Chaque jour, en Colombie, un enfant disparaît, emporté par la spirale de la violence. Dans un pays marqué par des décennies de conflit armé, l’enlèvement de deux adolescentes indigènes de l’ethnie Nasa, âgées de 14 et 15 ans, a récemment secoué la communauté internationale. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a lancé un appel urgent au gouvernement colombien pour qu’il agisse rapidement afin de garantir leur libération. Ce drame, loin d’être isolé, met en lumière une crise humanitaire et culturelle qui s’aggrave, particulièrement dans les régions comme le Cauca, où les groupes armés intensifient leurs exactions.
Une crise humanitaire en pleine escalade
La Colombie traverse une période de violence sans précédent depuis une décennie. Malgré l’accord de paix signé en 2016 avec la guérilla des FARC, les groupes armés continuent de semer la terreur, recrutant de force des mineurs pour grossir leurs rangs. Ces groupes, souvent impliqués dans le narcotrafic ou des luttes territoriales, n’hésitent pas à envoyer des enfants au combat, violant les droits humains les plus fondamentaux. Les adolescentes Nasa, enlevées récemment, symbolisent cette tragédie qui touche de plein fouet les communautés indigènes.
Dans ce contexte, l’ONU a exhorté les autorités colombiennes à prendre des mesures immédiates. Selon un communiqué officiel, tout doit être mis en œuvre pour que les deux jeunes filles soient libérées saines et sauves. Mais cette demande dépasse le simple sauvetage : elle inclut une exigence de protection pour la survie physique et culturelle du peuple Nasa, dont l’identité est menacée par ces violences répétées.
Le peuple Nasa au cœur du drame
Les Nasa, l’une des communautés indigènes les plus importantes de Colombie, vivent principalement dans le département du Cauca, une région où les conflits armés sont particulièrement intenses. Ces populations, déjà vulnérables en raison de leur marginalisation, sont devenues des cibles privilégiées pour les groupes armés. Les adolescentes enlevées appartiennent à cette ethnie, et leur sort illustre une réalité tragique : les mineurs indigènes sont souvent recrutés de force ou manipulés pour rejoindre ces milices.
Nous demandons à l’État de garantir que les deux filles soient remises vivantes, et que des mesures soient prises pour protéger la survie culturelle du peuple Nasa.
Communiqué de l’ONU en Colombie
Une commission composée de représentants Nasa a tenté, en vain, de secourir les adolescentes. Après une première libération, les jeunes filles ont été reprises de force par leurs ravisseurs, plongeant leurs familles et leur communauté dans l’angoisse. Cet incident n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une crise qui s’amplifie dans le pays.
L’enrôlement forcé : une violation persistante
Le recrutement forcé d’enfants et d’adolescents est une pratique courante parmi les groupes armés en Colombie. Selon les chiffres officiels, un mineur est enlevé tous les deux jours en moyenne depuis 2016. En 2024, pas moins de 606 cas de recrutements forcés ont été recensés, contre 460 l’année précédente. Ces chiffres, rapportés par la Défenseure des droits colombienne, Iris Marin, témoignent d’une escalade alarmante.
Chiffres clés sur le recrutement forcé en Colombie :
- 606 cas recensés en 2024
- 460 cas en 2023
- 1 mineur enlevé tous les 2 jours depuis 2016
Ces mineurs, souvent issus de communautés rurales ou indigènes, sont attirés par des promesses fallacieuses ou contraints par la violence. Une fois enrôlés, ils sont utilisés comme combattants, messagers ou même comme boucliers humains. Cette pratique, qualifiée de grave violation des droits humains, continue de gangrener le pays, malgré les efforts pour instaurer la paix.
Les défis du gouvernement Petro
À moins d’un an de la fin de son mandat, le président Gustavo Petro, premier dirigeant de gauche de l’histoire colombienne, s’efforce de négocier des accords de paix avec divers groupes armés. Cependant, ces pourparlers peinent à produire des résultats concrets. Les violences dans des régions comme le Cauca, où les communautés indigènes sont particulièrement touchées, continuent de s’intensifier. Le gouvernement fait face à un défi colossal : non seulement il doit démanteler les réseaux armés, mais aussi répondre aux besoins des populations vulnérables, comme les Nasa, qui subissent de plein fouet les conséquences du conflit.
Les initiatives de paix, bien que louables, se heurtent à des obstacles structurels. Les groupes armés, souvent financés par le trafic de drogue, maintiennent leur emprise sur des territoires reculés, où l’État colombien est peu présent. Cette absence d’autorité facilite le recrutement forcé et les abus contre les populations locales.
Une menace pour l’avenir des communautés indigènes
Le sort des adolescentes Nasa n’est pas seulement une tragédie individuelle, mais une menace pour l’ensemble de leur communauté. Les peuples indigènes, qui représentent une richesse culturelle inestimable en Colombie, voient leur mode de vie et leur identité érodés par la violence. L’ONU a insisté sur la nécessité de protéger non seulement la vie des victimes, mais aussi la survie culturelle des Nasa, qui risque de s’effacer sous le poids des conflits.
Les traditions, les langues et les pratiques ancestrales des Nasa sont en danger lorsque leurs jeunes sont arrachés à leurs familles. En perdant leurs enfants, ces communautés perdent aussi une partie de leur avenir. Les efforts pour préserver leur patrimoine culturel doivent donc aller de pair avec des mesures de sécurité renforcées.
Que peut-on attendre pour l’avenir ?
Face à cette crise, plusieurs pistes d’action émergent :
- Renforcer la présence de l’État dans les zones rurales pour contrer l’influence des groupes armés.
- Protéger les communautés indigènes par des programmes spécifiques de sécurité et de développement.
- Poursuivre les responsables des recrutements forcés pour envoyer un signal fort contre l’impunité.
- Soutenir les initiatives communautaires, comme celles des représentants Nasa, pour secourir les victimes.
Ces mesures, bien qu’essentielles, nécessitent une coordination sans faille entre le gouvernement, les organisations internationales et les communautés locales. Sans une action concertée, la Colombie risque de voir s’aggraver une crise qui touche déjà des milliers de familles.
En attendant, les deux adolescentes Nasa restent au cœur des préoccupations. Leur sort incertain rappelle l’urgence d’agir pour protéger les plus vulnérables dans un pays où la paix semble encore hors de portée. La communauté internationale, par la voix de l’ONU, continue de presser les autorités colombiennes pour qu’elles redoublent d’efforts. Mais combien de temps faudra-t-il pour que ces appels se traduisent en actions concrètes ?
La lutte pour la paix en Colombie est loin d’être terminée. Chaque vie sauvée compte, mais le chemin vers la justice reste long.
Ce drame met en lumière une réalité brutale : la Colombie, malgré ses efforts, reste prisonnière d’un cycle de violence qui menace ses populations les plus fragiles. Les adolescentes Nasa, comme des milliers d’autres enfants, méritent un avenir loin des armes et de la peur. Leur libération est une priorité, mais elle ne sera qu’un premier pas vers une paix durable.