c’est la peur qui domine. »
- Reprise des hostilités : Les combats ont éclaté dès dimanche matin.
- Impact immédiat : Les habitants vivent dans l’angoisse, enfermés.
- Contexte : Le M23 consolide sa présence dans la région depuis des semaines.
Cette escalade contraste avec les espoirs de désescalade nés des déclarations récentes. Mais dans cette partie de la RDC, les promesses de paix semblent fragiles comme du verre.
Un Dialogue en Suspens
Le M23 avait justifié son annonce de retrait par une volonté de favoriser le dialogue avec Kinshasa. Une intention saluée par certains, mais accueillie avec scepticisme par d’autres. Les FARDC, de leur côté, ont promis de surveiller ce supposé repositionnement tout en évitant les offensives. « Nous verrons s’ils tiennent parole », a déclaré une haute responsable congolaise, citée par des sources proches. Pourtant, les discussions prévues à Luanda le 18 mars ont été annulées, laissant un vide diplomatique.
À Doha, une rencontre surprise entre les présidents congolais et rwandais a ravivé l’espoir d’un cessez-le-feu. Mais sur le terrain, les armes parlent encore. Walikale est tombée le lendemain, illustrant une fois de plus la difficulté à concilier paroles et actes.
Le Rôle du Rwanda et les Enjeux Régionaux
Le Rwanda, souvent pointé du doigt pour son soutien au M23, a réagi positivement aux annonces de désescalade. Selon des experts, environ 4 000 soldats rwandais appuieraient le groupe dans l’est de la RDC. Une implication qui complique les efforts de paix, mais que Kigali justifie par des impératifs sécuritaires. « Nous voulons une solution durable », a affirmé un porte-parole rwandais, relayé par des observateurs.
| Acteur | Rôle | Position |
| M23 | Groupe armé | Contrôle Walikale, combat à Nyangezi |
| FARDC | Armée nationale | Observe, prête à intervenir |
| Rwanda | Soutien présumé | Promeut le dialogue |
Cette triangulation des forces met en lumière les enjeux régionaux : au-delà du conflit interne, c’est une lutte d’influence qui se joue, avec des répercussions possibles jusqu’à Kisangani, une ville stratégique plus au nord.
Ressources et Stratégie : Walikale au Cœur du Jeu
Walikale n’est pas qu’un point sur la carte. Proche de gisements d’or et de la mine d’étain de Bisie – troisième producteur mondial –, la ville revêt une importance économique majeure. Depuis mi-mars, les opérations y sont à l’arrêt, paralysées par l’insécurité. En s’y implantant, le M23 ne se contente pas d’un gain territorial : il s’approche d’un levier de pouvoir.
Sa position géographique renforce cette hypothèse. À la croisée de routes menant à Goma et Bukavu, Walikale offre un accès stratégique. Vers le nord-ouest, la voie conduit à Kisangani, une métropole convoitée. Un haut gradé ougandais a même prédit sur les réseaux sociaux une avancée imminente dans cette direction. Simple provocation ou menace réelle ?
Une Paix Toujours Hors de Portée
Depuis 2021, une demi-douzaine de trêves ont été proclamées, toutes éphémères. Chaque cessez-le-feu brisé renforce la méfiance. Les habitants, pris entre espoirs déçus et crainte quotidienne, ne savent plus à quoi s’attendre. « On veut juste vivre normalement », souffle une voix anonyme de Nyangezi.
Un cercle vicieux : les combats repoussent la paix, et l’absence de paix alimente les combats.
Face à cette spirale, la communauté internationale appelle à une solution politique. Mais tant que les armes résonnent, le dialogue reste une chimère. La RDC, riche en ressources mais pauvre en stabilité, demeure suspendue à un fil.
Que réserve l’avenir ? À Walikale, Nyangezi et au-delà, les prochains jours seront décisifs. Entre retraits annoncés, combats imprévus et jeux diplomatiques, une chose est sûre : dans l’est congolais, rien n’est jamais joué.
