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Bolivie : Changement à la tête de l’armée sur fond de protestations

En pleine crise politique, le président bolivien change l'état-major militaire et exige le retour à l'ordre face aux protestations des partisans de son rival Evo Morales, accusé d'abus sexuels. Les barrages routiers causent pénuries et flambée des prix...

La Bolivie traverse une période de turbulences alors que le président Luis Arce tente de reprendre le contrôle face à une vague de protestations menées par les partisans de son prédécesseur et rival, Evo Morales. Dans un geste fort, Arce a procédé ce week-end à un remaniement à la tête de l’armée, nommant de nouveaux dirigeants militaires avec pour mission de rétablir l’ordre public dans le pays.

Lors de la présentation du nouvel état-major militaire à La Paz, le chef de l’État a martelé que dans le contexte actuel, la société exigeait “de manière impérative” que le gouvernement et les forces armées préservent “les plus hauts intérêts du pays comme la sécurité de l’État et le rétablissement de l’ordre public”. Un message clair adressé aux protestataires qui bloquent les routes du pays depuis deux semaines.

Morales au cœur des tensions

Ces barrages routiers, principalement concentrés dans l’État de Cochabamba, fief politique d’Evo Morales, ont donné lieu à des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Selon un bilan du gouvernement, 14 policiers ont été blessés et 44 civils interpellés depuis le début du mouvement le 14 octobre. Plus d’une vingtaine de points de blocage ont été signalés à travers le pays.

À l’origine de la contestation, des agriculteurs exigent l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre de Morales, premier président indigène de Bolivie entre 2006 et 2019. L’ex-dirigeant est visé par une enquête pour “viol, trafic et traite d’êtres humains” en lien avec une relation qu’il aurait eue avec une mineure de 15 ans. Une affaire qui, selon ses avocats, a déjà été examinée et classée en 2020.

Bataille politique pour 2025

Mais pour Evo Morales, il s’agit d’une “persécution judiciaire” orchestrée par le gouvernement d’Arce, pourtant issu comme lui du Mouvement vers le socialisme (MAS). Les deux hommes sont en effet engagés dans une lutte d’influence au sein du parti pour décrocher l’investiture en vue de la présidentielle de 2025. “Le peuple sain et honnête ne se vend pas, ne se rend pas. Cette lutte va continuer”, a réagi Morales depuis son fief.

Impact économique des blocages

Au-delà de la bataille politique, les barrages routiers ont des conséquences concrètes pour la population bolivienne. Ils ont accentué les pénuries de carburant, entraînant de longues files d’attente dans les stations-service des grandes villes. Les prix des produits de base se sont également envolés sur les marchés en raison des difficultés d’approvisionnement.

Face à cette situation, le président Arce joue donc la carte de la fermeté en s’appuyant sur l’armée. Reste à savoir si ce changement à la tête de l’institution militaire suffira à faire plier les partisans d’Evo Morales, bien décidés à poursuivre leur “lutte” malgré la pression judiciaire et sécuritaire. La Bolivie n’a sans doute pas fini de traverser des zones de turbulences sur fond de rivalité politique exacerbée.

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