La France retient son souffle. Au lendemain de l’utilisation controversée de l’article 49.3 par le Premier ministre Michel Barnier pour faire adopter le budget 2025 de la sécurité sociale, le spectre d’une censure gouvernementale n’a jamais été aussi présent. Un scénario aux airs de déjà-vu qui replonge le pays dans les heures sombres de la crise politique de 1962, lorsque le gouvernement de Georges Pompidou avait été renversé.
Le gouvernement Barnier sur un fil
En engageant la responsabilité de son gouvernement lundi, Michel Barnier a pris un pari risqué. Malgré les gestes d’ouverture envers les oppositions, notamment sur le remboursement des médicaments réclamé par le Rassemblement national, le Premier ministre n’a pas réussi à convaincre. « Nous voterons la censure », a martelé Marine Le Pen, pour qui le locataire de Matignon n’a « pas souhaité répondre à la demande des 11 millions d’électeurs » de son parti.
Nous sommes dans une voie sans issue.
Karl Olive, député Renaissance
Une épée de Damoclès désormais suspendue au-dessus de la tête du gouvernement, qui ne dispose que d’une courte majorité relative à l’Assemblée nationale. Pour faire tomber l’exécutif, 288 députés devront voter les motions de censure déposées par la gauche et le RN. Un nombre largement à la portée d’une alliance de circonstance entre les deux oppositions. « Nous sommes dans une voie sans issue », s’inquiète le député Renaissance Karl Olive.
Vers un saut dans l’inconnu ?
Si le scénario catastrophe d’une chute du gouvernement se confirmait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique née de la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron en juin dernier. Un saut dans l’inconnu à quelques jours de Noël, avec le risque d’une grave crise financière en prime.
- La capacité de la France à emprunter sur les marchés à bas coûts pourrait être remise en cause
- Une volatilité accrue sur les marchés financiers est à prévoir
- La confiance des investisseurs dans l’économie française pourrait s’effriter
Autant de signaux inquiétants qui viendraient plomber la reprise économique et faire planer le spectre d’une récession. Face à ces menaces, tous les yeux sont désormais rivés sur l’Assemblée nationale et son verdict fatidique. La France est suspendue aux lèvres de ses députés, qui s’apprêtent à vivre l’une des séances les plus électriques de la Ve République.
Michel Barnier attendu au tournant
Pour tenter d’enrayer la mécanique infernale, Michel Barnier effectuera une intervention très attendue mardi soir au journal télévisé de TF1 et France 2. L’occasion pour le Premier ministre de marteler ses arguments et d’appeler une dernière fois les députés à la « responsabilité ».
Une opération de la dernière chance qui s’annonce compliquée au vu du jusqu’au-boutisme affiché par les oppositions. La gauche accuse déjà le gouvernement de « passage en force » et le RN dénonce un « déni de démocratie ». Une nouvelle épreuve de vérité pour l’exécutif, dos au mur, qui jouera très gros dans les prochaines heures. En cas de censure, c’est tout l’édifice patiemment bâti par Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Élysée qui menace de s’effondrer. L’avenir du pays n’a jamais paru aussi incertain.