Alors que l’humanité fait face à une crise sans précédent de la biodiversité, la 16ème conférence des parties (COP16) sur la convention sur la diversité biologique, qui se tient actuellement à Cali en Colombie, peine à trouver un accord. Au cœur des débats, la question épineuse du financement des mesures de protection de la nature par les pays riches.
Une nature qui se dégrade à vue d’oeil
Pourtant, l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande. Selon les données de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une espèce d’arbre sur trois est aujourd’hui menacée d’extinction. Un constat alarmant, alors même que plus de la moitié de l’économie mondiale dépend directement de la nature, à commencer par l’agriculture.
Face à ce déclin dramatique du vivant, la communauté internationale s’était fixé des objectifs ambitieux lors de la précédente COP sur la biodiversité à Montréal en 2022. L’accord de Kunming-Montréal prévoyait ainsi de placer 30% des terres et des mers sous protection d’ici 2030, de réduire de moitié les risques liés aux pesticides et de mobiliser 200 milliards de dollars par an pour préserver la nature.
Des plans d’action nationaux insuffisants
Mais à mi-parcours, force est de constater que la dynamique est clairement insuffisante. Seuls 39 pays sur les 196 signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB) ont établi un plan national pour appliquer l’accord de Montréal. Et à peine plus de la moitié ont soumis des engagements partiels sur les différents objectifs.
Le temps presse. La survie de la biodiversité de notre planète et notre propre survie sont en jeu.
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU
Le nerf de la guerre : le financement
Au cœur des discussions à Cali, la question cruciale du financement des actions de protection par les pays développés. L’objectif fixé à Montréal était que ces derniers versent 20 milliards de dollars par an d’aide aux pays du Sud d’ici 2025. Mais le chemin est encore long, et les négociations patinent.
Pour les pays en développement, il est indispensable de créer un nouveau fonds multilatéral dédié, placé sous l’égide de la CDB, où tous les pays seraient représentés. “À l’heure actuelle, nous n’avons pas de siège à la table. Nous avons des gens qui prennent des décisions qui affectent nos vies”, déplore Jiwoh Abdulai, ministre de l’environnement de Sierra Leone. Mais les pays riches freinent des quatre fers, estimant que les fonds existants sont suffisants et qu’un nouveau mécanisme n’apporterait pas d’argent frais.
Des enjeux colossaux pour l’avenir
Au-delà de la question des transferts financiers, les discussions achoppent également sur le partage des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources génétiques issues de la biodiversité. Un business qui pèse des centaines de milliards de dollars chaque année pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique, sans que les communautés locales qui préservent cette biodiversité n’en voient la couleur.
À l’approche de la fin théorique de la COP16 ce vendredi 26 mai, les négociations sont donc dans une impasse. Beaucoup redoutent un échec, ou au mieux des avancées a minima, loin du sursaut espéré et nécessaire pour enrayer l’effondrement du vivant. Pourtant, l’enjeu est de taille. Il en va de notre capacité à léguer une planète vivable aux générations futures.